Suisse – La provenance des aliments fabriqués à l’étranger devra être plus explicite

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SuisseLa provenance des aliments fabriqués à l’étranger devra être plus explicite

Le Conseil des États a approuvé une motion demandant une désignation claire du pays de provenance pour les denrées confectionnées hors de Suisse. Il en revanche refusé un label pour le pain suisse.

Christine Talos
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Christine Talos
Il est actuellement difficile d’établir l’origine des produits et ingérédients que l’on achète en supermarché.

Il est actuellement difficile d’établir l’origine des produits et ingérédients que l’on achète en supermarché. 

BZ/Tamedia

Les consommateurs suisses pourront plus facilement savoir d’où proviennent les produits qu’ils achètent et qui sont confectionnés ou préconfectionnés à l’étranger. Le Conseil des États a en effet approuvé par 21 voix contre 17 une motion de Jacques Nicolet (UDC/VD) qui demandait une désignation claire du pays de provenance des denrées alimentaires sur les emballages.

En effet, souvent les aliments que nous achetons au supermarché, que ce soit du pain, des plats tout prêts ou des tomates en boîte sont souvent préparés à l’étranger. Et s’il est précisé sur les emballages que le produit a été confectionné en France ou en Italie, il n’est pas rare que les ingrédients viennent d’encore plus loin, comme la Chine. Sans que les consommateurs puissent le savoir.

«Le fait que de tels produits soient confectionnés ou préconfectionnés hors de Suisse avec des matières premières étrangères, sans désignation claire du pays de provenance, relève de la tromperie envers les consommateurs», estimait ainsi Jacques Nicolet dans sa motion. 

Alliance Gauche-UDC

Pour une fois, l’UDC et la gauche ont uni leurs forces pour soutenir la motion. Les consommateurs doivent pouvoir prendre la meilleure des décisions entre les produits fabriqués en Suisse et ceux provenant de l’étranger, a plaidé Jakob Stark (UDC/TG). Il faut le faire non seulement pour les consommateurs mais aussi pour favoriser l’agriculture nationale, a complété Maya Graf (Verts/BL).

La commission était pourtant opposée au texte. Elle estimait que son objectif était déjà en grande partie atteint. En effet, l’ordonnance concernant l’information sur les denrées alimentaires, prévoit l’obligation de mentionner leur pays de production et précise quand et comment indiquer la provenance des ingrédients. La motion durcira les dispositions actuellement en vigueur et il faudra réétiqueter les produits, a prévenu Andrea Gmür-Schönenberger (Centre/LU). Avec pour conséquence une hausse des prix, a-t-elle mis en garde.

Le ministre de l’Intérieur Alain Berset a lui aussi combattu de toutes ses forces la motion. Pour lui, la législation en vigueur est largement suffisante et fonctionne bien. En outre, garantir la traçabilité des denrées alimentaires est trop difficile à mettre en œuvre. «Cela se fera au détriment de très nombreuses entreprises dans notre pays, au détriment de très nombreuses personnes qui travaillent dans ce domaine. Ce sera un travail énorme!» a-t-il prévenu. Et d’ajouter: «Un jour, on nous dira que c’est beaucoup trop et que le Conseil fédéral a créé un énorme monstre administratif. C’est exactement ce que nous ne voulons pas!» a-t-il tempêté. En vain.

Pas de label pour le pain suisse

En revanche, les sénateurs ont tacitement refusé une autre motion déposée au National par le sénateur Carlo Sommaruga (PS/GE). Son texte demandait que le pain fabriqué en Suisse avec des farines helvétiques ait un label suisse et qu’il soit valable pour les restaurants, les boulangeries, les points de vente de pain, les grandes surfaces etc. La commission a expliqué que la nouvelle marque «Pain suisse» était déjà un gage de transparence à l’égard des consommateurs et que les deux Chambres fédérales avaient déjà adopté en 2020 une motion allant dans le sens du Genevois. «Il faut faire en sorte que la disposition soit bien appliquée», a toutefois plaidé ce dernier.

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