BienneGestion calamiteuse d’une école professionnelle
Dans un centre de formation, l’autorité cantonale a révélé des manquements inadmissibles, ponctués par l’indemnité de départ de la directrice licenciée.
- par
- Vincent Donzé
Du copinage érigé en système? Des factures Les griefs dénoncés par les enseignants du Centre de formation professionnelle de Bienne (CFP) ont été confirmés jeudi dernier par le Contrôle cantonal des finances. Au sein du corps enseignant, le soulagement est relatif.
L’organe de contrôle n’y va pas par quatre chemins, dans un rapport de 50 pages: l’indemnité accompagnant le licenciement de l’ancienne directrice du CFP est «parfaitement illicite», comme l’a rapporté «Le Journal du Jura». Ce n’est pas tout: l’engagement de cette même directrice ne s’est pas déroulé selon le processus standard prévu par l’Office des écoles moyennes et de la formation professionnelle (OMP).
Assesseurs externes
Lorsque des assesseurs externes ont évalué les principaux candidats, ils ont relevé les lacunes potentielles de la future directrice. Problème: leur rapport n’a pas été soumis à la commission de sélection, qui l’a auditionnée sans consulter son dossier de candidature. In fine, le conseil de l’école n’a vu qu’une seule candidate.
Les premiers problèmes n’ont pas tardé au sein du personnel. L’OMP a proposé un coaching, mais le coach a été choisi par la directrice en personne… Au terme de la période d’essai, aucun entretien personnel n’a été organisé.
De l’automne 2021 au printemps 2022, l’OMP a éprouvé des doutes sur les compétences de la directrice, mais les personnes impliquées dans le processus d’engagement «n’ont pas voulu admettre que la nomination de cette directrice était une erreur».
Le même jour
Des contrôles ont révélé qu’une entreprise avait établi le même jour plusieurs factures de manière à contourner des plafonds. Ici, il manquait un contrat ou un certificat de travail, ce qui ne permettait pas le versement correct des salaires. Là, une personne a exercé au même moment deux activités, l’une principale et l’autre accessoire, facturées toutes deux.
Le service informatique ne respectait pas les budgets et travaillait sur des infrastructures obsolètes. La protection des données n’était pas garantie. Les budgets alloués n’ont jamais été respectés et des mandats ont été attribués par une responsable à son ancien employeur et à deux connaissances.
Intégralité du salaire
La directrice a été libérée de sa fonction à partir de mi-juillet 2022, mais elle a touché l’intégralité de son salaire jusqu’à fin janvier 2023, avec en prime une indemnité de départ de 70 000 francs. Un procédé jugé illégal par le Contrôle des finances: il aurait fallu signifier à la directrice son licenciement six à douze mois plus tôt, ce qui aurait permis d’économiser un salaire annuel et une indemnité illégale.
Une plainte pénale a été déposée, mais si les collaborateurs du CFP se sentent enfin entendus, mais ils ne se font guère d’illusions, selon «Le Journal du Jura». Au service informatique, la cheffe est restée, mais tous les employés sont partis: «On nous a dégoûtés, et nous n’avons pu compter sur aucun soutien», a déclaré un démissionnaire au «Bieler Tagblatt».
«Cette affaire est loin d’être terminée, et je suis très surpris qu’au canton, on n’ait pas encore coupé quelques têtes», a indiqué un enseignant au «Bieler Tagblatt». Une employée signale que depuis six mois, son salaire n’est versé qu’à 80%. D’autres constatent que les allocations pour enfants ou certaines gratifications ne leur ont pas été versées.