FootballServette est-il un YB qui s’ignore?
Dans le jeu, les Grenat reproduisent certains des principes qui ont fait l’identité bernoise. Le choc au sommet, dimanche (16 h 30 au Wankdorf) est l’occasion de se mesurer au multiple champion de Suisse.
- par
- Valentin Schnorhk
Dans les entrailles de la Huvepharma Arena, il est près de 22 heures locales jeudi. On ne pense pas encore à Young Boys, à ce déplacement de dimanche (16 h 30) au Wankdorf. Les chants émanant du vestiaire servettien traversent les murs. Une qualification pour les 8es de finale de la Conference League, avec cette victoire 1-0 sur la pelouse de Ludogorets, cela se célèbre. D’autant qu’elle a donné du crédit aux idées de René Weiler: une solidarité collective pour ce qui est de l’esprit, une volonté d’être très actif sans ballon pour ce qui est des principes.
Timothé Cognat, le buteur de jeudi à la suite d’une récupération dans le camp adverse, peut en témoigner: «A chaque match, on voit que nous sommes désormais capables d’effectuer un bon pressing, qui n’est pas exécuté bêtement, et que nous récupérons pas mal de ballons qui nous amènent souvent des buts, constate le Français. Le coach adore que l’on défende en avançant. Nous avons les joueurs pour et nous en profitons.» Cognat, 26 ans, en fait partie.
Weiler veut une équipe active
Le joueur formé à l’Olympique Lyonnais, a toujours été un maillon fort de Servette depuis son arrivée en 2018. Pour son activité, pour l’énergie qu’il peut déployer à mi-terrain, pour son importance dans les transitions. Et forcément ses qualités à la récupération. Pour les magnifier, il fallait peut-être un Servette qui défende plus haut, avec plus de volonté. Bref, un Servette qui presse.
Cet aspect-là du jeu, les Grenat ne l’avaient jamais vraiment exploré sous Alain Geiger. Sans rien enlever à l’entraîneur du renouveau servettien, René Weiler a placé beaucoup d’importance sur cette phase de jeu, sur l’idée d’avoir une équipe active. Et cela paye. En ce début d’année, Servette a marqué beaucoup de buts suite à des récupérations hautes: à Ludogorets donc, mais aussi à Yverdon ou contre Stade Lausanne.
La formation genevoise s’est imprégnée de cette idée, aussi énergivore soit-elle: «C’est très difficile de demander à l’équipe de s’économiser, consent René Weiler. Les joueurs aiment jouer ce jeu-là, mais pour être parfaits, il faudrait ne pas le faire constamment. Mais un gars comme Enzo Crivelli, c’est presque aller contre sa nature de lui demander ça. Ce pressing, il permet d’être haut, de provoquer l’erreur chez l’adversaire. L’équipe aime le faire.»
Le modèle réfuté
C’est une approche qui fonctionne bien. En Super League, Young Boys y a eu recours pour les cinq titres de champion qu’il a remporté depuis 2018. À croire que cela a inspiré les Grenat. Peut-être Weiler, aussi. Il faut dire que, sous certains aspects, l’identité que se construit Servette se rapproche de celle de son adversaire de dimanche: le 4-4-2, l’idée de verticalité, celle de s’installer chez l’adversaire avec beaucoup de densité, l’intention d’être très pressant.
«Moi, je ne m’inspire pas de comment les autres équipes jouent, réfute Weiler. Je fais selon l’effectif que j’ai à disposition.» Il faut penser que ce sont les profils des joueurs qui font ça. Et qui laissent parfois croire que, cette saison, Servette ressemble plus à YB qu’YB lui-même.