Brexit: Dans l’impasse politique, l’Irlande du Nord bientôt de nouveau aux urnes

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BrexitDans l’impasse politique, l’Irlande du Nord bientôt de nouveau aux urnes

Le ministre britannique chargé de l’Irlande du Nord a fait cette déclaration face au manque de décisions du parlement concernant les dispositions commerciales post-Brexit.

Le ministre britannique chargé de l’Irlande du Nord Chris Heaton-Harris.

Le ministre britannique chargé de l’Irlande du Nord Chris Heaton-Harris.

AFP

Les Nord-Irlandais vont devoir voter pour la deuxième fois cette année: Londres s’est dit vendredi «dans l’obligation légale» de convoquer des élections anticipées, dans une province britannique en plein blocage politique autour des dispositions commerciales post-Brexit. Après une réunion de la dernière chance des parlementaires nord-irlandais jeudi, la date-butoir fixée par Londres est passée sans que les unionistes, qui estiment que la place de l’Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni est menacée, ne plient et n’acceptent de mettre fin à leur boycott des institutions locales.

«J’ai l’obligation légale de convoquer des élections», a déclaré à Belfast le ministre britannique chargé de l’Irlande du Nord Chris Heaton-Harris, indiquant qu’il donnerait davantage de précisions «la semaine prochaine», près de six mois après le précédent scrutin.

Le blocage politique est dû au fait que le parti unioniste DUP, opposé aux dispositions post-Brexit, refuse de participer à l’assemblée locale, empêchant la formation d’un exécutif. Ce dernier doit être partagé avec les républicains du Sinn Fein, partisan d’une réunification avec la République d’Irlande et victorieux des élections locales en mai, en vertu de l’accord de paix de 1998 qui a mis fin à trois décennies de conflit intercommunautaire (3500 morts).

Frontière

Avant même le début de la réunion à l’assemblée locale jeudi à Belfast, le dirigeant du parti unioniste DUP Jeffrey Donaldson avait douché les espoirs déjà infimes d’un compromis, affirmant sans surprise que son parti «ne participerait pas à un exécutif tant qu’aucune action décisive n’ait été prise concernant le protocole». Les unionistes (surtout protestants) réclament l’abrogation de cet accord négocié entre Londres et Bruxelles au moment du Brexit, qui instaure un statut douanier particulier à la province pour éviter le retour d’une frontière physique avec la République d’Irlande voisine. Selon eux, le protocole crée une frontière douanière de fait entre l’Irlande du Nord et le reste du pays, atteinte inacceptable à l’intégrité du Royaume-Uni, et perturbe les approvisionnements de la province.

La dirigeante du Sinn Fein Michelle O’Neill a accusé les unionistes de «nier le résultat de l’élection de mai» et de paralyser le pouvoir en pleine crise du coût de la vie. «Nous respectons le mandat qu’ont reçu les autres partis (...) nous demandons simplement que notre mandat soit respecté», s’est justifié vendredi M. Donaldson sur la BBC. «Nous ne pouvons pas en toute conscience nommer des ministres dans un exécutif auquel on demande d’imposer un protocole qui nuit à notre économie et qui nuit aux gens».

«Rien n’a avancé»

Londres veut renégocier le protocole avec Bruxelles qui n’accepte que des aménagements mineurs. Si le nouveau Premier ministre britannique Rishi Sunak a souligné qu’il voulait trouver une «solution négociée» sur la question, aucune avancée concrète n’a été mise sur la table pour le moment. «Ces six derniers mois, on a eu le chaos à Westminster, on a eu trois Premiers ministres (...) et pendant ce temps rien n’a avancé pour résoudre le problème du protocole», a déploré vendredi M. Donaldson.

Il a affirmé plus tôt cette semaine qu’il était «prêt à se lancer dans la bataille» électorale, moins de six mois après le dernier scrutin. Il a même averti que la propagande électorale du parti avait déjà été approuvée. La défaite de son parti aux dernières élections reflète une tendance de fond dans la province britannique, créée au départ pour les protestants unionistes: les catholiques, qui représentent l’essentiel de la communauté républicaine, y sont désormais plus nombreux, selon un récent recensement, ce qui est de nature à encourager les partisans d’une réunification avec la République d’Irlande.

(AFP)

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