DésaccordUn bras de fer avec le HC La Chaux-de-Fonds pour des gaufres
En conflit avec le club de hockey de sa ville, la gérante de deux stands de saucisses et de gaufres refuse de verser 15% de son chiffre d’affaires.
- par
- Vincent Donzé
Avec ses saucisses et ses steaks, ses gaufres et ses crêpes, Lourdy Hampe est présente devant la patinoire des Mélèzes depuis 15 ans, avant les matches du HC La Chaux-de-Fonds. Mais depuis le début de cette saison, cette restauratrice est en conflit avec son club de cœur: pas question pour elle de verser au HCC 15% de son chiffre d’affaires via un système «cashless», un paiement par cartes sans argent liquide.
À la reprise du championnat de Swiss League, le 15 septembre dernier, la police est intervenue à la patinoire contre celle qui refuse d’appliquer un mode de paiement imposé la saison dernière, en lieu et place de deux forfaits saisonniers de 800 francs chacun. Lourdy Hampe en a été affectée au point d’oublier sa caisse après avoir rangé ses remorques…
Effet suspensif
Gérant du domaine public pendant les matches en vertu d’une convention entérinée le 10 août dernier par le Conseil communal, le club des Abeilles s’est fait l’auteur d’une plainte pour violation de domicile, mais comme l’a relevé «RTN», la commerçante indésirable a recouru contre cette décision. Son opposition a un effet suspensif: jusqu’au terme d’une procédure qui peut aller au Tribunal cantonal, les deux stands ambulants de Lourdy Hampe ne sont pas interdits de trottoir.
Pour la venue du HCV Martigny, le15 septembre dernier, Lourdy Hampe a fait une caisse de 915 francs. Pour le EHC Viège, mardi dernier, la caisse était de 425 francs pour des saucisses achetées 2 fr. 80 et vendue 7 francs avec du pain. Il y a des charges à payer, des salaires à verser, des commissions à effectuer et des remorques à manipuler, mais pas de bénéfice à réaliser sur des boissons: elles sont vendues par le club à l’intérieur de la patinoire.
Affaire de passion
Des pourparlers ont eu lieu. Lourdy Hampe a proposé à l’intersaison de débourser 5000 à 10 000 francs en guise de sponsoring avec la pause d’une banderole publicitaire, une offre jugée largement insuffisante. Pour la marchande ambulante, le ton fait la musique: «Ce n’est qu’une affaire d’argent, mais de passion: je travaille là-haut avec le cœur», dit-elle.
Là-haut, c’est à la patinoire des Mélèzes, où Lourdy est présente avec gaufres et grillades à chaque match, «même avec 40° de fièvre», soit 23 rencontres de championnat cette saison sans les playoffs/playouts. Ses plus fidèles clients, elle les a vus grandir.
Ceux qui veulent
«Pour payer la marge demandée, d’autres ont augmenté leurs tarifs, pas moi», indique Lourdy Hampe. Sa saucisse reste à 7 francs, mais mardi prochain, pour la venue du HC Sierre, elle mettra une cagnotte à disposition: «Ceux qui veulent ajouter 15% pour le club pourront le faire», dit-elle, en assurant que sa saucisse vigneronne ne passera pas à 9 francs.
Âgée de 56 ans, Lourdy Hampe n’en est pas à son premier combat: elle s’est battue pour le maintien d’un marché à la place du Marché. Par fierté, elle tiendra tête au HCC, tout en gérant deux établissements dans les Montagnes neuchâteloises, et bientôt un troisième.
Garder ma place
«Je suis supportrice du HCC et je me battrai pour garder ma place», annonce Lourdy Hampe. Pour son avocat Frédéric Hainard, cité par «ArcInfo», une violation de domicile ne peut pas être invoquée par le club, sachant que «la privatisation du domaine public est toute relative»: la police interviendrait pour une bagarre devant la patinoire, mais pas dedans.
Pour le président du HCC, Olivier Calame, «eu égard aux années depuis lesquelles elle est là, nous avons tenté à maintes reprises de discuter, mais elle est bornée», a-t-il indiqué à «ArcInfo», tout en souhaitant qu’elle se conforme aux nouvelles règles, vitales pour les finances du club. Entre deux matches, les deux stands de Lourdy Hampe seront engagés ce week-end à la Fête des vendanges de Neuchâtel.