Suisse: les armes de service augmentent le taux de suicides

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SuisseUne étude démontre que les armes de service augmentent le taux de suicides

Selon un rapport de la revue «Swiss Medical Weekly», le taux de suicides par arme à feu est trois fois plus élevé chez les hommes suisses qu’ailleurs en Europe. En cause: leur arme de service.

Le fait que des civils gardent leur arme de service chez eux entre deux cours de répétition augmenterait le risque de suicide par arme à feu.

Le fait que des civils gardent leur arme de service chez eux entre deux cours de répétition augmenterait le risque de suicide par arme à feu.

20min/Simon Glauser

Le taux de suicides par arme à feu est plus élevé chez les hommes suisses qu’ailleurs en Europe, probablement parce que les conscrits de l’armée gardent leur arme à la maison, affirme un rapport publié par la revue «Swiss Medical Weekly». L’analyse se fonde également sur plusieurs études américaines qui ont montré qu’avoir une arme à la maison augmente le risque de suicide.

Le rapport d’un chercheur de l’Université de Groningue, aux Pays-Bas, compare diverses statistiques européennes et suisses. Il se fonde notamment sur une étude comparative des modes de suicides en Europe, selon laquelle un tiers (33,6%) des suicides d’hommes est dû à des armes à feu en Suisse, contre 9,7% dans le reste de l’Europe.

«La raison probable de cet écart est l’accès facile aux armes à feu pour les hommes suisses», car les conscrits de l’armée gardent leur arme à la maison, indique-t-il dans ses conclusions.

La faute à la doctrine de défense de la Suisse

Garder son arme de service dans l’armoire familiale fait en quelque sorte partie de la doctrine de défense de la Suisse, qui repose sur sa capacité à mobiliser rapidement des milliers de réservistes armés, qui font tous les ans des cours de répétition de plusieurs semaines pendant de nombreuses années.

En guise d’argument, le chercheur souligne que l’entrée en vigueur de la réforme de l’armée, en 2003, qui a réduit ces effectifs, a permis de réduire d’environ 20% le nombre d’armes distribuées par l’armée. «Une analyse des taux de suicides avant et après la réforme a indiqué que le taux de suicides des hommes (mais pas chez les femmes) a baissé de 8%, sans aucune preuve de substitution par d’autres moyens de suicide», poursuit-il, concluant donc que la détention d’une arme à feu conduit en Suisse à un taux de suicides plus élevé.

Près de trois armes pour dix habitants

En l’absence de registre fédéral, il est difficile de connaître le nombre exact détenu par la population résidant dans le pays. Selon le centre de recherches genevois Small Arms Survey, en 2017 plus de 2,3 millions d’armes étaient aux mains de civils en Suisse, soit près de trois pour dix habitants, ce qui classait alors le pays au seizième rang mondial pour le nombre d’armes par habitant.

Pensées suicidaires? Faites-vous aider.

(AFP)

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