Ski alpinMonney: «La Streif? De 0 à 100 km/h en quatre secondes!»
A Kitzbühel, la révélation de Wengen disputera sa deuxième descente sur le mythe. Les Valaisans Murisier et Boisset, eux, l’ont découvert cette semaine. Tous racontent leur soulagement d’arriver vivants à l’arrivée.
- par
- Sylvain Bolt Kitzbühel
«Vitesse. Saut. Virage très serré. Glace. De 0 à 100 km/h en 4 secondes.» Assis à une table près du feu du salon de son hôtel autrichien, Alexis Monney rit un peu nerveusement, lorsqu’on lui demande ce que représente pour lui la Streif. La «sensation» de Wengen, dixième sur le Lauberhorn, il y a une semaine, revient pour la deuxième fois à Kitzbühel.
Et l’espoir fribourgeois, qui a tenté de répondre aux très nombreux messages reçus, va tenter de faire mieux que l’an passé, où il avait heurté une porte sur le bas de la piste. «Là, je débarque avec un bon état d’esprit et de la confiance. Mais il y a toujours un peu plus de respect qu’ailleurs ici, en raison du mythe et de la piste!»
Malgré son expérience, Justin Murisier n’a pas non plus fait le malin en découvrant la Streif pour la première fois, mardi. «On a plus de respect en débarquant sur ce mythe du ski alpin, c’est clair, confirme le Valaisan. Au départ du premier entraînement, je ne cherchais pas à faire un chrono. Juste d’arriver en bas en vie. Mon but était d’apprendre les passages-clés de la piste. En bas, j’ai repensé aux souvenirs d’enfance, à ces mecs qui sautaient l’Hausbergkante. Ici, on se rend vraiment compte du mythe.»
«Un rêve de dévaler la Streif»
La première fois sur le serpentin glacé ne laisse pas indifférent. «Quand on met les bâtons par-dessus le portillon de départ, on voit l’écart entre la pointe des skis et la pente…ça donne une idée», sourit Arnaud Boisset, après le deuxième entraînement de jeudi. Le Martignérain a été recalé et ne disputera pas sa première épreuve de Coupe du monde. Mais l’espoir de 24 ans a savouré le mythe.
«Depuis gamin, il y a cette forme de respect mais aussi le rêve de la dévaler un jour, explique le Valaisan. J’ai tenté de me faire plaisir, mais j’étais soulagé de passer la ligne vivant, car ce sont deux longues minutes. J’ai juste entendu le bruit de ma respiration sur le chemin.»
Vendredi, Justin Murisier tentera de réaliser un «coup» sur la Streif, lui qui apprécie les pistes et les conditions difficiles. «J’ai prouvé avec ma 7e place à Bormio que ces conditions me conviennent», relève le Bagnard, impressionné par le Steilhang de la Streif, où la direction est difficile à trouver en raison de la vitesse. Inscrire son nom au classement de la Mecque des descendeurs suffit-il à en faire désormais un «vrai» descendeur?
«Non, pas encore, je pense qu’il va falloir pas mal de progrès pour être considéré comme un vrai descendeur, sourit l’intéressé. C’est clair que Kitzbühel était un but dans ma vie, voir que je n’y suis pas largué me réjouit encore plus!»