EnvironnementBerne devra définir les valeurs limites de pollution des sols par les PFAS
Le Conseil des États a accepté une motion de la Valaisanne Marianne Maret qui demandait que le Conseil fédéral fixe des limites sur les concentrations dans les sols de ces substances «éternelles» et dangereuses pour la santé.
- par
- Christine Talos
Le Conseil fédéral devra définir les valeurs suivantes spécifiques aux PFAS telles que les valeurs limites et les conditions pour l’élimination des matériaux, les valeurs de concentration pour évaluer les pollutions présentes dans le sol et le sous-sol, et les exigences de rejet pour le déversement dans les eaux. Le Conseil des États a accepté tacitement lundi une motion en ce sens de Marianne Maret (C/VS).
Difficilement biodégradables
Pour rappel, les PFAS ou substances per- et polyfluoroalkylées, sont des substances chimiques difficilement biodégradables et qui ont été utilisées par l’industrie pendant des décennies. Elles sont encore présentes dans l’environnement et dans la chaîne alimentaire. Et l’être humain les absorbe notamment par la nourriture et l’eau potable.
L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a réévalué en 2020 les risques sanitaires liés à leur présence dans les aliments. Des risques qui s’avèrent plus préoccupants qu’imaginés initialement, a rappelé Marianne Maret.
Pas de vue d’ensemble
Selon l’UE, les PFAS peuvent en effet entraîner des problèmes de santé tels que des lésions hépatiques, des maladies thyroïdiennes, de l’obésité, des problèmes de fertilité et des cancers. Du coup, leur dose hebdomadaire admissible a été drastiquement abaissée.
«Tout le monde est désormais confronté à des expositions pouvant être problématiques», estime-t-elle. La thématique est prise en compte depuis peu en Suisse mais les cantons agissent en ordre dispersé avec des assainissements déjà réalisés, comme à Viège (VS), où plus de 60’000 tonnes de matériaux fortement pollués ont été évacués en Autriche pour y être traités. Et il n’y a pas de vue d’ensemble des sites contaminés, quasi tous issus d’exercices ou d’interventions de pompiers, a-t-elle déploré. Entretemps, le Valais a dressé un catalogue de sites pollués.
Pas encore de substitut
Ces PFAS sont présents dans de nombreux produits, a abondé Simonetta Sommaruga, comme les mousses anti-incendie, les revêtements hydrofuges et antisalissure, les vêtements de plein air, les pesticides ou encore les cosmétiques. Leur utilisation a déjà été fortement limitée, mais pour de nombreuses applications, il n’existe pas encore de substitut, a ajouté la ministre de l’Environnement.
De nombreux sites contaminés ont déjà été identifiés, a-t-elle poursuivi. Ceux-ci menacent à leur tour les eaux souterraines, les eaux de surface et le sol. Et il n’existe pas encore de valeurs limites dans les ordonnances. Ces valeurs doivent donc être fixées de manière complexe et au cas par cas pour que les assainissements soient réalisés, a encore ajouté la Bernoise qui effectue sa dernière semaine au Conseil fédéral. «C’est un problème difficile à résoudre. Mais nous sommes prêts à clarifier ces questions dans les différentes ordonnances conformément à la motion», a-t-elle conclu.