Votations fédéralesUne belle victoire pour la loi sur le cinéma
Avec de 56 à 58% de soutien, la modification de la loi sur le cinéma qui vise les plateformes fait un meilleur résultat qu’attendu. Déception au PLR.
- par
- Eric Felley
Le résultat s’annonçait serré, mais finalement la modification de la loi sur le cinéma est soutenue avec une marge confortable de 58% de oui. Les cantons romands ont été particulièrement sensibles à cette problématique avec un fort soutien dans les cantons de Vaud (76,1%) Genève (74,5%) et Neuchâtel (70,4%) et un peu moins dans le Jura (64%) à Fribourg (63,9%) et en Valais (58,9%).
En Suisse alémanique, ce sont les cantons de la Suisse orientale et centrale qui ont refusé comme Uri, Thurgovie, Appenzell RI, Schwytz, Obwald ou Nidwald. Le plus réticent étant Schaffhouse avec 57,7% de non. Ce résultat révèle un röstigraben, mais aussi un petit fossé entre les villes alémaniques et les campagnes environnantes.
«Une mise sous tutelle»
Interrogé sur la RTS, Michael Buffat (UDC/VD), dont le parti s’opposait à cette réforme, prend acte: «Le verdict est clair. On est déçu du résultat, car il s’agit d’une mise sous tutelle du citoyen, avec cette obligation pour les plateformes de diffuser 30% de production européenne. C’est contre les bases du commerce, c’est le marché qui doit déterminer ce que les gens veulent regarder. Finalement ce sont les consommateurs, les jeunes qui devront payer en plus. Ce n’est pas avec l’argent qu’on améliore la qualité du cinéma suisse.»
«Une ampleur réjouissante»
Mais pour son collègue Fabien Fivaz (V/NE): «L’ampleur du oui est réjouissante et je me réjouis que Netflix vienne investir en Suisse pour faire des films et monter des projets. Ces plateformes vont prendre de plus en plus de place et vont peu à peu remplacer la télévision traditionnelle». Quant au 30% de films européens, il précise que c’est déjà une obligation dans l’Union européenne.
«Nous n’avons pas à rougir»
Le perdant du jour, c’est le président des jeunes libéraux-radicaux de Fribourg, Alec von Barnekow, fer de lance du référendum: «On s’attendait à un résultat plus serré, déclare-t-il, mais nous n’avons pas à rougir. Ce n’est pas mauvais comme résultat pour un parti de jeunes parti seul au combat face au Conseil fédéral et au Parlement». Concernant le vote des Romands beaucoup plus favorables à la loi, il a évoqué un manque de moyens financiers: «Nous avons concentré nos moyens sur la Suisse alémanique et pas en Suisse romande».
«Pas comme des vaches à traire»
Du côté des parlementaires qui ont soutenu la loi, Céline Weber (VL/VD) se lâche: «C’est un grand ouf de soulagement. Durant les dernières semaines, j’ai trouvé que la campagne était dure parfois avec le cinéma suisse. Je suis très contente. Une raison très claire a motivé finalement ce vote: les Suisses ne sont pas d’accord de payer autant sans pouvoir bénéficier des retombées et des bénéfices de ces grandes entreprises. D’autant plus que cela se fait déjà dans les pays qui nous entourent avec une directive européenne qui impose ces 30%». Autrement dit par Ada Marra (PS/VD): «Il n’y a rien de scandaleux à ce que des sociétés qui font des millions de bénéfices ne considèrent pas seulement leurs clients comme des vaches à traire».
Pour la conseillère nationale Marie-France Roth Pasquier (C/FR), qui s’est beaucoup investie également dans cette campagne pour le cinéma: «Ces nouveaux investissements renforceront la compétitivité des productions helvétiques avec des retombées sur l’industrie du cinéma, le tourisme et les communes en tant que lieux de tournage». Pour sa collègue Valérie Piller Carrard (PS/FR): «La nouvelle loi sur le cinéma permettra de s’assurer que les films, séries et acteurs et actrices suisses bénéficient de règles du jeu équitables pour faire face à la concurrence européenne».
Le PLR déçu
Dans un communiqué, le PLR se dit déçu de la tournure du vote: «Nous nous sommes battus aux côtés des Jeunes libéraux-radicaux Suisse contre la loi sur le cinéma qui souhaitait nous mettre sous tutelle. Le PLR a refusé cette révision parce qu’imposer une offre n’améliore pas la qualité, parce que la nouvelle loi est étatiste et qu’elle contrevient à la liberté de choix des consommateurs. De plus, ces derniers seront encore plus lourdement taxés financièrement».