JournalismeL’Ukraine au centre des Prix Bayeux des correspondants de guerre
La journaliste vaudoise Maurine Mercier (RTS – France Info) a remporté, en radio, le prix du comité du débarquement pour un reportage en Ukraine.
Le Prix Bayeux des correspondants de guerre a récompensé samedi en grande partie la couverture de l’invasion russe de l’Ukraine, tandis que cette 29e édition a également mis en lumière la situation en Afghanistan et en Afrique.
Les reportages sur l’invasion russe de l’Ukraine, à l’exception du Burkina Faso pour la presse écrite, se sont adjugé tous les premiers prix de cette 29e édition, où l’Afghanistan occupait également une place centrale. Lauréat en photo avec Evgeniy Maloletka d’Associated Press (AP) pour leur reportage sur la maternité bombardée de Marioupol, Mstyslav Chernov (Prix image vidéo) a rendu hommage aux populations civiles du conflit: «il ne s’agit pas ici tant de journalisme que des victimes».
«Le journalisme sera toujours moins important que les gens qui souffrent, nous avons pu sortir de Marioupol, tout le monde n’a pas eu cette chance, il était primordial que le matériau original puisse sortir avec nous», a-t-il poursuivi. Le visage grave, Evgeniy Maloletka a lui salué le fait que «l’espoir de l’Ukraine soit visible», il est «très important que les journalistes parlent» de l’invasion.
«Ma ville natale, Berdiansk, est occupée, je rentre du front et cette zone est détruite, il y a déjà eu trop de sang versé, il est temps de mettre fin à ce conflit», a-t-il ajouté, avant que le public se lève pour les applaudir. Le prix photo du public va également à un photoreporter d’AP, Vadim Ghirda.
«Le courage, c’est ceux qui témoignent qui l’ont»
En presse écrite, le premier prix du jury international est décerné à Mariam Ouedraogo pour son reportage au Burkina Faso «Axe Dablo-Kaya: la route de l’enfer des femmes», aux éditions Sidwaya, qui décrit le terrible voyage de femmes violées dans l’étau d’une route en proie à deux groupes terroristes. En duplex depuis Ouagadougou, émue, elle a lâché dans un sourire avoir «peur de faire une crise d’asthme, tant (elle ne s')attendait pas à recevoir ce prix».
Le Prix Ouest France Jean Marin est revenu à Nicolas Delesalle pour «Ukraine, le convoi de la dernière chance» publié dans Paris Match, où l’histoire d’une mère qui doit choisir qui envoyer à l’étranger et sauver parmi les siens.
En télévision, Théo Maneval et Pierre Dehoorne s’adjugent le premier prix Amnesty International pour «Viktor et le baiser de la guerre» en Ukraine pour France 5, où l’on suit un père et son fils ukrainiens qui se sont cachés trois jours durant sous leur maison pour échapper à l’occupant russe. Le prix grand format va à Philip Cox du «Guardian» pour «Le spiderman du Soudan».
Côté radio, le jury international a décerné le prix du comité du débarquement à Maurine Mercier (France Info – RTS) qui avait recueilli le témoignage d’une mère et sa fille sur «deux semaines de viol et de terreur à Boutcha», à nouveau en Ukraine. «Le courage, c’est ceux qui témoignent qui l’ont» a-t-elle déclaré, dans un silence de cathédrale après que les 1200 personnes présentes sous le chapiteau du pavillon de Bayeux aient entendu ces témoignages glaçants.