Football: Au FC Sion, Balotelli demeure un problème toujours aussi insoluble

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FootballAu FC Sion, Balotelli demeure un problème toujours aussi insoluble

Au-delà de la victoire obtenue à Lucerne dans des circonstances rocambolesques (1-2), l’attitude du capitaine du club valaisan continue de nourrir les discussions. S’il sait provoquer l’adversaire, l’Italien agace tout autant.  

Nicolas Jacquier
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Nicolas Jacquier
Mario Balotelli, opposé ici à Dorn, n’a pas encore trouvé le chemin des filets cette année.

Mario Balotelli, opposé ici à Dorn, n’a pas encore trouvé le chemin des filets cette année.

Martin Meienberger/freshfocus

Ultra-dominé, souvent prêt à rompre mais vainqueur à l’arrivée. À la Swissporarena, Sion a cueilli dans la souffrance la plus inespérée des victoires, rompant avec plus de six mois d’échecs en série. Après tout, on peut peut-être y déceler une certaine forme de justice, le club valaisan ayant enfin à son tour fait subir à Lucerne ce que tant d’autres lui avaient dans d’autres circonstances fait subir. Qu’importe si ce n’est pas la victoire du panache mais celle des tripes car ce sont là les plus belles. Avec dans le rôle du héros inattendu, Kevin Bua, celui dont plus personne ne voulait entendre parler tant le Genevois accumulait les contre-performances depuis plusieurs semaines…

Les trois enseignements

La méthode Bettoni commence à porter ses fruits. Depuis son arrivée, le successeur de Fabio Celestini ne s’est pas contenté de mettre de l’ordre sur le banc, banc que le directeur sportif Barthélémy Constantin a quitté pour s’installer en tribune, légèrement en retrait. Afin de recentrer l’équipe sur ses seuls objectifs sportifs, il a aussi supprimé la présence d’un joueur lors des habituels points presse de milieu de semaine à Riddes. Bettoni a surtout bousculé les présumés cadres en modifiant la hiérarchie du groupe comme en témoigne la présence d’Anto Grgic sur le banc alors que Gaëtan Karlen a lui été relégué avec les M21. À l’inverse, les prometteurs Gora Diouf et Abdel Zagré ont effectué le chemin inverse. La juste reconnaissance du talent qu’on leur prête.

A Tourbillon, Mario Balotelli demeure un problème toujours aussi insoluble. Le capitaine s’est-il davantage dépensé, a-t-il plus et mieux couru après le stage de remise en forme que lui a imposé son président durant la trêve? On n’en est pas certain du tout. Si l’homme agace toujours autant par son attitude négative, n’ayant cessé de rabrouer ses coéquipiers après un mauvais service dont la seule responsabilité lui incombe, l’Italien aura néanmoins réussi à faire perdre ses nerfs à Max Meyer. En cela, on peut lui être redevable. Hormis cet unique fait d’armes, Balotelli a assez logiquement récolté la biscotte qu’il semblait - à le voir pareillement palabrer auprès de l’arbitre - appeler de ses vœux et qui l’obligera à faire l’impasse sur le derby du Rhône. Dans les circonstances actuelles, c’est sans doute une chance pour Sion. Muet en 2023, Balotteli accumule plus d’avertissements (déjà 8!) que de buts (5 dont 3 sur penalty, le dernier inscrit contre Saint-Gall lors de la fessée ayant conduit à l’éviction de Tramezzani).

A Tourbillon, Dimitri Cavaré et Nathanaël Saintini ont perdu le bâton d’immunité qui les protégeait encore avant Noël. Les deux hommes composaient alors une paire indissociable dans l’axe central. Les voici aujourd’hui surnuméraires, condamnés dans le meilleur des cas à jouer les intérimaires (ce fut le cas de Cavaré, dépannant, en l’absence de Lavanchy à Lucerne, dans le couloir droit). Au moment où leur club traverse des turbulences prolongées, il y a lieu de s’interroger sur la pertinence à les voir rejoindre avec autant d’empressement la sélection guadeloupéenne, engagée dans les qualifications de la Gold Cup. Les deux défenseurs ont donc vu du pays, joué à Cuba (défaite 1-0) et accueilli Antigua-et-Barbuda (défaite 1-0). Si la Guadeloupe n’est pas reconnue par la FIFA, les dates n’en étaient pas moins protégées par cette même FIFA. Si Sion n’avait pas le pouvoir de les retenir, Cavaré et Saintini auraient eux-mêmes pu décliner leur sélection en se mettant de leur plein gré au service de leur employeur.

Le meilleur: Sio

Si le revenant Joël Schmied, suppléant deux fois son gardien devant la ligne, a émergé dans les lignes arrières, Giovanni Sio s’impose comme une valeur sûre. Souvent considéré comme un joker mais titularisé dimanche, l’attaquant a planté son septième pion de l’exercice. Sans doute tire-t-il aussi profit de l’efficace travail mental accompli à distance avec Pascal Saint-Yves, coach mental qui avait souvent incorporé le staff valaisan par le passé.

Le moins bon: Max Meyer

Le geste inconsidéré de Max Meyer a coûté cher à Lucerne.

Le geste inconsidéré de Max Meyer a coûté cher à Lucerne.

Martin Meienberger/freshfocus

En regagnant prématurément les vestiaires après avoir applaudi M. San, le milieu de terrain allemand a rendu un bien mauvais service aux Lucernois. On se demande encore comment un joueur expérimenté que lui a pu pareillement perdre ses nerfs. À la Swissporarena, on n’applaudit pas «MM»… 

La manifestation de la 19e

Le kop lucernois a manifesté son soutien à la direction du club.

Le kop lucernois a manifesté son soutien à la direction du club.

Martin Meienberger/freshfocus

On sait les rapports entre Bernhard Alpstaeg, actionnaire majoritaire exigeant le départ du président Stefan Wolf ainsi que celui du directeur sportif Remo Meyer, et le FC Lucerne plutôt tendus. Ces tensions sont encore montées d’un cran lorsque l’homme a écrit aux membres de la Commission des licences pour les inviter à analyser de près la manière dont «son» club était économiquement géré. Afin de manifester sa solidarité avec le directoire en place, le public a attendu la très symbolique 19e minute et une seconde - soit 1901, année de fondation du FCL - pour se lever comme un seul homme et applaudir vigoureusement son soutien aux hommes en place. De quoi tendre encore davantage des relations envenimées par le dépôt d’une plainte pénale et civile de Bernhard Alpstaeg envers la direction du FC Lucerne, accusé de lui avoir soustrait de manière peu conventionnelle le 25% des actions qu’il détenait.

La décla’

«Il y a quelque chose qui est en train de se passer. On a vu poindre le début d’une identité. C’est hallucinant de se dire cela alors que l’on est déjà au mois d’avril!»

David Bettoni, coach du FC Sion, évoquant un changement d’attitude dans les esprits valaisans.

Le coup de gueule

Celui en l’occurrence poussé par Mario Frick. Si le coach lucernois ne contestait nullement l’expulsion de Max Meyer (64e), il s’étonnait que Balotelli n’ait pas subi le même sort avant la pause. «C’est incroyable, fulminait-il. J’ai suffisamment joué en Italie pour savoir que là-bas, les stars ont tout loisir de jouer les imbéciles. Manifestement, c’est le cas ici aussi. Balotelli aurait dû recevoir au moins quatre cartons jaunes. Or il n’a pas reçu le même traitement.»

Une question pour l’avenir

Après être passé au 4-4-2, Bettoni repartira avec le même dispositif contre Servette, ce qu’il pourrait faire en titularisant samedi le jeune Burkinabé Zagré (19 ans) aux côtés de l’expérimenté Giovanni Sio (36 ans)?

 

  




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