HumeurLa semaine de quatre jours ou des quatre jeudis
Voilà une grande idée pour une initiative populaire! Si l’on en croit un article de la presse dominicale, la semaine de quatre jours payée à 100% aurait la cote. Mais quelle belle vie ce serait…
- par
- Eric Felley
Dieu a créé le monde en six jours et le septième il se reposa. Longtemps la semaine de travail de six jours s’est calquée sur l’histoire de la Genèse dans l’Ancien Testament. Puis, dans la deuxième moitié du XXe siècle, le monde du travail a grignoté un jour supplémentaire, le samedi. Aujourd’hui, dans l’immense majorité des cas, la semaine de travail est de cinq jours, qui correspondent à un emploi à 100%. Chaque jour représente donc 20%.
Selon un article de la «SonntagsZeintung», certaines entreprises sont tentées de passer à la semaine de quatre jours pour un emploi rémunéré à 100%. La productivité et la compétitivité n’en souffriraient pas trop. Qui refuserait une telle offre? On sait les Suisses très attachés à leur travail, au point de refuser des vacances supplémentaires, mais quand même: quatre jours de boulots intensifs et trois jours de libre, trois grasses matinées, trois jours de sports, de loisirs, de randonnées ou de petits voyages. Quelle belle vie ce serait!
Chaque journée vaudrait 25%
On peut rêver. La semaine de quatre jours résonne encore comme la semaine des quatre jeudis dans la tête de nombreux patrons. L’expression date du XVe siècle, quand le jeudi représentait le jour où l’on pouvait manger à volonté selon les préceptes religieux. La semaine des quatre jeudis a traversé les siècles pour continuer de signifier quelque chose d’impossible. Mais celle des quatre jours a peut-être un avenir! Chaque journée de travail vaudrait 25%. Et, en travaillant à 75%, ce ne serait plus que trois jours de travail pour quatre de repos.
Si les syndicats helvétiques cherchent de l’inspiration, ce devrait être leur objectif du siècle. Il ne serait pas difficile de trouver 100 000 signatures en Suisse pour déposer une initiative populaire dans ce sens. Ensuite, évidemment, ce serait une autre paire de manches pour gagner face aux thuriféraires du travail. Le Conseil fédéral n’en voudra pas, le Parlement non plus. Mais le peuple? Il s’en fera une religion… Dieu créa la Suisse en quatre jours et, les trois derniers, il se reposa.