Madrid : Droits des transgenres: l’Espagne avance quand d’autres pays freinent 

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MadridDroits des transgenres: l’Espagne avance quand d’autres pays freinent

Les députés espagnols doivent adopter définitivement jeudi, une loi permettant de changer librement de genre dès 16 ans, un sujet controversé en Europe.

Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, le 2 février 2023.

Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, le 2 février 2023. 

AFP

Après des mois de débats parfois houleux au sein de la gauche au pouvoir, les députés espagnols doivent adopter définitivement jeudi une loi permettant de changer librement de genre dès seize ans, à l’heure où d’autres pays européens freinent sur ce sujet controversé. Ce projet de loi dit «transgenre» permettra aux personnes qui le souhaitent de faire changer leur genre sur leurs papiers d’identité via une simple déclaration administrative dès l’âge de 16 ans.

Il ne sera alors plus nécessaire de fournir des rapports médicaux attestant d’une dysphorie de genre et des preuves d’un traitement hormonal suivi durant deux ans, comme c’est le cas aujourd’hui pour les personnes majeures. Le texte étendra également ce droit aux 14-16 ans, à condition qu’ils soient accompagnés dans la procédure par leurs tuteurs légaux, ainsi qu’aux 12-14 ans s’ils obtiennent le feu vert de la justice.

«L’Espagne peut être fière»

L’Espagne rejoindra ainsi les quelques pays au monde autorisant l’autodétermination du genre via une simple déclaration, à l’image du Danemark, premier pays à avoir accordé ce droit en Europe, aux personnes transgenres en 2014. «L’Espagne est un pays qui peut être fier aujourd’hui, car il fait avancer les droits et devient une société meilleure», a déclaré jeudi, à la radio, la ministre de l’Égalité, Irene Montero, membre de Podemos (gauche radicale).

Le débat sur la dysphorie de genre, c’est-à-dire la détresse causée par une inadéquation entre le sexe biologique et le genre auquel s’identifie une personne, a pris de l’ampleur dans de nombreux pays ces dernières années avec l’accroissement des demandes de transition, notamment chez les mineurs. 

Prudence en Suède et en Finlande

Mais le vote en Espagne survient au moment où plusieurs pays, jusque-là en pointe sur le sujet, s’interrogent, quand ils ne font pas marche arrière. En Suède, les autorités ont ainsi décidé voilà un an de mettre fin à l’hormonothérapie pour les mineurs, sauf dans de très rares cas, invoquant la nécessité de faire preuve de «prudence». Elles viennent par ailleurs de restreindre drastiquement le recours à l’ablation des seins chez les adolescentes.

En Finlande, une décision similaire a été prise dès 2020 sur l’hormonothérapie, tandis qu’en France, l’Académie de médecine a appelé à «une grande prudence médicale» dans le traitement des jeunes patients et à «la plus grande réserve» sur les traitements hormonaux.

Controverse en Écosse

Enfin, le Royaume-Uni a bloqué le mois dernier une loi écossaise sur les droits des transgenres similaire à celle de l’Espagne, adoptée fin décembre par le Parlement d’Edimbourg au terme de vifs débats.

Cet épisode a fragilisé la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon, qui a annoncé mercredi sa démission, après une vive controverse née de l’incarcération dans une prison pour femmes d’une femme transgenre condamnée pour avoir violé deux femmes avant sa transition. 

Divisions à gauche

En Espagne, le projet de loi «trans» a suscité de profondes divisions au sein même de la gauche. Certaines féministes jugent ainsi que la notion d’autodétermination du genre met en péril des décennies de combat pour l’égalité des sexes. «Revendiquer le genre comme étant au-dessus du sexe biologique me semble être un recul», a ainsi dénoncé l’ex-numéro deux du gouvernement Sanchez, Carmen Calvo. 

«Précipité»

«Ouvrir cette porte» de la transition de genre «sans aucune restriction aux enfants me paraît précipité» et «très dangereux», a commenté pour sa part Rim Alsalem, rapporteure spéciale de l’ONU sur la violence contre les femmes, dans une interview au quotidien madrilène «El Mundo».

Lors de la session de jeudi, les députés adopteront également une autre loi créant un «congé menstruel» pour les femmes souffrant de règles douloureuses, une première en Europe. 

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(AFP)

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