Pouvoir d’achatNos salaires réels sont à la baisse depuis trois ans
Selon l’USS, pour la première fois depuis 1945, les salaires réels ont baissé trois ans de suite en Suisse. Pour un ménage moyen, cela fait un manque de 4000 francs par année.
- par
- Eric Felley
L’inflation sévit, les salaires stagnent et le pouvoir d’achat régresse. C’est l’équation qui régit la situation économique de nombreux travailleurs et travailleuses en Suisse depuis trois ans. En comparant l’évolution des salaires à l’inflation, l’Union syndicale suisse a constaté que pour la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale, les salaires réels ont baissé trois années de suite. L’économiste en chef de l’USS, Daniel Lampart fait les constats suivants:
Quelqu’un qui a un salaire de 6600 francs, le salaire médian en Suisse, a perdu environ 2000 francs par année de pouvoir d’achat.
Pour une famille moyenne, c’est près de 4000 francs, sans tenir compte des hausses de primes 2023 ni des probables hausses de loyers.
L’inflation est tirée en fait par les profits des entreprises. C’est un nouveau consensus qui est en train de s’établir et qui s’observe aussi en Suisse. Des dividendes records, mais pas de pleine compensation du renchérissement.
Pour Daniel Lampart: «Trois années de suite, c’est une situation exceptionnelle et très préoccupante. Nous avons constaté que l’adaptation au renchérissement a été fortement contestée par les milieux patronaux. Leur comportement et leur attitude sont nouveaux». L’économiste de l’USS ne dispose pas de statistiques précises sur la proportion d’employeurs qui ont accordé le renchérissement. «En fonction des conventions de travail, une partie a pu obtenir 2%».
Une quatrième année de suite?
C’est nettement insuffisant, lorsque l’on sait qu’à fin février dernier le renchérissement sur l’année écoulée avait atteint 3,4%. Est-ce qu’il faut s’attendre à une quatrième année de reculs des salaires réels en 2024? «C’est difficile à prévoir, répond Daniel Lampart. Il faut s’y préparer dès maintenant. Si le refus patronal se poursuit, il faudra envisager de changer de méthodes. À l’étranger, en Angleterre ou en Allemagne, il y a beaucoup de grèves, des actions et des luttes. Il faut regretter aussi que beaucoup de gens pensent que les syndicats ne sont pas nécessaires pour négocier les salaires. Mais c’est faux, pour négocier, il faut la force du collectif».