PollutionMadrid dévoile un plan de 400 millions pour sauver la mer Mineure
Cette lagune étouffe littéralement sous l’effet des nitrates. Le gouvernement espagnol entend strictement encadrer l’agriculture, en interdisant notamment l’irrigation illégale.
Le gouvernement espagnol a présenté, jeudi, une série de mesures pour tenter de sauver la mer Mineure, l’une des plus grandes lagunes salées en Europe, qui se meurt peu à peu en raison d’une pollution aux nitrates agricoles.
Ce plan de 382 millions d’euros (403 millions de francs) vise à freiner les pratiques agricoles mises en cause dans la pollution de cette vaste étendue d’eau salée de 135 km2, située au sud-est de l’Espagne, près de Carthagène, dans la province de Murcie.
Poissons à l’agonie
«La crise environnementale de la mer Mineure est insoutenable, les dommages doivent être arrêtés immédiatement», a affirmé la ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera, lors d’une visite de la zone, afin de dévoiler les mesures gouvernementales.
Les images de poissons à l’agonie, la bouche pratiquement hors de l’eau pour tenter d’aspirer un peu d’air, tandis que leurs congénères morts s’entassaient par milliers dans des paniers sur le sable, avaient, cet été, choqué l’opinion publique. Les experts avaient estimé que ces poissons étaient morts d’un manque d’oxygène, causé par les centaines de tonnes de nitrates d’engrais rejetées dans l’eau, provoquant un phénomène appelé «eutrophisation».
Mieux gérer les eaux usées
Le plan élaboré par le gouvernement de gauche, qui couvre la période 2022 à 2026, comprend notamment la fin de l’irrigation illégale, la coupure de l’approvisionnement en eau aux exploitations dépourvues de droits d’irrigation, le réexamen des permis d’évacuation des eaux usées et la surveillance des exploitations d’élevage.
Ce plan entend aussi promouvoir les projets de régénération environnementale, visant à soutenir la biodiversité dans et autour de la lagune, notamment la création d’une zone tampon de 1,5 km autour de la mer Mineure. Lors de la crise de cet été, Teresa Ribera avait accusé les autorités régionales de fermer les yeux sur les infractions commises dans le domaine agricole dans la plaine de Carthagène, une zone d’agriculture intensive entourant la lagune.
Début octobre, les ONG ClientEarth et Écologistes en action ont déposé une plainte devant la Commission européenne, au sujet de l’«incapacité persistante» de l’Espagne à protéger la mer Mineure, exigeant des «mesures immédiates».