Guerre en UkraineWashington tente de rassurer Kiev après une fuite de documents
Le Pentagone a émis des doutes sur une potentielle contre-offensive ukrainienne qui ne pourrait obtenir que de «modestes gains territoriaux» face à l’armée russe.
Les chefs de la diplomatie et de la défense américains ont échangé avec leurs homologues ukrainiens mardi alors que les États-Unis cherchent à rassurer leurs alliés dont Kiev après la fuite de documents classifiés du renseignement américain.
Tout en refusant de commenter l’authenticité ou le contenu de ces documents, le secrétaire d’État Antony Blinken a dit avoir parlé avec le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba pour lui signaler «le soutien continu» des États-Unis.
Le secrétaire à la Défense Lloyd Austin a également dit avoir parlé avec son homologue Oleksiï Reznikov, réitérant que Washington prenait cette fuite de documents classifiés «très au sérieux». Selon des informations de presse et des documents consultés mardi par l’AFP, le renseignement américain a émis des doutes sur une potentielle contre-offensive ukrainienne qui ne pourrait obtenir que de «modestes gains territoriaux» face aux forces russes.
«Risque très grave»
Ces documents classifiés figurent parmi ceux étant apparus en ligne après une fuite révélée jeudi par le «New York Times» et dont le Pentagone a estimé qu’elle représentait un «risque très grave» pour la sécurité nationale des États-Unis.
«J’ai été briefé pour la première fois sur la divulgation non autorisée de ces documents classifiés et sensibles le matin du 6 avril», a déclaré Lloyd Austin, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse conjointe à Washington avec les ministres philippins des Affaires étrangères et de la Défense. «Nous prenons cela très au sérieux et nous continuons de travailler étroitement avec nos alliés et partenaires», a-t-il encore dit, en précisant que les documents en question dataient du 28 février et du 1er mars.
Contre-offensive
Une contre-offensive ukrainienne face aux troupes russes est attendue au printemps. L’Ukraine assure avoir, en amont, formé des brigades d’assaut et stocké des munitions tout en s’efforçant d’épargner ses troupes et d’épuiser celles de son adversaire sur le front. Elle a aussi reçu des chars de combat et de l’artillerie à longue portée de ses soutiens occidentaux.
Mais de robustes défenses russes et «des déficiences persistantes ukrainiennes dans la formation et les réserves de munitions vont probablement mettre à rude épreuve tout progrès et aggraver les pertes durant l’offensive», avance un document du renseignement américain classé secret-défense, selon le «Washington Post».
Un autre document, classé «secret» et consulté par l’AFP, détaille l’état préoccupant des défenses aériennes ukrainiennes, qui ont jusqu’ici joué un rôle crucial contre les frappes russes, empêchant Moscou de prendre le contrôle de l’espace aérien. La capacité de Kiev à maintenir des défenses aériennes de moyenne portée pour protéger la ligne de front «sera réduite à néant d’ici au 23 mai», conclut le document.
Roquettes égyptiennes?
Un autre document ayant fuité affirme que le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a ordonné la production de 40’000 roquettes devant être livrées à la Russie, sommant des responsables de garder un tel projet secret «pour éviter des problèmes avec l’Occident», a rapporté le «Washington Post» dans un article distinct.
Mais le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, un organe directement rattaché au président Joe Biden, a démenti l’information, précisant n’avoir «aucune indication que l’Égypte fournisse un armement létal à la Russie». «L’Égypte est et reste un important partenaire sur les questions de sécurité», a déclaré ce porte-parole, John Kirby. «L’armée américaine entretient une relation de défense de longue date avec l’Égypte», a-t-il souligné.
Le flot régulier de photographies de documents classifiés a été découvert sur Twitter, Telegram, Discord et autres plateformes ces derniers jours, bien que certains aient pu circuler en ligne pendant des semaines avant d’attirer l’attention médiatique. Beaucoup de ces documents ne sont plus disponibles sur les sites où ils sont initialement apparus, et les autorités américaines travailleraient à ce qu’ils soient tous retirés.