Football: Le mois qui a changé la vie de Valton Behrami

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FootballLe mois qui a changé la vie de Valton Behrami

Il y a un mois, le jeune Servettien fêtait ses 18 ans par une première titularisation en Super League. Deux autres ont suivi. Avant le déplacement à Young Boys samedi (20 h 30), il raconte ses dernières semaines.

Valentin Schnorhk
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Valentin Schnorhk
Le 20 mars, Valton Behrami a disputé son premier match avec le Servette FC quatre jours après avoir fêté ses 18 ans.

Le 20 mars, Valton Behrami a disputé son premier match avec le Servette FC quatre jours après avoir fêté ses 18 ans.

Eric Lafargue

Une semaine suffit parfois à changer une vie. Le mercredi 16 mars dernier, Valton Behrami fêtait ses dix-huit ans. À lui la majorité, et les nouvelles réalités de sa vie d’adulte. Il ne se doutait pas que la sienne serait bientôt celle d’un joueur de Super League. Ce jour-là, il n’était qu’un talent de l’académie servettienne, aligné avec les M18 le week-end, à l’entraînement avec les M21 la semaine. Et puis, il y a ce match interne, qui n’a pas pour vocation à être celui d’une détection.

Mais le destin ne s’embête pas avec les formalités. «Le coach (ndlr: Alain Geiger) était là, revoit le jeune latéral gauche. Le lendemain, je suis convoqué pour mon premier entraînement avec la première équipe. J’ai tout de suite été bien intégré, par les joueurs, par le staff. Et puis, le deuxième entraînement que je fais était un spécifique. Dans ces moments-là, on voit normalement qui va être aligné le week-end. Et j’étais avec les titulaires. Je n’ai pas trop compris: je me suis dit que c’était peut-être une erreur.» Avec le recul, Valton Behrami s’en amuse. Évidemment, il n’y avait aucune erreur. C’est bien lui qui allait être aligné le dimanche, dans le derby contre Sion, remporté 2-1.

«De la bonne pression»

Ce n’était qu’il y a un mois. Et pourtant. «Tout est allé hyper vite», lance celui qui a commencé le football à Onex. Des passages par le Team ACGF, puis Meyrin. Avant d’intégrer Servette en M15. «À l’époque, j’étais attaquant, explique-t-il. Et puis, à Servette, l’entraîneur d’alors (ndlr: Bernardo Hernandez) m’a expliqué qu’on allait me mettre latéral. Au début, c’était compliqué.» Il lui a aussi fallu accepter la pause forcée due au Covid, alors qu’il commençait à se faire au poste. Et puis, la progression s’est voulue régulière: jamais surclassé, avant cet hiver, où on l’a envoyé en M21. «Avec le ballon, j’ai toujours eu de l’aisance, mais il a fallu que je m’améliore bien défensivement.»

«Je ne pensais pas du tout que je puisse jouer en professionnel à 18 ans. Cela change naturellement un peu mes plans de carrière. Mais je crois que le foot, c’est une affaire de mérite. Alors je prends les choses comme elles viennent.»

Valton Behrami, latéral du Servette FC

Visiblement, il l’a bien fait. Jusqu’à se retrouver en Super League, et même régulièrement. Des quatre derniers matches, il en a disputé trois (Sion, Zurich et GC), tous comme titulaires. «Le premier match, je ressentais de la pression, admet-il. Mais de la bonne pression. Steve Rouiller m’a beaucoup aidé. J’ai beaucoup parlé avec Kastri (Imeri) lorsqu’on était à l’hôtel le soir d’avant. Jérémy Frick aussi est venu me voir. Et puis, une fois que le match a débuté, j’étais dedans.» Sur le terrain, Vincent Sasso l’aiguille aussi beaucoup.

Des remarques dont le latéral ne se prive pas: «Là où j’ai ressenti une vraie différence avec ce que je connaissais, c’est dans l’intensité des choses, détaille-t-il. Par exemple, si tu perds de vue durant deux secondes ton joueur, c’est fini.» De quoi expliquer aussi des performances variables, mais légitimes pour un joueur de son âge. Il ne s’en cache pas: «Contre Sion, c’était bien parce qu’ils ne venaient pas nous chercher. J’avais une liberté dans le jeu qui était bonne à prendre pour une première. Par contre, face à Zurich, c’était bien plus compliqué. Nous étions tout le temps en un contre un, à cause de leur système. Et ça demandait plus d’intensité et de concentration.» L’apprentissage en temps réel.

Un CFC à terminer

Pas de quoi tirer trop de conclusions. Valton Behrami sera bien sûr dans le groupe samedi, pour le déplacement des Grenat au Wankdorf, où ils affrontent Young Boys. Et cela représente déjà beaucoup: «Franchement, je ne pensais pas du tout que je puisse jouer en professionnel à 18 ans, se surprend-il encore. Cela change naturellement un peu mes plans de carrière. Mais je crois que le foot, c’est une affaire de mérite. Alors je prends les choses comme elles viennent.»

Behrami (aucun rapport avec Valon, malgré la proximité de leurs prénoms) jongle encore avec l’école. Des horaires aménagés, mais un CFC à terminer, a priori cette année. Avant sans doute de se consacrer totalement au football. «Le fait de jouer en première équipe, ce n’est qu’une étape d’un long chemin à accomplir, relativise-t-il. Mais pouvoir jouer pour le club de ma ville, ça me procure beaucoup de fierté et de bonheur.» L’adulte qu’il est devenu reste encore un gamin qui profite de l’instant.

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