Football – Raphaël Wicky: «Les gens attendront de Shaqiri qu’il soit un modèle»

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FootballRaphaël Wicky: «Les gens attendront de Shaqiri qu’il soit un modèle»

Ancien entraîneur du Chicago Fire, le Valaisan évoque le football aux États-Unis. Un championnat différent, qui peut convenir au meneur de jeu.

Valentin Schnorhk
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Valentin Schnorhk
Raphaël Wicky a dirigé le Chicago Fire jusqu’en septembre dernier.

Raphaël Wicky a dirigé le Chicago Fire jusqu’en septembre dernier.

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D’ici au 26 février, date du début de la saison de Major League Soccer, Xherdan Shaqiri a encore un petit peu de temps devant lui. Pour se faire à la vie de l’Illinois, mais surtout pour prendre ses marques avec ses nouveaux partenaires du Chicago Fire, pour lequel il a signé mercredi. Pour se faire à un football différent, comme le témoigne Raphaël Wicky, ancien entraîneur de Chicago, licencié en septembre dernier. Parce que le Bâlois de 30 ans ne débarque pas totalement dans l’inconnu.

Si c’est à Chicago qu’il a atterri, c’est aussi et surtout parce que le directeur sportif n’est autre que Georg Heitz, qui occupait le même poste au FC Bâle lorsque Shaqiri y évoluait il y a une décennie. Et le propriétaire du club est Joe Mansueto, un Italo-Américain qui détient aussi le FC Lugano depuis l’été dernier. Bref, le terreau est fertile, avec un club qui mise beaucoup sur lui (il est le plus gros transfert de l’histoire du club, soit environ 7 millions de francs, et en sera un joueur désigné, soit rémunéré hors-Salary Cap). Raphaël Wicky, actuellement sans club, est convaincu de ce transfert.

Qu’est-ce que Xherdan Shaqiri va trouver à Chicago?

Déjà, c’est une superbe ville et une ville de sport. C’est la troisième plus grande ville des États-Unis, donc tous les sports majeurs y sont représentés. Pour ce qui concerne le club, il y a un super propriétaire, Joe Mansueto, qui est une magnifique personne. Et le Chicago Fire est bien dirigé par Georg Heitz, avec de bonnes valeurs et une envie de bien travailler.

Et au niveau du football? Comment a évolué la MLS?

C’est sur ce point qu’il est important que les gens changent leur opinion. Le football y a vraiment changé. Il y a encore dix ans, ce n’était que des joueurs en fin de carrière qui y signaient. Mais la Ligue a énormément évolué. Elle est devenue difficile à jouer. Elle est physique et athlétique, même si moins tactique qu’en Suisse. En revanche, elle est plus basée sur les transitions, avec un jeu beaucoup plus ouvert. C’est très intéressant. Il y a de plus en plus de bons joueurs. En ce moment, chaque semaine, il y a des transferts entre 4 et 15 millions de dollars qui se font. Le genre de sommes qui, en Europe, sont rares hors des cinq grands championnats. Ce n’est donc plus une Ligue faite pour les joueurs plus expérimentés. Il y a par exemple beaucoup de jeunes sud-américains. Par contre, il est vrai que les équipes n’ont pas 25 bons joueurs, le niveau est plus hétérogène au sein des effectifs. Mais chaque club a développé sa propre académie, donc ça progresse.

Comment est l’environnement des clubs?

Les infrastructures sont à des années-lumière en avance que ce qu’on peut connaître en Europe au niveau des centres d’entraînement. Même si, à Chicago, ce n’est pas encore le cas. Mais le propriétaire a annoncé vouloir dépenser entre 80 et 100 millions de dollars pour un centre. Et puis, tous les clubs ont investi sur les encadrements. Que ce soit au niveau du médical, de la préparation physique et mentale, sur la récupération… Il y a aussi de bons entraîneurs américains. Il ne faut pas croire que c’est un pays où ils ne connaissent pas le sport. Bien sûr, le soccer n’est pas le sport auquel s’identifient les 35-40 ans, mais la nouvelle génération grandit avec. Même si cela n’aura bien sûr jamais la tradition du football américain, du baseball ou du basket.

Comment situer la MLS en comparaison des championnats européens?

Elle vaut assurément le championnat de Suisse, le championnat belge, etc. Mais il y a une différence: en Suisse, vous avez des équipes comme Bâle ou YB qui ont un budget beaucoup plus important que d’autres clubs. Aux États-Unis, il y a 28 équipes qui ont tous le même budget. Alors, on peut y gagner chaque match, car les clubs ont les mêmes ressources. Mais on peut aussi perdre chaque match. Dans le fond, c’est difficile de comparer ce système avec le football européen.

«Shaqiri va trouver son rythme, trouver sa confiance. Il aura le sentiment d’être important, on va lui donner de la confiance. Je pense que l’effet sera très positif pour l’équipe nationale.»

Raphaël Wicky, ancien entraîneur du Chicago Fire

Mais vu cette homogénéité, comment les meilleures équipes font-elles la différence?

Ce sont surtout celles qui arrivent à utiliser le mieux l’argent pour créer un bon roster (ndlr: contingent). Ce n’est pas facile. Ce sont aussi celles qui parviennent à avoir de la continuité. Ce qui est clair, c’est que les meilleurs joueurs doivent «livrer». Si eux ne le font pas, il y a un problème. Ce sera le cas de Shaqiri. L’équipe ne dépendra pas uniquement de lui, mais il devra quand même performer. Il aura moins de pression de la part des médias, des supporters. Mais les gens attendront de lui qu’il soit un modèle, puisqu’il est Designated Player. Ce sera un peu différent de ce qu’il a connu jusqu’ici.

Le football de la MLS peut-il lui correspondre?

Je suis sûr que, s’il est en santé, il va faire du bon travail. Ses qualités sont celles qu’il faut pour être performant dans cette ligue.

Le fait de jouer aux États-Unis peut-il être vu comme un handicap en vue de l’équipe de Suisse?

Cela aurait peut-être été le cas il y a dix ans. Mais plus maintenant. C’est important qu’il joue. Il va trouver son rythme, trouver sa confiance. Il aura le sentiment d’être important, on va lui donner de la confiance. Je pense que l’effet sera très positif pour l’équipe nationale. Histoire d’arriver en très bonne condition pour la Coupe du monde à la fin de l’année.

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