Loi anti-avortementAu Texas, la demande de pilules abortives à l’étranger explose
Depuis que le Texas a limité l’accès à l’avortement en septembre dernier, la demande de pilules abortives envoyées depuis l’étranger a plus que triplé.
![La loi mise en place en septembre au Texas est contestée en justice par les défenseurs de l’IVG aux États-Unis. La loi mise en place en septembre au Texas est contestée en justice par les défenseurs de l’IVG aux États-Unis.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/08/825cc8be-e51c-4023-ab1b-39a335476382.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1365&fp-x=0.5&fp-y=0.5003663003663004&s=bddf5a2fedae541deee8ceee6ee121d3)
La loi mise en place en septembre au Texas est contestée en justice par les défenseurs de l’IVG aux États-Unis.
Getty Images via AFPLa demande de pilules abortives envoyées depuis l’étranger a été multipliée par plus de trois au Texas après le 1er septembre, quand l’État américain a drastiquement limité l’accès à l’avortement, relève une étude publiée vendredi.
La loi texane mise en place en septembre dernier à l’instigation d’une majorité conservatrice interdit d’interrompre toute grossesse une fois que les battements de cœur de l’embryon sont détectés, soit après environ six semaines de grossesse, alors que la plupart des femmes ne savent même pas qu’elles sont enceintes.
L’article publié vendredi dans le «Journal of the American Medical Association» s’appuie sur les chiffres d’Aid Access, une société autrichienne qui fournit des pilules abortives (pour des IVG médicamenteuses) aux femmes des États-Unis.
Les pilules abortives privilégiées
Avant cette nouvelle législation, entre octobre 2020 et mai 2021, Aid Access recevait 10,8 demandes de pilules par jour du Texas. La semaine qui a suivi l’application de loi, 137,7 demandes ont été reçues quotidiennement, soit une hausse de 1180%.
Les trois semaines d’après, la société recevait 37,1 demandes quotidiennes, soit 3,4 fois plus que sur la période de référence. Le trimestre suivant (d’octobre à décembre 2021), elle traitait encore 29,5 demandes par jour, soit une hausse de 173%, supérieure aux autres États américains.
Jeudi, le Guttmacher Institute, qui milite pour l’accès à l’avortement, estimait qu’en 2020, pour la première fois, les pilules abortives étaient à l’origine de plus de la moitié des avortements aux États-Unis (54%). Combinant un médicament, le misoprostol, et un stéroïde synthétique, le mifepristone, ces pilules ont été introduites sur le marché américain en 2000.
Envoi par la poste
En avril 2020, pour éviter d’exposer les patientes au Covid, l’Agence américaine des médicaments (FDA) avait autorisé temporairement leur envoi par la poste, une possibilité pérennisée en décembre 2021. Le Texas a voté une loi restreignant leur accès en décembre dernier, mais les experts interrogés par la presse locale estiment qu’elle sera difficile à faire appliquer.
La loi mise en place en septembre au Texas est contestée en justice par les défenseurs de l’IVG aux États-Unis, qui soulignent qu’elle s’oppose à la jurisprudence de la Cour suprême, qui autorise les Américaines à avorter jusqu’à environ 22 à 24 semaines de grossesse. La question n’a pas été définitivement tranchée par la justice américaine.