Hockey sur glace: Gary Sheehan: «Être clubiste est un honneur, mais a aussi ses côtés négatifs»

Publié

Hockey sur glaceGary Sheehan: «Être clubiste est un honneur, mais a aussi ses côtés négatifs»

L’ancien entraîneur limogé du HC Ajoie en février 2022 a retrouvé un poste. Il entraînera le HC Franches-Montagnes en MyHockey League.

Rebecca Garcia
par
Rebecca Garcia
L’ancien entraîneur du HC Ajoie a retrouvé de l’embauche à Saignelégier.

L’ancien entraîneur du HC Ajoie a retrouvé de l’embauche à Saignelégier.

imago images/Geisser

Figure bien connue du hockey suisse, et plus particulièrement du côté de l’arc jurassien, Gary Sheehan n’ira pas bien loin. Le plus Jurassien des Québécois entraînera le HC Franches-Montagnes dès la saison prochaine. L’équipe évolue en MyHockey League, à un échelon des ligues professionnelles tant attendues par le technicien. Mais les discussions n’ont pas abouti à un contrat, et l’homme préfère être en bordure de glace que sur son canapé.

Ancien entraîneur du HC La Chaux-de-Fonds et du HC Ajoie, vous prenez les rênes du HC Franches-Montagnes. Par où commencer?

Jusqu’à aujourd’hui, j’étais en contrat avec le HC Ajoie. J’ai pu visionner des matches de hockey, analyser et réfléchir, mais être à la bande ça me manquait beaucoup. J’ai fait beaucoup de recherches pendant la saison, et jusqu’à la saison dernière. Je me focalisais sur un poste à 100% dans une ligue professionnelle. Malheureusement, je n’ai eu que des refus.

D’où votre présence en MyHockey League?

Il n’y a pas 56’000 solutions. J’étais persuadé qu’il y aurait une ouverture. J’ai même postulé à des endroits pour être assistant, mais rien n’a fonctionné. Beaucoup de personnes m’ont conseillé de rester patient, mais je n’ai pas été derrière un banc pendant plus d’une année! Il fallait que je trouve une façon de me relancer, et je vois un plan gagnant-gagnant pour le HCFM. Certains entraîneurs seraient restés et auraient encore attendu, peut-être par égo. Moi, dans ma carrière, j’ai toujours dû prouver ma valeur.

Savez-vous pourquoi le hockey professionnel a refusé vos services?

Je ne pense pas qu’il ne soit qu’une question de mes résultats passés – cela parle pour moi. Je pense qu’il me fallait être au bon endroit au bon moment. L’âge entre sûrement en ligne de compte (ndlr: Gary Sheehan a 59 ans). Il y a aussi le fait que l’on me voit davantage en entraîneur principal qu’en assistant. J’ai fait 7 saisons à La Chaux-de-Fonds, 8 à Ajoie. Quand tu ne bouges pas pendant 15 ans, tu n’es pas dans le cycle.

« Je me sens plus à l’aise de travailler que de rester chez moi en essuyant des refus.»

Gary Sheehan

C’est-à-dire?

C’est un honneur de durer longtemps et d’être clubiste, mais il y a aussi des effets négatifs. Je ne changerais rien à cela, mais avoir passé tant de temps sur le banc de ces clubs m’a sûrement nui. C’est dommage de voir que tu dures dans un club, mais que ce n’est pas bénéfique.

Quelle est l’autre solution? Attendre et espérer qu’une offre tombe?

C’est un pari que passablement de gens auraient fait. Je pense que 7 personnes sur 10 m’ont dit d’être patient, d’attendre. J’ai attendu pendant plus d’une saison. Il y a eu beaucoup de changements au sein des clubs de National et de Swiss League et pas une seule porte ne s’est ouverte. Je veux montrer que je reste actif, et que je suis toujours disponible. Les clubs voudront quelqu’un assis dans son salon ou quelqu’un qui travaille? Je me sens plus à l’aise de travailler que de rester chez moi en essuyant des refus.

Ressentez-vous aussi un certain manque?

Le côté humain ainsi que le défi étaient intéressants, et je pense que le club et moi gagnons à collaborer. Cela me permet également de rester dans la région, ce qui n’est pas négligeable dans une carrière dans laquelle on voyage beaucoup. Je n’ai aucun problème à bouger, d’autant plus qu’un entraîneur reste rarement dans un coin où il a été congédié, mais ma vie se situe ici depuis 15 ans.

Que prévoit votre contrat si une équipe professionnelle vous appelait?

Si une opportunité se présente, je pèserai le pour et le contre. Je voulais une option me permettant d’être libre. Pendant mes années à La Chaux-de-Fonds et à Porrentruy, je m’étais bloqué des possibilités. Là, je suis dans une ligue amateur dans laquelle les joueurs sont engagés professionnellement ou au niveau scolaire. Les activités n’ont pas lieu en journée, mais le soir. Mon équipe n’est pas disponible 7 jours sur 7 comme les pros. C’est un peu différent au niveau du temps.

Avec votre passé de clubiste, resteriez-vous dans l’Arc jurassien?

Il ne faut jamais dire jamais, et je pense qu’il y a toujours une possibilité. Je pense avoir fait du bon travail, et si un jour l’occasion se présente je n’ai rien contre. Mais je doute que cela se produise de sitôt. C’était de longues parenthèses, et c’est bien de vivre d’autres expériences.

Même au sein d’une ligue qui n’est pas professionnelle?

D’une certaine manière, cela montre un peu d’humilité. Dans n’importe quelle ligue de hockey, le travail doit se faire. La visibilité n’est pas identique partout, mais même les plus petits échelons ont besoin d’entraîneurs qui ont de l’expérience. Cela donne de la crédibilité à ces organisations, et me permet à moi de me relancer.

À quoi vous attendez-vous en MyHockey League?

La ligue est vraiment attractive. Beaucoup de joueurs de Swiss League descendent car ils trouvent des emplois intéressants et prennent la décision de diminuer le hockey sur glace. Il y a même des joueurs de National League qui connaissent cette trajectoire. Cet été, il y a eu beaucoup de mouvements. Cela va rehausser le niveau.

Et au niveau de notre équipe?

Je pense qu’on va en étonner plus d’un.

Ton opinion