PolémiqueAh, ces SUV genevois aux plaques valaisannes!
La gauche genevoise dénonce «l’évasion fiscale» qui se cache derrière l’immatriculation hors canton des véhicules lourds et puissants. À droite, on dénonce une «chasse aux sorcières».
- par
- Eric Felley
Certains propriétaires de SUV et autres grosses cylindrées genevoises sont-ils des fraudeurs? C’est le débat qui agite «La Tribune de Genève» ce mercredi. À gauche, le député socialiste Romain de Saint Marie intitule sa tribune: «Sus au SUV qui fraude le fisc». À droite le député du MCG Sandro Pistis lui réplique: «Non à l’extrémisme antibagnoles». Le décor est planté autour d’une motion déposée au Grand Conseil genevois par le Parti socialiste, intitulée «Stop à l’évasion fiscale des véhicules».
3 millions de manques à gagner
De quelle évasion s’agit-il? Pour le socialiste: «Certains propriétaires de voiture immatriculent celle-ci dans d’autres cantons afin de payer moins d’impôts». Il s’agit majoritairement du Valais, où les taxes sont moins chères qu’à Genève pour des véhicules puissants comme les SUV. Ainsi peut-on voir circuler en ville de Genève de grosses voitures aux plaques valaisannes. Romain de Sainte Marie avance un chiffre entre 2000 et 3000 propriétaires indélicats, qui feraient perdre environ 3 millions de francs au canton de Genève.
Contrôles demandés
Selon lui, ces propriétaires, qui peuvent se payer une résidence secondaire en Valais et le SUV qui va avec, «auraient largement les moyens de payer leurs impôts comme tout le monde». Il reconnaît que c’est un enjeu anecdotique, mais très symbolique: «C’est bien une inégalité et un privilège devant la loi qui est octroyé aux plus fortunés». Il demande que le canton de Genève procède à des contrôles: «Une petite brigade permettrait aisément de lutter contre ces immatriculations abusives et de rapporter une somme non négligeable à la collectivité publique».
Pas d’évasion fiscale
Pour le député du MCG Sandro Pistis, une telle proposition confirme le fait que les socialistes sont des «extrémistes antibagnoles»: «La véritable chasse aux sorcières qui nous est proposée ne serait pas rentable et ferait perdre beaucoup de moyens et d’énergie dont nous avons besoin ailleurs». Il conteste les chiffres avancés par la gauche: «Il serait douteux que l’on atteigne ce niveau». Il conteste également la notion d’évasion fiscale: «La taxation d’une voiture ne peut en aucun cas être assimilée à cette pratique qui est diabolisée à outrance par la gauche».
La motion sera débattue lors de la session du Grand Conseil de Genève des 24 et 25 novembre prochain. La majorité de droite s’y oppose.