Jura – Le drame de Courfaivre porté au Tribunal fédéral

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JuraLe drame de Courfaivre porté au Tribunal fédéral

Le fils de Mélanie K., tuée il y a deux ans pas son mari fauconnier, fait recours contre une décision du Tribunal cantonal.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé
Avant une marche blanche à Courfaivre (JU), le 25 octobre 2019.

Avant une marche blanche à Courfaivre (JU), le 25 octobre 2019.

Lematin.ch/Vincent Donzé

Le drame de Courfaivre est devenu un combat contre tous les féminicides. Dernier épisode révélé par «Radio Fréquence Jura»: le fils de Mélanie K., tuée il y a deux ans par son mari fauconnier, fait recours contre la décision du Tribunal cantonal de ne pas poursuivre la procureure accusée d’homicide par négligence.

Avocat des trois enfants et des deux sœurs de Mélanie, Frédéric Hainard représente dans cette procédure le fils de la victime. Les sœurs de Mélanie ne sont juridiquement pas habilitées à formuler un recours, une démarche réservée aux personnes «personnellement touchées», à l’exclusion des frères et sœurs.


Pour rappel: la Chambre pénale des recours du Tribunal cantonal a considéré qu’entre le moment où la procureure a libéré le mari menaçant et où ce dernier a poignardé son épouse avant de se suicider, la responsabilité de garant n’était plus entre ses mains.

Autorité fédérale

Selon «RFJ», le fils conteste «le fait qu’on ne reproche pas à la procureure d’avoir manqué à ses devoirs». Frédéric Hainard résume sa démarche: «Il faut absolument qu’une autorité fédérale examine si, dans notre pays, on peut encore vivre des féminicides comme celui de Courfaivre sans que rien ne se fasse du côté de la justice».

Avant le drame, cela faisait trois mois que Mélanie envisageait de quitter son mari sans avoir jamais osé le lui dire. Le vendredi 11 octobre 2019, elle lui a annoncé qu’elle ne l’aimait plus. Le carnage est l’œuvre du seul Christophe K., lequel ne pouvait envisager l’idée d’une séparation.

«Dans la République et canton du Jura, la procureure n’avait aucun outil pour apprécier la dangerosité de l’auteur alors que la Suisse et l’Europe prescrivent d’utiliser des outils plus modernes», a précisé Frédéric Hainard sur «RFJ».

Mari jaloux


Frédéric Hainard réclamait le renvoi de la procureure et de l’inspecteur principal devant un tribunal sous l’inculpation d’homicide par négligence, sachant que le fauconnier menaçant n’a pas été mis hors d’état de nuire après une première agression.

La procureure aurait-elle dû ordonner une mise en détention du fauconnier? «Il est hasardeux de prétendre qu’une meilleure prise de conscience de la réalité des faits aurait conduit à un autre résultat», a estimé le procureur Pierre Aubert, en classant cette procédure. Selon lui, le fait que Christophe K. n’ait pas été retenu le dimanche soir n’a pas joué de rôle dans sa prise de décision du lundi.

Le procureur extraordinaire a estimé qu’un renvoi devant un tribunal de la procureure et de l’inspecteur principal sous la prévention d’homicide par négligence, voire d’omission de prêter secours, «ne pourrait conduire qu’à un acquittement». Un raisonnement adoubé par la Chambre pénale des recours.

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