États-UnisUn militaire plaide coupable de fuite de documents secret-défense
Jack Texeira a accepté de plaider coupable en échange d’une peine de 16 ans de prison. Il était responsable une fuite de documents secret-défense, notamment sur la guerre en Ukraine.
Un jeune militaire américain arrêté en 2023 pour une fuite de documents classés secret-défense, notamment sur la guerre en Ukraine, a plaidé coupable lundi, scellant un accord pour 16 ans de prison contre l’abandon des poursuites les plus graves pour espionnage.
Par ailleurs, le ministère de la Justice a annoncé l’arrestation samedi d’un employé civil de l’Armée de l’air affecté au siège du commandement des armes nucléaires stratégiques (Stratcom) pour divulgation en 2022 d’informations confidentielles au sujet de l’invasion russe de l’Ukraine sur un site de rencontre étranger.
Jack Teixeira, 22 ans, a comparu devant un tribunal fédéral de Boston vêtu d’une tenue orange de détenu. Il a reconnu avoir diffusé des informations relatives à la défense nationale américaine, mais les procureurs ne l’inculperont pas d’espionnage, ce qui aurait pu lui valoir la perpétuité.
Serment «trahi»
«M. Teixeira a froidement mis de côté la sécurité nationale des Etats-Unis et trahi son serment solennel de défendre son pays et la confiance du peuple américain qu’il avait juré de protéger», a déclaré dans un communiqué du ministère américain de la Justice son ministre adjoint, Matthew Olsen.
En passant un accord judiciaire, la recrue de la Garde nationale de l’armée de l’air échappera à un procès pénal mais sera condamné par un juge à 16 ans et huit mois d’emprisonnement, 50’000 dollars d’amende et devra aider des responsables du renseignement à comprendre comment la fuite a été possible.
Jack Teixeira avait jusqu’ici plaidé non coupable, après avoir été inculpé notamment par un grand jury fédéral (jury de citoyens qui participent à la phase d’instruction, NDLR) de six chefs d’accusation pour «conservation volontaire et transmission d’informations relatives à la défense nationale», passibles chacun d’une peine de jusqu’à dix ans de prison.
Discord
La police fédérale (FBI) l’avait arrêté le 13 avril à l’extérieur de sa maison familiale à Dighton, au sud de Boston, quelques jours après les révélations de ces fuites dans la presse américaine.
Engagé comme spécialiste en informatique et communication dans une base militaire du Cape Cod, près de cette cité historique de Nouvelle-Angleterre, Jack Teixeira a publié des informations confidentielles sur un groupe de discussion de la plateforme Discord, qui ont circulé par la suite sur d’autres réseaux sociaux.
Les documents secrets avaient révélé les inquiétudes des services de renseignement américains quant à la viabilité d’une contre-offensive ukrainienne. Ils sous-entendaient aussi que Washington collecte des renseignements sur ses plus proches partenaires, notamment Israël et la Corée du Sud.
L’affaire a mis Washington dans l’embarras et soulevé des questions sur de possibles failles de sécurité, alors que le jeune militaire disposait d’une habilitation secret-défense, lui permettant d’accéder à ces informations sensibles, malgré son grade modeste.
«Révélations illégales»
Le ministre Olsen a souligné que les «révélations illégales» de Jack Teixeira «affectaient les capacités (américaines) en termes de renseignement, compromettaient (leurs) sources et méthodes et rendaient les États-Unis aveugles face aux menaces de nations hostiles et de groupes terroristes».
La nouvelle affaire révélée lundi par le ministère porte sur l’arrestation d’un employé civil affecté à la base d’Offutt, dans le Nebraska, siège du Stratcom, David Franklin Slater, 63 ans, ancien lieutenant-colonel de l’armée.
Il est accusé d’avoir, entre février et avril 2022, transmis des informations classifiées «via la messagerie d’un site de rencontre étranger à sa complice, qui affirmait être une femme vivant en Ukraine», notamment sur des «cibles militaires et les capacités militaires russes concernant l’invasion de l’Ukraine», selon un communiqué. Celle-ci l’appelait dans ses messages son «amour informateur secret», souligne le ministère.
Il sera présenté mardi à un juge et encourt jusqu’à 10 ans de prison et 250’000 dollars d’amende par chef d’accusation de divulgation d’informations relevant de la défense nationale, selon la même source.
L’affaire Teixeira rappelle, dans une bien moindre mesure, le cas d’Edward Snowden, employé des services de renseignement américains qui avait révélé en 2013 que les États-Unis avaient un système de surveillance de masse dans le monde.