ChinePékin dit respecter le «statut d’État souverain» des pays de l’ex-URSS
La Chine a réagi après les déclarations controversées de l’ambassadeur chinois en France.
«La Chine respecte le statut d’État souverain des républiques» nées après la dissolution de l’Union soviétique fin 1991, a déclaré à la presse, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning. Elle a assuré que «la Chine respecte la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de tous les pays et soutient les objectifs et les principes de la Charte des Nations unies». L’ambassadeur chinois en France, Lu Shaye, questionné sur la chaîne d’informations LCI sur la province ukrainienne de Crimée annexée depuis 2014 par Moscou, avait nié vendredi soir la souveraineté d’ex-républiques soviétiques. Les pays de l’ex-URSS «n’ont pas le statut effectif dans le droit international parce qu’il n’y a pas d’accord international pour concrétiser leur statut de pays souverain», a-t-il déclaré vendredi soir.
Convocation des États baltes
Ces propos ont provoqué une levée de boucliers dans les États concernés à commencer par les États baltes, membres de l’Union européenne et de l’Otan, qui «vont convoquer» lundi les ambassadeurs chinois dans leurs capitales respectives pour «demander une clarification». Ils ont aussi été qualifiés d’«inacceptables» par le chef de la diplomatie européenne Josep Borrel, pour qui «l’UE ne peut que supposer que ces déclarations ne représentent pas la position officielle de la Chine».
De fait, Pékin prend ses distances, lundi, par rapport aux propos de son ambassadeur, qui fait partie des «loups combattants», ce nouveau clan de diplomates chinois ne mâchant pas leurs mots face à un Occident perçu comme systématiquement hostile à Pékin. «Après l’effondrement de l’Union soviétique, la Chine a été l’un des premiers pays à établir des relations diplomatiques avec les pays concernés», a tenu à préciser Mme Mao.
«Discorde» sur la question ukrainienne
«Depuis l’établissement des relations diplomatiques, la Chine a toujours adhéré au principe du respect mutuel et de l’égalité pour développer des relations bilatérales d’amitié et de coopération», a ajouté la porte-parole. «Certains médias ont mal interprété la position de la Chine sur la question ukrainienne et sèment la discorde dans les relations entre la Chine et les pays concernés», a-t-elle encore souligné, «nous serons vigilants à ce propos».
Au sujet de la Crimée, occupée par Moscou depuis 2014, M. Lu Shaye avait déclaré que «la Crimée était tout au début à la Russie. C’est Khrouchtchev qui a offert la Crimée à l’Ukraine dans l’époque de l’Union soviétique». «Tous les pays de l’ex-URSS ont un statut souverain clair inscrit dans le droit international», a riposté Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne, sur Twitter avant d’ironiser: «Si vous voulez être un acteur politique majeur, ne répétez pas comme un perroquet la propagande des Russes».
«Les trois États baltes vont convoquer dans la journée» de lundi leurs émissaires chinois «pour demander une clarification, savoir si la position de la Chine a changé concernant l’indépendance et leur rappeler que nous ne sommes pas des pays post-soviétiques mais des pays ayant été illégalement occupés par l’Union soviétique», a déclaré lundi le chef de la diplomatie lituanienne, Gabrielius Landsbergis, en marge d’une réunion des ministres européens des Affaires étrangères.
Paris fera des «mises au point très fermes»
Le ministère français des Affaires étrangères recevra lundi l’ambassadeur de Chine en France, après ses déclarations sur la souveraineté des anciens pays du bloc soviétique, a-t-il indiqué à l’AFP. «Un entretien entre le directeur de cabinet et l’ambassadeur de Chine sera l’occasion de mises au point très fermes», a-t-on précisé au ministère. «Cet entretien était prévu» avant les déclarations de l’ambassadeur vendredi. «On va faire passer les bons messages», a-t-il ajouté.