Hommage - Joseph Gorgoni sur Pierre Naftule: «Il avait fait des catégories de rires»

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HommageJoseph Gorgoni sur Pierre Naftule: «Il avait fait des catégories de rires»

L’humoriste revient sur la mort du metteur en scène avec qui il avait créé le personnage de Marie-Thérèse Porchet.

Laurent Flückiger
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Laurent Flückiger
Joseph Gorgoni et Pierre Naftule en 2007 en train d’apprendre le suisse allemand pour un spectacle outre-Sarine.

Joseph Gorgoni et Pierre Naftule en 2007 en train d’apprendre le suisse allemand pour un spectacle outre-Sarine.

Philippe Dutoit

Pierre Naftule, qui est décédé samedi 19 mars à 61 ans, était lié depuis trente ans au personnage de Marie-Thérèse Porchet, qu’il avait cocréé avec Joseph Gorgoni. Ce dernier, joint par téléphone ce dimanche, revient sur cette histoire et sur le doute qui habitait constamment le metteur en scène genevois.

Comment Pierre Naftule et vous en êtes venus à imaginer le personnage de Marie-Thérèse Porchet?

Pierre m’avait engagé comme danseur à la Revue genevoise en 1991 et je faisais cette voix de femme durant les répétitions. Il a entendu et il sentait qu’il y avait quelque chose à en faire. En 1993, le personnage était né.

On disait qu’il comptait les rires. C’est une légende?

Ce n’est pas du tout une légende! Il se mettait derrière le rideau pour compter les rires. Il avait même fait des catégories de rires: les petits, les moyens, les gros et ceux de dégoût. Il ne supportait pas les choses moyennes.

Il aimait que les blagues fusent à un rythme très court.

Oui, toutes les quinze secondes. On a fait des heures et des heures d’écriture. On nous disait toujours qu’on devait bien se marrer durant ces moments-là, mais c’était une chose très difficile à faire. Les deux dernières années, c’était horrible… J’ai été très malade. J’ai écrit un spectacle sur cette période qui doit voir le jour en 2023. Il trouvait que c’était une bonne idée et il m’a aidé à faire la structure. Mais, ces trois derniers mois, il n’avait plus la force.

Avec tous les succès qu’il a connus, c’est pourtant quelqu’un qui doutait beaucoup.

Le doute, c’était sa vie. Et la mienne. Les gens le voyaient comme il n’était pas. Il était le contraire de sa légende. Quand on le connaissait bien, c’était quelqu’un de généreux. Aux premières des spectacles de Marie-Thérèse, on doutait beaucoup. Mais le doute fait avancer. Sinon, il faut changer de métier.

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