Diplomatie – Les dirigeants de l’UE resserrent les rangs face à Pékin et Washington

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DiplomatieLes dirigeants de l’UE resserrent les rangs face à Pékin et Washington

Les dirigeants de 27 pays de l’Union européenne se sont retrouvés en Slovénie mardi, pour la première fois depuis la crise des sous-marins.

Emmanuel Macron salue Angela Merkel, mardi 5 octobre 2021 à Brdo, en Slovénie.

Emmanuel Macron salue Angela Merkel, mardi 5 octobre 2021 à Brdo, en Slovénie.

AFP

Quelle place pour l’Europe face aux deux superpuissances rivales que sont les États-Unis et la Chine? Après l’Afghanistan et la crise des sous-marins, les dirigeants de l’UE se sont retrouvés mardi en Slovénie pour la première fois, avec la volonté de renforcer leur influence.

Les 27 chefs d’État et de gouvernement ont échangé jusque tard dans la nuit autour d’un dîner au château de Brdo, non loin de la capitale Ljubljana, à la veille d’un sommet informel consacré à l’élargissement aux pays des Balkans.

«Tirant les leçons des récentes crises, nous sommes déterminés à consolider nos atouts» et à «réduire nos liens de dépendance», a résumé dans un communiqué le président du Conseil européen Charles Michel, après plusieurs heures de discussions.

«Être clairs»

À son arrivée, le président français Emmanuel Macron, encore ébranlé par la rupture du mégacontrat d’achat de sous-marins français par l’Australie, a appelé les Européens à «être clairs» avec eux-mêmes. Clairs «sur ce que nous voulons pour nous, pour nos frontières, pour notre sécurité».

Au menu du dîner, une question centrale: comment «travailler de bonne foi avec les partenaires historiques» de l’UE tout en «accroissant indépendance et souveraineté», a-t-il souligné. Avant de partir pour la Slovénie, Emmanuel Macron avait pu s’expliquer avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken, de passage à Paris.

Au sein de l’Union européenne, les pays nordiques et baltes exhortent toutefois à la prudence, insistant sur la préservation de la relation transatlantique. «L’UE ne peut pas se refermer sur elle-même», a commenté le Premier ministre suédois Stefan Löfven, cité par l’agence de presse nationale TT, souhaitant «développer la coopération à la fois avec la Chine et les États-Unis».

Joe Biden, soucieux de donner des gages après cet épisode, a qualifié l’UE de «partenaire fondamental» dans une conversation téléphonique lundi avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, selon la Maison-Blanche.

Bouleversements géopolitiques

L’affaire des sous-marins est intervenue quelques semaines après le retrait chaotique de l’armée américaine d’Afghanistan en août, qui a relancé la réflexion sur l’autonomie des Européens. La création d’une force européenne de réaction rapide de 5000 militaires est en discussion depuis plusieurs mois et le récent fiasco afghan a relancé le débat en soulignant les carences militaires du Vieux-Continent, la France menant la charge.

«Les événements récents sont les symptômes de profonds changements géopolitiques. En réponse, nous devons développer notre capacité à agir», a commenté sur Twitter le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Il ne s’agit pas de choisir «entre une défense européenne et l’Otan», mais de combiner «les deux», a précisé Charles Michel dans un tweet. Depuis Washington, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, avait critiqué un peu plus tôt les efforts pour créer des structures «concurrentes» de l’Otan, au risque d’affaiblir et de diviser l’Alliance atlantique.

L’énergie rapidement évoquée

Les relations avec la Chine ont aussi été évoquées, Emmanuel Macron rappelant la nécessité que «l’Europe parle avec une voix qui soit sa voix», et pas forcément à l’unisson de Washington. La chancelière allemande Angela Merkel, qui participe à l’un de ses derniers rendez-vous au sommet après 15 ans de domination de la scène européenne, a toujours œuvré à un rapprochement avec Pékin, alors que le marché chinois est très convoité par les puissantes industries germaniques.

Mais l’accord sur les investissements conclu fin 2020 entre Bruxelles et Pékin a été suspendu sine die sur fond de tensions autour des droits humains. Autre thème du dîner, la hausse des prix de l’énergie, un sujet de préoccupation de plusieurs pays européens, de la France à la Grèce, a été brièvement abordée.

Face à cette flambée redoutée pour ses conséquences sociales, la Commission européenne devrait proposer la semaine prochaine des solutions de court terme, avec une discussion plus approfondie au sommet de l’UE des 21 et 22 octobre. En marge de la réunion, les opposants à la vaccination contre le Covid-19 ont fait entendre leur voix: plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées dans le centre de Ljubljana, la police usant de canons à eau et de gaz lacrymogène pour les disperser.

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