CoronavirusLa Thaïlande accueille ses premiers touristes sans quarantaine
La Thaïlande, qui dépend beaucoup du tourisme, a été frappée de plein fouet par la crise du coronavirus et la fermeture des frontières
Les premiers touristes vaccinés ont atterri lundi matin à Bangkok et sur l’île de Phuket, un espoir de renaissance pour l’industrie touristique thaïlandaise exsangue après un an et demi de verrouillage.
La pandémie de coronavirus a frappé de plein fouet l’économie du royaume, qui dépend beaucoup du tourisme et qui a enregistré l’an dernier ses pires résultats depuis la crise financière asiatique de 1997, avec une baisse de plus de 80% des arrivées de visiteurs internationaux.
À partir de ce lundi, le gouvernement autorise les voyageurs vaccinés en provenance de plus de 60 pays à séjourner en Thaïlande sans effectuer de quarantaine. L’aéroport Suvarnabhumi de Bangkok et le terminal international de Phuket (sud) ont été les premiers à accueillir les visiteurs dans le cadre de cet assouplissement, avant le reste du pays les jours suivants.
L’afflux de touristes attendu
André Winkler, un Allemand de 55 ans, qui avait l’habitude de séjourner six mois de l’année en Thaïlande pendant l’hiver, n’était pas revenu depuis le début de la crise. «Je suis ravi de retrouver le pays, les Thaïlandais, la nourriture», s’exclame-t-il après avoir franchi sans encombre l’immigration à Suvarnabhumi. Mélanie, une travailleuse sociale venue de Zurich, va, elle, s’entraîner à la boxe thaï à Phuket. «On va aussi se reposer. Il fait 10 degrés en Suisse en ce moment».
À la veille de la réouverture, les vendeurs de plage de la station balnéaire attendaient avec impatience l’afflux prévu. Avant la pandémie, Dit pouvait gagner 150 dollars (137,5 francs) par jour en louant des chaises longues et en vendant des jus de fruits. Fermé plusieurs mois, son commerce vient de rouvrir mais ne génère que 30 dollars (27,5 francs) par jour. «Nous avons dû utiliser nos économies, cultiver des légumes, pêcher des poissons pour survivre».
Cette réouverture «sera meilleure que les petits chiffres touristiques du ‘‘bac à sable’’, mais nous ne nous attendons pas à ce que toutes les chaises longues soient remplies tout de suite». Le «bac à sable» est le nom donné au programme pilote qui a permis à Phuket de rouvrir en juillet dernier aux touristes vaccinés à la condition de rester sur l’île deux semaines avant de pouvoir se rendre ailleurs en Thaïlande. Mais cela a attiré à peine 60’000 visiteurs en quatre mois, une goutte d’eau.
10 à 15 millions de visiteurs en 2022
«La chose la plus importante à laquelle le gouvernement et moi-même pensons en ce moment est de faire en sorte que les moyens de subsistance des gens reviennent à la normale», a déclaré vendredi le Premier ministre Prayut Chan-O-Cha. Le tourisme représente près d’un cinquième de l’économie et l’impact de la pandémie s’est répercuté sur divers secteurs, de la restauration aux transports.
Le retour des touristes sera progressif et les autorités tablent sur 10 à 15 millions de visiteurs l’année prochaine, encore loin du record de 2019 de près de 40 millions. Les recettes attendues pour 2022 sont d’environ 30 milliards de dollars (environ 27,5 milliards de francs). «En 2023, nous pensons qu’elles seront proches du chiffre de l’année 2019», a déclaré le ministre du Tourisme Pipat Ratchakitprakarn.
10’000 cas de Covid par jour
Mais l’industrie se veut moins optimiste, dans la mesure où les touristes chinois, principal marché pour la Thaïlande, sont toujours soumis à une quarantaine stricte à leur retour chez eux et ne devraient pas venir en masse avant de nombreux mois. De plus, le royaume enregistre encore environ 10’000 cas de Covid par jour et seuls 40% environ de la population ont reçu deux doses de vaccin. À Bangkok, ce taux est de 80%.
À la nuit tombée, sur une plage de Phuket, un trio de cracheurs et jongleurs de feu épate une dizaine de convives attablés sur le sable en réalisant des figures spectaculaires. «Nous n’avons pas eu beaucoup de travail. Pas beaucoup d’argent. J’ai un fils de quatre ans. C’est une période difficile», a déclaré un des artistes.
Mais sur l’archipel voisin de Koh Phi Phi, rendu célèbre par le film «La plage», certains craignent le retour du tourisme de masse et ses excès. «Avant, les touristes les moins fortunés venaient ici et tout ce qu’ils voulaient, c’était du sexe, de la drogue et de l’alcool», a déclaré Roger Andreu, employé dans un magasin de plongée. «Nous devons gagner de l’argent mais plus de cette façon-là».