Crise sur l’EssequiboVenezuela et Guyana ouvrent «des canaux de communication»
Alors que la communauté internationale s’inquiète au sujet de la région pétrolière disputée de l’Essequibo, le Venezuela et Guyana ont ouvert «des canaux de communication».
La communauté internationale s’inquiète de la tension croissante entre Venezuela et Guyana sur l’Essequibo, la région riche en pétrole en dispute entre les deux pays qui ont cependant assuré mercredi avoir ouvert des «canaux de communication».
Ajoutant à cette tension, un hélicoptère de l’armée guyanienne avec sept personnes à bord qui opérait dans la zone de la frontière a disparu, a annoncé en soirée le chef d’état-major guyanien, Omar Khan qui, a toutefois ajouté que «nous n’avons aucune information suggérant» une intervention vénézuélienne. Il a précisé que la météorologie était «mauvaise» mais confié que «nous envisageons toutes les possibilités». Les recherches reprendront jeudi. Le général a aussi confié: cela «ajoute de l’angoisse dans la période que nous traversons».
Depuis le début de la crise, les deux pays procèdent à d’importantes manœuvres militaires dans la zone de la frontière. Commentant la situation générale, Washington a estimé: «C’est préoccupant, nous suivons cela de très, très près». «Nous ne voulons évidemment pas qu’il y ait de violence ou de conflit», a déclaré le porte-parole du Conseil national de sécurité américain, John Kirby.
De son côté, l’ONU «soutient fermement l’utilisation de moyens exclusivement pacifiques pour régler les différends internationaux», a réagi mercredi Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général Antonio Guterres. Il a toutefois rappelé que «les décisions de la Cour internationale de justice (CIJ)» qui a demandé vendredi aux deux pays de «s’abstenir de toute action susceptible d’aggraver le différend» sont «contraignantes», se disant «convaincu que les deux États se conformeront dûment à l’ordre de la Cour».
Le Venezuela ne reconnaît pas la CIJ dans cette affaire, exigeant un règlement négocié à partir d’un accord signé en 1966 avec le Royaume-Uni juste avant l’indépendance du Guyana. La Chine a, elle, demandé aux deux pays de résoudre leur différend «de manière correcte», tandis que l’armée brésilienne a annoncé mercredi un renforcement de sa présence à ses frontières avec le Guyana et le Venezuela.
Caracas revendique depuis des décennies l’Essequibo (parfois appelé Guayana Esequiba), territoire de 160’000 km2 représentant plus des deux tiers du Guyana et où vivent 125’000 personnes, soit un cinquième de sa population. Caracas est devenu plus pressant depuis la découverte d’importantes réserves de pétrole par ExxonMobil en 2015.
Contact renoué
Après des échanges acerbes, les deux pays ont renoué le contact mercredi avec un appel téléphonique entre le ministre des Affaires étrangères (guyanien) Hugh Todd et vénézuélien Yvan Gil «pour discuter de la question du différend territorial», selon un communiqué du ministère vénézuélien. Les deux pays «sont convenus de garder les canaux de communication ouverts», ajoute le texte.
Ce rapprochement contraste singulièrement avec le communiqué diffusé à peine cinq heures plus tôt par le même ministère des Affaires étrangères vénézuélien. Caracas y accusait le président guyanien Irfaan Ali d’avoir donné «d’une manière irresponsable» le «feu vert» à l’installation de bases militaires américaines dans l’Essequibo.
La tension était montée d’un cran mardi avec des annonces des présidents des deux pays. Le président vénézuélien Nicolas Maduro a préconisé la création d’une zone militaire spéciale près de la frontière et ordonné au géant public PDVSA d’accorder des licences d’exploitation de pétrole dans l’Essequibo, sous administration guyanienne.
Le président Ali a réagi, mardi dans la soirée. «Il s’agit d’une menace directe pour l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance politique du Guyana» a-t-il déclaré, soulignant que son armée était en «alerte totale» et accusant le Venezuela d’être une «nation hors-la-loi» et «un risque important pour la paix et la sécurité».
«Peu probable»
Pour Mariano de Alba de l’International Crisis Group (ICG), Nicolas Maduro cherche à mettre la «pression sur le gouvernement guyanien pour qu’il s’assoie et négocie». «À court terme, la rhétorique de confrontation va se poursuivre, mais en même temps, je considère qu’un conflit armé est peu probable», poursuit l’expert, avertissant que «toute erreur» dans ce contexte pourrait provoquer une escalade rapide.
Nicolas Maduro s’appuie sur le référendum organisé au Venezuela dimanche. Selon les chiffres officiels -- contestés par de nombreux observateurs -- quelque 10,4 millions d’électeurs vénézuéliens ont participé à la votation et 95% se sont dits favorables à l’intégration de l’Essequibo au pays.
Le Venezuela soutient que le fleuve Essequibo doit être la frontière naturelle, comme en 1777 à l’époque de l’empire espagnol. Le Guyana estime, de son côté, que la frontière date de l’époque coloniale anglaise et a été entérinée en 1899.