AllemagneTest électoral pour Olaf Scholz sur fond d’angoisse
Les électeurs de Basse-Saxe ont commencé à voter dimanche pour leur parlement local, un scrutin test pour les sociaux-démocrates dans une Allemagne angoissée par l’inflation et la crise énergétique.
Les électeurs de Basse-Saxe ont commencé à voter dimanche pour leur parlement local, un scrutin test pour les sociaux-démocrates du chancelier Olaf Scholz dans une Allemagne angoissée par l’inflation et la crise énergétique.
Les 6,1 millions d’électeurs de Basse-Saxe, région du nord-ouest de l’Allemagne, doivent renouveler leur parlement jusqu’à présent dominé par une coalition du Parti social-démocrate (SPD, centre-gauche) et de l’Union chrétienne-démocrate d’Allemagne (CDU, conservateur). Ils ont commencé à voter dimanche, les bureaux de vote devant rester ouverts jusqu’à 18 h 00 (16 h 00 GMT).
Au terme d’une campagne écrasée par les enjeux énergétiques, les ultimes sondages donnent une légère avance au SPD (entre 31 et 33%), devant la CDU (28%). S’il arrive en tête, le SPD peut espérer former une coalition avec les écologistes, donnés en troisième position avec 16%, et en finir avec l’actuel attelage formé avec les conservateurs.
«Inquiétudes»
Pour le chancelier Olaf Scholz, dont la popularité est en berne et la timidité supposée face à l’invasion russe de l’Ukraine critiquée de toutes parts, une éventuelle première place serait un motif d’espoir après différents revers électoraux essuyés avant l’été dans d’autres Länder. Le successeur d’Angela Merkel peut compter sur la popularité après deux mandats de l’actuel ministre-président du Land, l’expérimenté Stefan Weil. Ce dernier a toutefois admis que cette campagne avait été «la plus difficile» de sa carrière. «Je n’ai jamais lu autant de points d’interrogation et d’inquiétudes sur le visage des citoyens», a-t-il récemment confié.
La flambée des prix de l’énergie a fait grimper l’inflation à 10% en septembre, du jamais vu depuis 70 ans en Allemagne. En plus des baisses de pouvoir d’achat et d’une récession annoncée l’an prochain, la première économie européenne craint un délitement de son tissu industriel. La hausse des prix de l’énergie constitue en Allemagne la première source de préoccupation pour près d’un sondé sur deux (49%), contre seulement 12% il y a un an, selon un récent sondage Ipsos.
En Basse-Saxe, où sont implantés une bonne partie des éoliennes du pays mais aussi le géant automobile Volkswagen, M. Weil entend accentuer le virage vers une énergie verte. La CDU, menée par l’actuel ministre des Finances du Land Bernd Althusmann, tente, elle, de surfer sur le mécontentement face à la politique menée par M. Scholz, malgré les 200 milliards mis sur la table pour amortir la hausse des prix de l’énergie.
Un scrutin test
Pour les chrétiens-démocrates, ce scrutin régional doit servir de vote-sanction contre la coalition de sociaux-démocrates, écologistes et libéraux à la tête du pays. «La campagne a été totalement occultée par le thème énergétique. Dans ce contexte, l’élection sert de sondage» grandeur nature pour le gouvernement Scholz, explique à l’AFP la politologue Ursula Münch. D’autres sujets comme les pénuries d’enseignants et de personnels soignants ou encore la diversification de l’agriculture ont à peine été abordés.
L’extrême droite en embuscade
Une divergence majeure entre candidats concerne la centrale nucléaire d’Emsland, implantée dans le Land, une des trois encore opérationnelles en Allemagne. Les conservateurs sont vent debout contre la décision du gouvernement de la fermer en fin d’année, alors que les deux autres centrales ont bénéficié d’un sursis dans le contexte de pénurie de gaz russe dont l’Allemagne était particulièrement dépendante.
Le patron de la CDU, Friedrich Merz, sous le feu des critiques après de récentes déclarations contre un supposé «tourisme social» des réfugiés ukrainiens, mise sur cette fermeture annoncée pour l’emporter. «La décision des électeurs de Basse-Saxe est un référendum sur la poursuite de l’exploitation de la centrale nucléaire» d’Emsland, indispensable selon lui «pour que 10 millions de foyers puissent continuer à être approvisionnés en toute sécurité».
Dans ce contexte anxiogène, c’est le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) qui pourrait tirer son épingle du jeu. Il a rassemblé plusieurs milliers de partisans lors d’une manifestation contre les hausses de prix, samedi à Berlin. Dans les sondages, il est crédité d’environ 11%, soit près du double de son score obtenu en 2017 (6%). Un bon score de l’AfD, pourtant minée par les divisions, exprimerait «un vote de protestation dont on pensait jusqu’à il y a quelques mois qu’il ne concernait que les Länder de l’est de l’Allemagne», relève Mme Münch.