Ski alpin«Marco Odermatt est solaire et fait du bien au ski!»
C’est le maire de Val-d’Isère qui l’a dit, ajoutant aussi que les Jeux de 2030 sans la station de Haute Tarentaise ce serait comme une tartiflette sans lardons! Interview.
- par
- Christian Maillard Val-d'Isère
Maire de Val-d’Isère, Patrick Martin est tellement amoureux de sa station que ce jeudi midi, alors qu’il déjeunait avec son personnel, il a demandé à la serveuse si en cuisine, ils avaient de la farine, de la pâte et du sucre pour servir à son équipe des crêpes au suc! «La fille a tout de suite compris!», se marre le politicien bien conscient que le film des Bronzés, tourné en 1979 dans la station, a beaucoup apporté à son village et la région. «C’est un phare qui a été posé sur notre village de 1615 habitants où on parle toujours aujourd’hui du planté du bâton, sourit-il. C’est quelque chose qui dans la Haute Tarentaise nous a tous soudés et liés.»
Mais à Val-d’Isère les gens ne viennent pas seulement pour les Bronzés. Il y a aussi de belles pistes et des courses de ski depuis des années…
C’est un village d’abord avec un esprit villageois et une église qui a quatre siècles. Après c’est devenu au fil du temps une station de ski après l’explosion de 1968 avec les JO de Grenoble et les exploits de Jean-Claude Killy. Les gens viennent ici pour le domaine skiable et par rapport à notre histoire. C’est ici que se sont déroulées les premières courses ici en 1955, bien avant la Coupe du monde. Val-d’Isère c’est aussi 190 épreuves de Coupe du monde organisées avec un club des sports le plus médaillé au monde (Henri Oreiller, les sœurs Goitschel, Jean-Claude Killy, Ingrid Jacquemod, Clément Noël et Victor Muffat-Jeandet), plus que les Autrichiens et les Suisses! On a vécu une époque bénie, maintenant la concurrence est plus rude. Mais oui, les gens viennent du monde entier pour skier à Val-d’Isère!
Contrairement à Zermatt, vous acceptez des courses de Coupe du monde alors que les vacances de Noël ont commencé?
On a longtemps appelé notre course le Critérium de la première neige, parce que c’était la première course qui se courait sur le continent européen. Il n’y avait pas encore Sölden. C’était un marqueur fort pour nous mobiliser sur le lancement de la saison. On sait que l’événement est là, donc il faut que la station soit propre, que les pistes soient préparées, que des pisteurs soient embauchés et que les dameuses soient toutes là. Cela permet de se mobiliser, d’avoir une activité soutenue, les hôtels ouvrent pour ça où on accueille du monde. Maintenant les courses se déroulent sur deux week-ends mais je dois reconnaître qu’avec nos touristes on aurait de la peine à organiser des épreuves faire pendant les vacances de Noël.
Cette fidélité à la Coupe du monde n’est pas forcément récompensée pour la station qui a été oubliée pour les JO 2030. Comme vous l’avez déclaré, comment imaginez des Jeux sans Val-d’Isère, ce serait comme une tartiflette sans lardons?
Je reste persuadé que la candidature des Alpes françaises sera plus forte avec Val-d’Isère car on a une notoriété internationale, notamment avec Jean-Claude Killy connu jusqu’aux États-Unis. On nous demande aussi de mettre en place des Jeux durables où la station est engagée. Nos dameuses fonctionnent par exemple avec de l’huile végétale. On essaie d’avoir des événements le plus vertueux possible au niveau du durable et je dois reconnaître que l’image renvoyée de Zermatt n’était pas top. Nous, on essaie de faire différemment dans un esprit convivial. Val-d’Isère n’est pas une station de luxe mais plutôt haut de gamme et très discrète. C’est ce charme que les gens aiment où ils vont trouver leur activité de ski et ce côté familial partout dans la station.
Et le public vient voir des courses, même si les athlètes français ne gagnent pas?
Oui, il y a une fidélité à la Coupe du monde qui reste la cerise sur le gâteau. On vient aussi pour voir Alexis Pinturault ou Clément Noël s’imposer. C’est pour cela qu’on était tous déçu dimanche passé après l’annulation du slalom. Il y a eu beaucoup de travail de préparation et au final énormément de remarques désagréables. Mais j’ai eu l’honneur de remettre le chèque et une médaille à Marco Odermatt le samedi. Il est solaire et fait vraiment du bien au ski! Et maintenant, on espère bien vivre deux belles courses ce week-end avec des images de nos sapins bien enneigés. Ça va être magnifique.