FootballJean-François Collet: «Non, je ne vais pas me casser»
Pris en grippe par les ultras, le boss de Xamax est régulièrement la cible du noyau dur de la Maladière. Est-il affecté par les critiques? Comment les encaisse-t-il? Il s’en explique avant la venue de Bellinzone.
- par
- Nicolas Jacquier
S’il y a bien quelque chose qui ne change pas à la Maladière, c’est l’aversion que nourrissent les ultras de Xamax envers le propriétaire du club neuchâtelois. Dénonçant en des termes peu amènes la politique de Jean-François Collet, celui-ci demeure leur cible favorite comme devait le démontrer la récente banderole qui a fleuri dans le kop.
Lors du match de reprise (1-1 contre Baden), les ultras avaient ainsi «invité» le boss de Xamax à «se casser» sans autre forme de procès. Ces critiques répétèes touchent-elles celui qui en est régulièrement la cible? «Ces critiques viennent des mêmes personnes qui insultent l’arbitre ou les adversaires... A partir de là, je relativise. Donc je ne vais pas m’exiter pour une banderole, peu importe son contenu.»
Comme il le dit lui-même, Jean-François Collet a pris l’habitude de composer avec. Ce qu’il fait sans (trop) sourciller. «Ma chance, reprend-il, c’est que je ne fais pas ça pour être aimé. Si cela avait été le cas, j’en souffrirais sans doute davantage. C’est surtout délétère pour le club. En fait, cela affecte davantage mon entourage, notamment les sponsors et les clubs de soutien qui s’engagent financièrement, que ma propre personne.»
Dialogue inutile
Pris en grippe depuis son arrivée à Neuchâtel à l’automne 2019, l’ancien patron du LS avait au départ cherché à privilégier le dialogue avec le noyau dur des supporters. Une tentative de rapprochement auquel il a désormais renoncé après s’être rendu compte de l’inanité de ses efforts. «Au début, se souvient-il, c’est vrai que j’allais encore discuter avec eux. Quand vous vous retrouver devant cinq ou six d’entre eux, ce sont toujours des agneaux. Après, quand ils se retrouvent tous ensemble, c’est l’effet de meute qui l’emporte…»
Aussi notre interlocuteur a-t-il préféré s’en faire une raison. «Si tu n’es pas prêt à subir ce genre d’attaques, il ne faut pas aller dans le milieu du foot et vouloir y rester. Dès l’instant où j’accepte le principe de la liberté d’expression, il faut vivre avec. Moi-même, je n’ai pas la prétention de faire tout juste. Le dernier épisode est lié à la vente de Surdez. Les gens pensent que je me suis fait plein de fric sur ce transfert. Mais pas un sou n’est allé dans ma poche. L’argent est allé dans les caisses de Xamax.» Et qu’importe si d’aucuns, au sein de son club, le considèrent comme le président le plus détesté du pays. «Si je gère le club ainsi, se défend-il, c’est pour continuer à le faire vivre afin d’afficher, le moment venu, d’autres ambitions en envisageant un retour en Super League.»
Développement du club
Quatre ans et demi après le rachat de Xamax, le boss de la Maladière peut d’ailleurs mesurer le chemin parcouru. «Bingelli avait déjà fait des choses fantastiques. On a continué à développer le club dans plein de secteurs, à l’image de notre Académie. Il nous manque uniquement les résultats, peut-être la seule chose qui intéresse les gens. Au-delà du classement, je vois davantage la globalité.» Pour répondre à ses détracteurs, le Vaudois nous a précisé que «non, je ne vais pas me casser» avant de convenir: «Le jour où je partirai, ce jour-là, je me ferais vraiment démonter.»
En attendant, devant l’incroyable resserrement des positions en Challenge League, il y a une situation comptable en championnat qu’il convient d’améliorer. Après le couac de Vaduz le week-end passé (défaite 5-3 après avoir été mené 5-0), la réception de Bellinzone, ce vendredi soir, doit permettre à Xamax (5e) de reprendre ses distances avec la place de rélégué dorénavant occuppée par Baden. «On doit faire en sorte de se rassurer, conlut son patron. Hormis Sion et Thoune, toutes les équipes, à des degrés divers, sont encore concernées par la lutte pour le maintien. A nous de nous en éloigner au plus vite.»
Pour le reste…