CorseLa manifestation en soutien d’Yvan Colonna a viré à «l’émeute»
Dimanche, une manifestation en soutien à Yvan Colonna, dans le coma après une agression en prison, a tourné à l’affrontement à Bastia, en Corse.
Après une heure, de défilé au cri de «État français assassin», la manifestation en soutien à Yvan Colonna dimanche à Bastia a viré à «l’émeute», selon le procureur de Bastia, avec un bilan final de 67 blessés dont 44 membres des forces de l’ordre.
«Des émeutes ont lieu à Bastia depuis 16h30», a expliqué à l’AFP en début de soirée le procureur de la République de Bastia, Arnaud Viornery, «et les violences se poursuivent». «Un incendie a été déclenché à l’hôtel des impôts» par les émeutiers avant d’être éteint par les pompiers, a-t-il ajouté.
La manifestation, partie à 15h00 sous une pluie fine et froide du palais de justice, s’était auparavant déroulée dans le calme. Le slogan «Statu Francese Assassinu», repris par les milliers de participants --7000 selon les autorités, 12’000 selon les organisateurs--, traduisait cependant la tension dans l’île depuis le 2 mars et l’agression de l’ancien berger à la prison d’Arles (Bouches-du-Rhône), qui l’a plongé dans le coma.
«Des émeutes ont lieu à Bastia»
«Liberta, Liberta!»: capuches sur la tête pour les plus jeunes, parapluie pour les plus âgés, toutes les générations étaient représentées dans une foule sur laquelle flottaient de nombreux drapeaux frappés de la tête de Maure, ainsi que des banderoles portant le visage de Colonna.
La colère a débordé dès l’arrivée du cortège à la préfecture à 16h00, avec des échauffourées entre les forces de l’ordre et «300 manifestants encagoulés», selon les autorités, vêtus de noir et pour certains équipés de masques à gaz, ont constaté des journalistes de l’AFP. «Ne filmez pas, salauds de Français»: pour certains, la présence des journalistes sur place n’était visiblement pas souhaitée.
Gaz lacrymogènes et canons à eau d’un côté, cocktails molotov, bombes agricoles et cailloux récupérés sur les voies ferrées de l’autre: à 20h00, «les attaques se poursuivaient dans différents secteurs du centre-ville de Bastia, avec une violence extrême», avait précisé la préfecture, selon qui des «émeutiers» auraient tiré «à de nombreuses reprises à la carabine à plomb» sur des membres des forces de l’ordre.
Ces heurts ont duré jusqu’à 22h30, selon le dernier communiqué de la Préfecture, qui avait appelé «la population du centre-ville de Bastia à éviter de sortir de chez elle».
«Aller au-delà des slogans»
Chez les manifestants, tous ne cautionnaient pas ces violences: «La manifestation c’était bien, tranquille, (…) il ne faut pas retenir que les débordements», a insisté Dominique Mannucci, 50 ans, auprès de l’AFP. De fait, l’appel officiel à la manifestation était sobre, demandant «la vérité et la justice pour Yvan, la liberté pour les patriotes et la reconnaissance du peuple corse».
Pour Gilles Simeoni, président autonomiste du conseil exécutif de Corse et ancien avocat d’Yvan Colonna, «il faut aller aujourd’hui au-delà des slogans». «La colère et l’indignation s’expriment», a-t-il concédé auprès de l’AFP, pendant la marche: «Mais ce qui compte, c’est que le peuple corse tout entier est mobilisé contre l’injustice, l’exigence de vérité et au-delà pour une véritable solution politique» entre l’État et la Corse.