PartenariatQuand des jeunes en rupture larguent les amarres
L’association Pacifique de Genève, soutenue par la Loterie Romande, permet à des ados en difficulté de mobiliser leurs ressources à bord d’un voilier afin de passer le cap d’une nouvelle intégration.
L’association Pacifique permet à des jeunes en rupture de se recadrer après plusieurs mois de navigation à la voile.
DRL’art, la science et «Jeunes en mer», une mission socio-éducative, font bon ménage à bord du Fleur de Passion ou du Mauritius, deux vieux gréements de l’association genevoise Pacifique. Pour les jeunes en rupture sociale ou scolaire, placés par les Tribunaux des mineurs ou les services de la jeunesse des cantons romands, la
navigation va durer de deux à trois mois. «Mais elle est précédée d’une phase préparatoire d’un mois, souligne Cédric Legendre, chargé de communication. Et à son retour, un suivi qui peut s’étendre sur plusieurs mois va clôturer l’expérience.»
Retrouver des repères structurants, tel est l’objectif principal proposé à ces ados entre 14 et 18 ans. Accompagnés d’éducateurs et éducatrices aux pieds marins, ils vont mobiliser ainsi leurs ressources dans un milieu naturel avec le voilier et l’apprentissage de la navigation au centre de l’aventure. Ils vont aussi s’exercer à vivre en groupe dans un espace restreint, accepter l’autre dans sa différence et penser collectif. «Ce voyage, poursuit le chargé de communication, est une école de vie. La découverte de soi et des autres passe par l’apprentissage du maniement des voiles, de l’entraide et de la solidarité qui forgent les relations.»
Mais Pacifique, ce sont aussi des odyssées scientifiques comme celle qui s’est déroulée en janvier sur le fleuve Gambie. À bord du Mauritius, une goélette de 24 mètres battant pavillon suisse, la mission consistait à collecter des informations sur l’état de santé du fleuve, notamment de la mangrove, et à participer à la formation d’étudiants gambiens. «L’objectif principal, le diagnostic de l’écosystème par le biais de campagnes d’échantillonnages d’eau et de sédiments a été rendu possible grâce aux appareils de mesures présents sur le Mauritius».
«Sillages», un projet artistique soutenu par la Loterie Romande
À bord des voiliers, des auteurs invités ont carte blanche pour illustrer les différentes étapes du voyage par diverses approches narratives: de la poésie à la fiction en passant par le documentaire. Ce projet met ainsi en relation artistes, marins, jeunes en rupture, scientifiques et population locale. Résultat, «Sillages», une série de publications annuelles en cinq tomes qui va couvrir les expéditions entre 2020 et 2025. «Ce projet, dit encore Cédric Legendre, a vu le jour grâce à une campagne de crowdfunding et l’aide de la Loterie Romande. Et nous lui en sommes reconnaissants.»