Tennis«C’est une belle récompense, après tout ce que j’ai traversé»
Kilian Feldbausch, grand espoir du tennis suisse, vient de boucler une année plutôt sombre sur la meilleure «perf’» de sa carrière. Le Genevois, 439e mondial, veut continuer à avancer.
- par
- Simon Meier
Joint aux Canaries, où il attendait ce lundi l’avion du retour en Suisse, Kilian Feldbausch se donne «deux-trois jours» pour atterrir. Le Genevois de 18 ans, plus jeune joueur helvétique à atteindre la finale d’un tournoi Challenger depuis Roger Federer en 1999, a bouclé sa rude mais constructive année 2023 en effectuant le plus grand bond de sa carrière. Le voilà classé 439e à l’ATP, déterminé à reprendre son envol au plus vite.
Même si vous avez fini par la perdre face à l’Espagnol Pedro Martinez, on vous imagine très heureux après cette première finale sur le circuit Challenger…
Oui, je suis très content d’avoir si bien joué durant toute la semaine, face à de bons adversaires. J’ai su faire preuve de constance dans mon jeu et je suis d’autant plus satisfait que cette performance arrive dans la foulée de ma première victoire en tournoi 15’000, en Floride (ndlr: il y avait remporté cinq matches, avant d’aligner six autres succès aux Canaries). L’année se termine mieux qu’elle n’a commencé.
Peut-on parler d’un rayon de soleil salvateur au terme d’une année plombée par pas mal de galères?
C’est une belle récompense, après tout ce que j’ai traversé. Il y a eu cette fracture de fatigue au pied droit en début d’année en Australie, puis cette rechute causée par un problème de semelle après mon retour au jeu en avril. Ce n’était pas évident pour le moral, parce qu’avec mes béquilles, je ne pouvais strictement rien faire. Quand j’ai repris fin juin, c’était un peu compliqué, je n’étais logiquement pas dans le rythme et j’ai mis du temps à remettre les choses en place. J’ai retrouvé le goût de la victoire durant les interclubs, puis je suis parti en Amérique du Sud, où j’ai pu me remettre en confiance et dans la cadence. Ensuite, ça s’est enchaîné.
Jusqu’à cette finale aux Canaries, qui vous fait gagner 220 places au classement ATP. Vous terminez donc au 439e rang cette année 2023 que vous aviez entamée avec le matricule 938. Conforme à vos attentes?
Vu les circonstances, c’est même très positif. Il y a peu encore, j’imaginais terminer l’année aux alentours de la 700e place. Là, je suis très heureux de la façon dont j’ai joué et de mon classement. C’est très bon pour le moral et pour la suite.
Comment l’envisagez-vous, cette suite?
Je vais me reposer deux ou trois jours à la maison, à Genève, puis j’attaquerai ma préparation physique avec Nicolas Cabaret. C’est un domaine dans lequel je dois beaucoup travailler. Début janvier, je commencerai ma saison en Amérique du Sud - avec mon pied, pour l’instant, il est préférable que je ne joue que sur terre battue.
Vous êtes devenu le plus jeune Suisse à atteindre la finale d’un Challenger depuis un certain… Roger Federer en 1999. Que cela vous inspire-t-il?
Cela me fait plaisir, évidemment, car on parle quand même de l’un des plus grands sportifs au monde. Mais j’essaie de ne pas trop penser à ce genre de choses, de ne pas me disperser.
Que retenez-vous de cette première saison chez les adultes?
J’ai gagné en expérience, c’est sûr. Dans mon jeu comme dans la tête, j’ai appris qu’il fallait être là tout le temps et faire preuve de constance à tous les niveaux: technique, physique, mental.
Quels objectifs sportifs et chiffrés vous êtes-vous fixé pour l’année 2024?
Sur le fond, je veux continuer à progresser dans tous les domaines à commencer par mon service, un coup sur lequel je ne m’offre pas assez de points «gratuits». Si je travaille bien, sur mes points forts comme sur mes points faibles, je sais que le reste suivra. En termes de classement, j’aimerais bien boucler l’année prochaine autour de la 230e place ATP afin d’avoir accès aux qualifications de l’Open d’Australie, début 2025.
Poursuivrez-vous ce but avec le même entourage?
Oui. Je travaille avec ma mère, mon père et mon oncle. Je me sens à l’aise dans ce contexte familial et je n’ai pas l’intention d’en changer pour l’instant. Ma mère et mon oncle m’accompagnent sur le court, à l’entraînement, tandis que mon père garde un peu plus de distance, tout en étant très présent à mes côtés. Je vais continuer comme ça et, dès que mon pied me permettra à nouveau de jouer sur dur, je retournerai une semaine de temps en temps à Bienne, chez Swiss Tennis, pour y travailler avec des sparring-partners.