PortugalLa tendance est aux élections après la démission d’Antonio Costa
Au Portugal, après le départ du Premier ministre pour une affaire de corruption, le président doit, ce jeudi après-midi, convoquer des législatives ou nommer quelqu’un d’autre.
Les Portugais attendent, jeudi, la décision de leur président, qui pourrait annoncer des élections anticipées début 2024 pour sortir de la crise provoquée par la démission du Premier ministre Antonio Costa, impliqué dans un scandale de corruption.
Le président portugais, le conservateur Marcelo Rebelo de Sousa, a convoqué, à partir de 16 h, le Conseil d’Etat, une instance consultative, pour aborder la situation politique du pays. Après cette réunion, il «s’adressera immédiatement à la nation» pour faire part de sa décision, annonce une note de la présidence.
A l’issue des différentes consultations, le président peut soit opter pour une dissolution du Parlement et la convocation d’élections législatives anticipées, soit inviter un nouveau responsable politique à former un gouvernement.
Mercredi, Marcelo Rebelo de Sousa a reçu les représentants des partis parlementaires, comme le lui impose la Constitution avant de pouvoir éventuellement dissoudre le Parlement.
Scrutin en février ou en mars?
Les principaux partis de l’opposition de droite et de gauche se sont déjà prononcés en faveur d’élections. D’après certains responsables politiques reçus mercredi par le président, ce dernier semble s’orienter vers cette solution, avec un scrutin en février ou mars.
Les socialistes sont, eux, favorables à une solution de continuité, avec le choix d’un nouveau Premier ministre pour diriger un gouvernement soutenu par la majorité dont ils disposent au Parlement. Le Parti socialiste a proposé de soumettre au président une liste de «noms de personnes respectées, avec une expérience gouvernementale, et reconnues sur le plan international», a indiqué son président, Carlos Cesar.
En cas d’élections, le PS préférerait qu’elles se tiennent en mars, pour lui laisser le temps de trouver un successeur à Antonio Costa comme secrétaire général.
«Le président ne devrait pas prendre une décision qui aille à l’encontre de l’avis des partis», a expliqué la politologue Paula Espirito Santo, de l’Institut supérieur des sciences sociales et politiques. Après les dernières élections législatives de janvier 2022, Marcelo Rebelo de Sousa avait d’ailleurs prévenu qu’un éventuel départ d’Antonio Costa conduirait à la dissolution du Parlement, a-t-elle rappelé.
Budget en suspens
La crise politique en cours a suspendu les discussions autour du budget de l’Etat 2024, dont le vote final est prévu le 29 novembre. D’après le quotidien «Publico», le président pourrait décider de publier le décret de dissolution après l’adoption du budget.
«C’est une question fondamentale» pour «assurer les intérêts du pays», a estimé le président du Parti socialiste. S’il s’avère que «c’est plus utile pour le pays», «nous n’opposerons pas d’obstacles», a dit Luis Montenegro, président du Parti social démocrate, principale formation d’opposition de droite.
Démission surprise
Le Premier ministre Antonio Costa a créé la surprise en démissionnant mardi, après son implication dans un scandale de corruption. L’enquête porte notamment sur des soupçons de «corruption» et «trafic d’influence» dans l’attribution de concessions pour l’extraction de lithium et la production d’hydrogène vert, selon le Parquet.