Irlande du NordLondres menace d’agir unilatéralement, inacceptable pour Bruxelles
Le gouvernement britannique veut renégocier en profondeur le protocole signé au moment de sa sortie de l’UE, tandis que Bruxelles se dit seulement prêt à des aménagements.
![Le 3 février 2022, un camion quitte le port de Larne, au nord de Belfast en Irlande du Nord, après être arrivé sur un ferry en provenance de Stranraer en Écosse. Le 3 février 2022, un camion quitte le port de Larne, au nord de Belfast en Irlande du Nord, après être arrivé sur un ferry en provenance de Stranraer en Écosse.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/08/a0c6e3f7-8ea0-4430-b423-bffc5c177118.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1310&fp-x=0.5&fp-y=0.5&s=d038fb4c0998936e5975007578f7479d)
Le 3 février 2022, un camion quitte le port de Larne, au nord de Belfast en Irlande du Nord, après être arrivé sur un ferry en provenance de Stranraer en Écosse.
AFPLe gouvernement britannique a menacé jeudi d’agir unilatéralement en l’absence de «flexibilité» de l’Union européenne pour assouplir les dispositions douanières post-Brexit en Irlande du Nord, en proie à la paralysie politique, une position jugée inacceptable par Bruxelles.
Invoquant notamment les tensions politiques dans la province britannique et des perturbations dans les échanges commerciaux avec la Grande-Bretagne, le gouvernement britannique veut renégocier en profondeur le protocole signé au moment de sa sortie de l’UE, tandis que Bruxelles se dit seulement prêt à des aménagements.
«Si l’UE ne montrait pas la flexibilité nécessaire pour aider à résoudre ces problèmes, alors en tant que gouvernement responsable, nous n’aurions d’autre choix que d’agir», a mis en garde la cheffe de la diplomatie britannique Liz Truss, lors d’un entretien téléphonique avec le vice-président de la Commission européenne, Maros Sefcovic, selon un porte-parole de son ministère. Elle a souligné que «la situation en Irlande du Nord est une question de paix interne et de sécurité pour le Royaume-Uni», a-t-il ajouté dans un communiqué.
Faute de progrès dans les négociations en cours depuis des mois, Londres avait déjà menacé de suspendre unilatéralement une partie du texte, ce qui pourrait déclencher de sévères représailles commerciales européennes.
«Aucune décision n’a été prise»
Exprimant sa «vive préoccupation» et défendant des «solutions communes», Maros Sefcovic a de son côté prévenu qu’une «action unilatérale» de Londres, qui consisterait «effectivement à ne pas appliquer un accord international», n’était «pas acceptable» pour l’UE. «Cela saperait la confiance entre l’UE et le Royaume-Uni» ainsi que la paix dans la province, actée en 1998 par l’accord du Vendredi saint, après trois décennies de troubles sanglants entre unionistes et républicains. «Travailler côte à côte de manière constructive est de la plus grande importance», a-t-il ajouté.
La dispute paralyse les institutions nord-irlandaises. Les unionistes du DUP, désormais deuxième force à l’Assemblée locale après la victoire des nationalistes du Sinn Fein, refusent de partager le pouvoir si ces contrôles entre Grande-Bretagne et Irlande du Nord ne sont pas abandonnés, y voyant une atteinte à l’intégrité territoriale du Royaume-Uni.
Soulignant que la priorité de Londres était de protéger «la paix et la stabilité» en Irlande du Nord et que le protocole était «devenu le plus grand obstacle» à la formation d’un exécutif local tout en perturbant les échanges commerciaux, Liz Truss a appelé l’UE à faire preuve de «plus de pragmatisme». Elle a regretté la confirmation, selon elle, par Maros Sefcovic qu’il n’y avait «pas de place pour étendre le mandat de négociation de l’UE ou introduire de nouvelles propositions pour réduire le niveau général de frictions commerciales».
Selon le quotidien «The Times», Liz Truss envisage d’agir dès la semaine prochaine, suspendant notamment l’obligation de contrôle des biens venus de Grande-Bretagne et destinés à être consommés dans la province. «Aucune décision n’a été prise», a indiqué jeudi un porte-parole du Premier ministre Boris Johnson, indiquant que les discussions avec Bruxelles se poursuivraient dans les prochains jours. Le dispositif douanier introduit par le protocole vise à préserver la paix en évitant le retour d’une frontière physique entre la province britannique et la République d’Irlande, membre de l’UE.