Football: Andy Laugeois: «Je suis tellement fier de ce que j’ai fait»

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FootballAndy Laugeois: «Je suis tellement fier de ce que j’ai fait»

Le milieu de 33 ans s’apprête à quitter Stade Lausanne-Ouchy après sept ans de bons et loyaux services. Il dresse le bilan de cette formidable aventure.

Brice Cheneval
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Brice Cheneval
Andy Laugeois s’apprête à boucler une 7e et dernière saison frustrante avec le SLO où, freiné par les blessures, il aura pris part à 23 matches toutes compétitions confondues.

Andy Laugeois s’apprête à boucler une 7e et dernière saison frustrante avec le SLO où, freiné par les blessures, il aura pris part à 23 matches toutes compétitions confondues.

Pascal Muller/freshfocus

Stade Lausanne-Ouchy a annoncé ce mardi que vous ne seriez pas reconduit à l’issue de cette saison. Comment avez-vous vécu la nouvelle?

Ça me fait quelque chose parce que j’ai passé sept ans ici, j’ai des souvenirs incroyables. Mais je ne me sens pas du tout mal de partir. Je m’y étais préparé. Ça devait arriver. Je suis tellement fier de ce que j’ai fait… Je n’ai pas d’appréhension négative ni de rancœur. Je serai éternellement reconnaissant au SLO pour tout ce qu’il m’a apporté. Je ne jetterai rien, je garderai tout.

Quand avez-vous appris que vous ne seriez pas prolongé?

Officiellement, la semaine dernière.

Pressentiez-vous la décision qui est tombée?

Je m’y attendais un peu. J’ai eu une discussion avec le directeur sportif (ndlr: Hiraç Yagan) il y a trois semaines ou un mois, il disait ne pas pouvoir m’indiquer s’il voulait me conserver ou pas, car il n’était pas encore fixé sur l’avenir du coach (ndlr: Meho Kodro). J’ai eu pas mal de soucis physiques cette année et quand ça allait bien, je n’ai pas toujours joué. Je n’ai jamais vraiment réussi à trouver mon rythme.

Est-ce la justification que vous ont donnée vos dirigeants pour ne pas vous garder?

Ils m’ont dit qu’ils avaient besoin de leaders qui jouent et malheureusement pour moi cette année, ça n’a pas vraiment été le cas. C’est vrai que j’ai raté pas mal de matches. Le club estime que mes absences, avec celles d’autres leaders, ont eu un impact sur les résultats. Le discours, c’est:  «On a envie de compter sur des leaders qui puissent épauler les autres.»

De votre côté, quelle était votre position?

Honnêtement, je pense que c’était le bon moment pour tourner la page. J’avais fait mon temps au SLO. Pas mal de choses ont changé au club et je sentais une atmosphère un peu différente, même si j'ai toujours été heureux d’évoluer au SLO. Surtout, j’ai des projets de reconversion, je dois penser à mon avenir. J’ai envie d’apprendre l’allemand donc j'aimerais bien me diriger en Suisse alémanique. J’espère avoir mon Master (ndlr: de gestion du sport et des loisirs) cet été. Dans l’idéal, si je peux apprendre l’allemand pour l’utiliser dans mon futur, ça ne peut qu’être bénéfique. La saison prochaine doit davantage être un investissement pour moi. Bien sûr qu’une équipe en Challenge League en Suisse romande peut-être intéressante mais si c’est pour redescendre de niveau, je préfère me diriger du côté de la Suisse alémanique.

Il s’agit donc d’une séparation à l’amiable…

Ça s'est fait naturellement, oui. Il n’y a pas eu de discussions pendant la saison. Je n’ai pas forcé les dirigeants à me donner des raisons ou à me faire un nouveau contrat. Si j’avais insisté, j’aurais demandé à Hiraç de me laisser six mois pour voir comment ça se passait et faire un point à Noël. Pas sûr qu’il aurait accepté, mais on aurait pu en discuter.

Maintenant que la séparation est actée, quel état d’esprit vous anime désormais?

Je ressens plus de l’appréhension pour la suite de ma carrière. J’ai envie de voir si mon corps n’y arrive vraiment plus ou si ça ne tournait pas à cause d’autres raisons. J’espère trouver un dernier challenge sportif mais je ne me cache pas non plus. Je sais que ça va être compliqué: j’ai 33 ans, je n’ai joué qu’une vingtaine de matches cette saison, j’ai eu quelques soucis physiques. Mais au fond de moi, je suis persuadé de pouvoir encore jouer une ou deux saisons. Après, je suis prêt à signer six mois dans un club et, au cas où ça ne marche pas, se serrer la main et arrêter.

«Au fond de moi, je suis persuadé de pouvoir encore jouer une ou deux saisons»

Andy Laugeois, milieu de terrain de Stade Lausanne-Ouchy

Que retenez-vous de cette formidable aventure de sept ans au SLO?

(Il souffle) Je retiens tellement de choses… C’est une love story. Même si on te la raconte avant, tu ne vas jamais y croire. Participer aux montées est déjà extraordinaire mais rester dans l’équipe et continuer à s’imposer, même si j’avais déjà joué en Challenge League (ndlr: entre 2007 et 2011 avec Yverdon), c’est incroyable. D’autant que je menais à côté des études qui me prenaient – et me prennent toujours – beaucoup de temps. On peut dire que j’ai connu deux clubs, entre le monde professionnel et le monde amateur, et j’en suis très content. Deux ambiances différentes mais qui étaient très bonnes. On a toujours eu de super groupes.

Qu’est-ce qui a changé entre le Andy Laugeois de 2015 et celui d’aujourd’hui?

Lors des quatre premières années, quand on évoluait en amateur, je privilégiais mes études. Je me levais à 7h, je passais la journée à l’université, j’enchaînais avec l’entraînement le soir et je rentrais à 21h30. J’ai eu la chance de finir mon Bachelor (ndlr: en sciences du sport et de l’éducation physique) en 2019, quand on est montés en Challenge League, ce qui m’a permis de me concentrer un peu plus sur le foot.

«C’est une love story. Même si on te la raconte avant, tu ne vas jamais y croire»

Andy Laugeois, milieu de terrain de Stade Lausanne-Ouchy

Hormis cette saison, vous avez toujours été un titulaire incontournable au SLO, ça en dit beaucoup de votre dévouement pour ce club…

C’est assez bien résumé. Ma personnalité fait que je suis souvent apprécié des coaches, parce que je ne lâche rien, je ne triche pas. Humainement j’ai l’impression d’être plutôt bon, j’essaye de toujours pousser mes coéquipiers, je suis assez positif la très grande partie du temps. Ça aide les coaches à me mettre sur le terrain, à croire en moi parce qu’au-delà du football, j’amène quelque chose en plus humainement par rapport à pas mal d’autres joueurs.

Quelle trace pensez-vous laisser dans l’histoire de ce club aussi jeune?

Sans recul, c’est difficile à dire. Après, dans le football moderne on oublie assez vite le passé. Ce n’est pas une critique, ce sont les faits. On va peut-être encore parler de moi au SLO l’année prochaine, s’il y a encore des gars avec qui j’ai évolué plus bas, mais à un moment ce cycle va se fermer. Comme pour tout le monde. Au SLO, il y a eu avant nous des gens qui ont écrit l’histoire, peut-être pas de la même manière, et qu’on ne connaît pas forcément. Je prends l’exemple de Monsieur Berney (ndlr: Charles Berney), le président que j’ai connu en arrivant. Quelqu’un qui m’a marqué, a aidé le club à se maintenir et a investi pas mal d’argent pendant des années en 1re Ligue. Si je demande aujourd’hui à quelqu’un de mon équipe s’il le connaît, personne ne sait à part Lavdrim (ndlr: Hajrulahu). Ce sera la même chose pour moi. Avec les années, on va gentiment m’oublier. Ça fait partie de la vie.

Vous émettez le souhait de poursuivre votre carrière. À 33 ans, quel type de challenge recherchez-vous?

Je ne recherche pas un challenge en particulier. Si je rebondis en Challenge League tant mieux, je serai super fier. Même en Promotion League, dans un bon projet où il y a quelque chose à jouer. Je ne serais pas non plus contre aider un grand club suisse en encadrant les jeunes en M21. C’est un projet qui pourrait m’intéresser, même en 1re Ligue.

Un hommage vous sera rendu à la Pontaise samedi. Savez-vous ce qui vous attend?

Je vais découvrir sur place. Le directeur sportif m’a juste dit qu’il préparait quelque chose mais je n’ai aucune idée de ce que c’est. Je me réjouis de voir!

Andy Laugeois au SLO en bref

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