Canada - L’avenir politique de Trudeau en jeu, en ce jour d’élections législatives

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CanadaL’avenir politique de Trudeau en jeu, en ce jour d’élections législatives

Les Canadiens se rendent aux urnes ce lundi, pour élire leur prochain gouvernement. Les sondages ne permettent pas de faire de pronostics nets sur les résultats.

Justin Trudeau a multiplié les interventions, dimanche.

Justin Trudeau a multiplié les interventions, dimanche.

Getty Images via AFP

Un troisième mandat pour le libéral Justin Trudeau ou l’alternance avec le conservateur modéré Erin O’Toole? Appelés aux urnes par anticipation, les Canadiens ont commencé à voter lundi pour des législatives à l’issue incertaine.

Les premiers bureaux de vote ont ouvert à Terre-Neuve-et-Labrador, dans l’est du pays, à 08 h 30 locales (13 h 00 en Suisse). Le Canada s’étalant sur six fuseaux horaires, les derniers électeurs à faire une croix sur un bulletin de vote seront en Colombie-Britannique, province de la côte pacifique, où les bureaux fermeront à 19 h 00 (04 h 00 du matin mardi en Suisse).

Mais les Canadiens n’auront peut-être pas le nom du vainqueur dans la soirée car le scrutin s’annonce très serré et qu’un grand nombre d’électeurs ont choisi le vote par anticipation et par correspondance.

Élections anticipées

La campagne éclair de 36 jours s’est terminée dimanche comme elle a commencé: avec un discours du Premier ministre sortant dans lequel il demande aux Canadiens de lui accorder un nouveau mandat pour diriger le pays et gérer la sortie de la pandémie.

Ce dernier a déclenché des élections anticipées à la mi-août pour tenter de regagner la majorité qu’il avait perdue deux ans plus tôt.

Mais il est d’après les sondages en train de perdre son pari. L’usure du pouvoir se fait sentir, la «Trudeaumanie» de 2015 semble bien loin… il plafonne autour de 31% d’intentions de vote, au même niveau que son principal rival, le conservateur Erin O’Toole, encore inconnu du grand public il y a peu.

«Suspens absolument total»

«C’est difficile d’imaginer plus serrée comme course», explique à l’AFP Félix Mathieu, professeur de politique à l’Université de Winnipeg. Et comme en 2019, ce «suspense absolument total» fait dire aux analystes que «la majorité semble très compliquée à atteindre pour qui que ce soit».

C’est difficile d’imaginer plus serrée comme course.

Félix Mathieu, professeur de politique à l’Université de Winnipeg

Les quelque 27 millions de Canadiens de 18 ans et plus admissibles à voter lundi sont appelés à élire les 338 députés que compte la Chambre des communes. Si aucun des deux grands partis qui alternent au pouvoir depuis 1867 n’est en mesure d’obtenir une majorité des sièges au Parlement, le vainqueur devra composer un gouvernement minoritaire.

Dimanche, Justin Trudeau s’est démultiplié au dernier jour de campagne, faisant des arrêts d’est en ouest du pays. Ces derniers jours, il a appelé les électeurs au vote stratégique, expliquant que le retour des conservateurs au pouvoir serait synonyme de retour en arrière pour le pays, notamment sur la question climatique.

Erin O’Toole, qui était dimanche dans la grande région de Toronto, où il se présente, a promis aux Canadiens d’incarner le renouveau et a fait une campagne résolument au centre.

Petits partis

Si aucun des deux ne parvient à atteindre une majorité, il leur faudra composer avec les plus petits partis pour gouverner à Ottawa. Comme le Nouveau Parti Démocratique (NPD, gauche), de Jagmeet Singh, crédité de près de 20% des intentions de vote. Ou le Bloc québécois, formation indépendantiste dirigée par Yves-François Blanchet, qui a semblé reprendre des couleurs en fin de campagne après une polémique sur la place du Québec au sein de la confédération canadienne.

La question au départ était de savoir si les libéraux méritaient d’avoir un gouvernement majoritaire. Et maintenant, la question est de savoir s’ils méritent de rester au pouvoir.

Daniel Béland, professeur à l’Université McGill

Dernier grand parti en lice, les Verts d’Annamie Paul ont peiné à faire passer leur message d’une urgence climatique, luttant eux-mêmes pour leur survie en raison de problèmes d’unité, d’image et de finances.

Reste à voir si les électeurs iront aux urnes en masse pour cette élection qui les a peu intéressés et qui est organisée au moment où les cas de Covid-19 remontent fortement dans certaines provinces. «La question au départ était de savoir si les libéraux méritaient d’avoir un gouvernement majoritaire. Et maintenant, la question est de savoir s’ils méritent de rester au pouvoir», résume Daniel Béland, professeur à l’Université McGill.

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