Hockey sur glace: Jan Cadieux: «Il y avait une certaine incertitude quant à mon avenir»

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Hockey sur glaceJan Cadieux: «Il y avait une certaine incertitude quant à mon avenir»

Intronisé le 10 novembre dernier à la tête de Ge/Servette, l’entraîneur des Aigles a vu son contrat être prolongé d’une saison supplémentaire par le club des Vernets, mardi. Le technicien de 42 ans a livré ses premières impressions, suite à cette officialisation.

Chris Geiger
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Chris Geiger
Jan Cadieux dirigera toujours les Aigles, la saison prochaine.

Jan Cadieux dirigera toujours les Aigles, la saison prochaine.

Eric Lafargue

Jan Cadieux, comment avez-vous accueilli la nouvelle de votre reconduction (une année supplémentaire) à la tête de Ge/Servette?

Il y a de l’excitation de pouvoir continuer quelque chose qu’on a commencé en cours de saison. Étant donné qu’on n’a pas bien terminé notre exercice, on restait sur un goût d’inachevé. C’est pourquoi il y a désormais la place à l’excitation et à la fierté de pouvoir continuer à travailler pour Ge/Servette.

Selon vous, cette prolongation de contrat est-elle méritée?

Je ne sais pas si je suis la bonne personne pour répondre à cette question (rires). On a tout donné ce qu’on pouvait pour essayer de redresser la situation. Il y a eu de bonnes choses. La façon dont notre saison s’est terminée doit nous permettre d’apprendre certaines choses. Il y avait certes matière à faire mieux, mais ce sera certainement une bonne leçon pour le futur. Cette élimination en pré-play-off nous a permis de nous remettre en question. Si c’est mérité, je ne sais pas. Par contre, je suis persuadé d’avoir donné mon meilleur. Et je suis motivé par cette opportunité de pouvoir continuer à travailler avec ce groupe et avec ce club.

La fin de saison en queue de poisson de Ge/Servette vous a-t-elle fait douter quant à votre avenir

Dans notre business, à chaque fois qu’il y a un résultat qui est moins bon, on se dit que les choses peuvent partir dans une autre direction. Mais je n’ai pas douté de moi-même, car je sais qu’on a donné notre meilleur avec le staff technique. À la fin, on se souvient toujours du dernier résultat. Dans notre cas, ce sont malheureusement ces deux matches perdus de pré-play-off contre le HC Lugano. Je pense toutefois qu’il ne faut pas jeter tout ce qui a été fait au cours des 29 matches précédents. Il y a eu beaucoup de bonnes choses réalisées et beaucoup de bons résultats obtenus. C’est pourquoi, si on prend la grande image, je n’ai pas trop douté. Mais je savais aussi que, dans notre business, les choses peuvent aller vite dans un sens comme dans un autre. Il y avait donc une certaine incertitude quant à mon avenir.

Vous avez évoqué votre coaching staff. Était-ce important à vos yeux que Rikard Franzen et les autres membres du staff aient été également reconduits?

Oui, c’est quelque chose de très, très important. On possède un bon mélange au sein du staff entre des membres d’expérience et d’autres plus jeunes. L’arrivée de Rikard Franzen a permis de donner un nouveau souffle, un certain influx de l’extérieur ainsi qu’une nouvelle voix étant donné que, avec Louis Matte, ça faisait déjà trois ans qu’on était en place. Je suis très heureux de pouvoir encore compter sur tout le monde à l’avenir car tous les membres du staff ont démontré qu’ils connaissaient la Ligue et qu’ils possédaient une certaine expérience. Il s’agit d’un aspect très positif pour moi. En tant qu’entraîneur, j’aime être challengé par mon entourage et pouvoir débattre avec ce dernier. Être entouré de gens compétents est forcément optimal pour moi.

En plus de cette stabilité, le coaching staff a été complété par le Hongrois Balazs Bartalis. Que va apporter ce skills coach à Ge/Servette?

Il va amener une plus-value sur le plan du travail individuel. C’est quelque chose de très intéressant pour le club et que je voulais vraiment. Si on veut avoir du succès en tant qu’équipe, le développement de cette dernière passe par le développement et l’amélioration personnelle de chaque joueur. C’est quelque chose en quoi je crois beaucoup. L’engagement d’un skills coach était quelque chose de très important pour que le club puisse franchir une nouvelle étape. Ça démontre aux joueurs – ainsi qu’aux jeunes joueurs, étant donné que Balazs va travailler avec le mouvement juniors – que le GSHC souhaite faire un pas en avant et solidifier la pyramide. Le club veut donner l’opportunité aux joueurs de se développer encore davantage. Ce nouveau poste occupé par Balazs – qui a la réputation d’être un très bon skills coach malgré son jeune âge (ndlr: 27 ans) – sera assurément un argument lors de négociations avec certains joueurs. C’est un grand plus pour le mouvement juniors et le développement individuel de chaque joueur. C’est génial que le club aille dans cette direction et qu’il mette tout en œuvre pour que les joueurs s’améliorent aussi.

«Ne pas réussir à se qualifier directement pour les play-offs nous a fait mal mentalement»

Jan Cadieux, entraîneur de Ge/Servette

Plus globalement, et avec le recul nécessaire, quel bilan tirez-vous de vos premiers mois passés à la bande des Aigles?

Je suis quelqu’un d’exigeant. Ça m’a donc pris un moment pour digérer l’élimination en pré-play-off. Dans notre métier, on est malheureusement jugés sur les derniers résultats réalisés. Cette élimination ternit quelque peu le bilan. Mais si on regarde le bilan global, je suis quand même très heureux du travail effectué. Beaucoup de bonnes choses ont été réalisées et je veux construire là-dessus pour la saison à venir. Lorsque j’ai repris l’équipe, il n’y avait pas beaucoup de monde qui s’imaginait qu’on allait combler le gap avec le Top 6 et qu’on allait échouer dans la course pour un petit point seulement. Les chiffres – à commencer par la moyenne des points par match – ont prouvé  que le bilan était très positif. Le travail effectué par le groupe ainsi que sa manière de réagir m’ont apporté beaucoup de satisfactions. 

Avec 2,24 points/match, vous avez obtenu le meilleur bilan de la Ligue depuis votre prise de fonctions. Comment expliquez-vous cette réussite?

On a mis en place un processus. Dès le début, on a expliqué au groupe qu’on allait devoir prendre les matches les uns après les autres et travailler jour après jour si l’on comptait s’améliorer. On a essayé de mettre un plan en place et les joueurs y ont adhéré. Tout le mérite revient à l’entier du staff, qui a fourni un travail remarquable. On a également eu la chance de voir plusieurs joueurs importants revenir de blessure. Si on mélange ces deux éléments, ça explique en partie les résultats positifs et les succès obtenus au cours des 29 dernières rencontres.

À l’inverse, pour quelles raisons Ge/Servette a connu une désillusion en pré-play-off?

En fin de compte, le fait de ne pas réussir à se qualifier directement pour les play-offs nous a fait mal mentalement. Au début, tout le monde était conscient qu’il allait falloir être prêts pour ces mini-séries. À la fin, et plus on s’approchait du 52e et dernier match de l’année, plus on voyait qu’il y avait une chance de se qualifier directement pour les play-offs. On a tout donné jusqu’au bout, en jouant et en gagnant des gros matches contre Zoug ou Lausanne notamment. Ces gros matches ont fini par nous coûter de l’énergie, tant physiquement que mentalement. Je pense que le fait d’avoir raté les play-offs pour un point a laissé une trace. Dès lors, il nous a manqué un petit pourcent face au HC Lugano. On n’a pas réussi à augmenter notre intensité face aux Tessinois. C’est possible que l’élimination vienne de là.

«Gagner un titre avec Ge/Servette est vraiment un de mes objectifs»

Jan Cadieux, entraîneur de Ge/Servette

Vous avez donc connu tant du positif que du négatif depuis votre prise de fonctions. Qu’avez-vous appris pour la suite de votre mandat?

Dans le futur, il sera important de connaître un bon début de saison régulière. Toutes les équipes ayant terminé la saison régulière dans le Top 6 ont connu un bon début de championnat. On a également appris sur le point physique. Le fait d’avoir disputé la finale des play-offs lors de l’exercice 2020/2021 ne nous a pas permis d’avoir une préparation physique optimale. C’est quelque chose dont on va tenir compte, dès la semaine prochaine, lors du début de la préparation estivale. On veut également avoir un maximum de joueurs à disposition, dès le mois d’août. Ce sont les premiers enseignements qu’on a pu tirer.

Comment allez-vous aborder la saison prochaine? Allez-vous miser sur une certaine continuité ou avez-vous des secteurs à reconstruire?

L’aspect offensif représente notre principal chantier. On doit être meilleurs. On veut être plus percutants, plus directs dans notre façon de jouer et être plus présent dans la zone devant le but. Car il nous a clairement manqué d’efficacité en pré-play-off. Lorsqu’on regarde les statistiques et les expected goals (ndlr: chances de marquer) lors des deux parties face au HC Lugano, on a tiré à 85 reprises en direction du but tessinois. Mais on n’a marqué que quatre buts. On veut donc s’améliorer dans ce secteur, ce qui passera par une modification de notre système de jeu. À l’inverse, si on regarde les statistiques et le travail effectué défensivement, on a encaissé seulement 50 buts lors des 29 derniers matches de saison régulière. Défensivement, il s’agira simplement d’apporter un ou deux petits ajustements d’un point de vue tactique. On va donc plus travailler sur la continuité dans ce secteur du jeu.

Finalement, quelles sont vos ambitions personnelles pour le championnat à venir? Et celles du club?

Elles vont se rejoindre. On a un bon groupe à disposition. C’est donc au staff de tout mettre en œuvre pour que cette équipe ait du succès. Je crois beaucoup en ce groupe et je suis persuadé qu’il peut accomplir quelque chose de spécial. On va fixer les objectifs du club durant l’été. De mon côté, je veux connaître le plus de succès possible avec ce groupe. Il faut viser haut. Ge/Servette est le club de mon cœur. C’est pourquoi ça me tiendrait vraiment à cœur de gagner un titre avec ce club. J’ai déjà perdu trois finales, deux en tant que joueur et une en tant qu’entraîneur-assistant. J’aimerais inverser cette tendance. À terme, gagner un titre avec Ge/Servette est vraiment un de mes objectifs. 

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