Guerre en Ukraine: Malgré le conflit, les Ukrainiens établis en Suisse peuvent acheter des armes

Publié

Guerre en UkraineMalgré le conflit, les Ukrainiens établis en Suisse peuvent acheter des armes

Pour l’instant, les autorités fédérales n’ont pas constaté de trafic suspect ni de conflits entre Russes et Ukrainiens sur le sol suisse. Un armurier émet pourtant des craintes.

Image d’illustration.

Image d’illustration.

Adrian Moser

Un ressortissant ukrainien établi dans le canton de Zurich et au bénéfice d’un permis C a récemment commandé un fusil de chasse à un armurier bernois. Tous les papiers nécessaires à cet achat sont en règle, dont un permis d’acquisition signé par la police zurichoise, mais le commerçant se dit malgré tout inquiet que l’arme et des munitions puissent être impliquées au final d’une manière ou d’une autre dans le conflit russo-ukrainien, écrit samedi la «Berner Zeitung». Neutralité oblige, la Suisse refuse d’exporter du matériel de guerre vers l’Ukraine et aux pays, comme l’Allemagne, qui apportent un soutien militaire à Kiev.

Dans le doute, le marchand d’armes a contacté les autorités zurichoises, qui lui ont confirmé que le permis délivré était bien conforme. Pas de quoi rassurer totalement l’armurier, qui se demande encore si la Confédération ne devrait pas être plus stricte.

Interdire serait «discriminatoire»

La police fédérale (Fedpol) est claire à ce sujet: «Interdire à tous les ressortissants ukrainiens d’acquérir des armes en raison de leur nationalité serait discriminatoire» tant qu’aucun abus n’est constaté. La vente d’armes est pourtant interdite aux ressortissants de huit pays en Suisse, dont l’Algérie, la Turquie, le Kosovo et la Serbie, peut-on lire sur le site de la Confédération. Deux critères principaux sont pris en compte pour édicter une telle restriction:

  • Des confrontations d’ordre ethnique ou politique entre les parties au conflit se sont produites en Suisse ou le risque que de telles confrontations se produisent est élevé.

  • Des armes à feu ont été introduites illégalement dans ces zones de conflit depuis la Suisse.

Fedpol dit avoir examiné la situation depuis l’invasion russe le 24 février. Résultat: le risque de conflit entre Russes et Ukrainiens sur le sol helvétique n’a pas augmenté et «rien n’indique pour l’instant» que des armes ou des munitions aient été achetées à des Ukrainiens ou des Russes qui auraient acquis du tel matériel en Suisse.

La police fédérale précise qu’en cas de vente suspecte d’une importante quantité de munitions, elle pourrait intervenir pour empêcher la transaction. Ces arguments n’ont apparemment pas convaincu le commerçant bernois, qui dit hésiter encore à honorer la commande de son client ukrainien tant que la guerre se poursuit.

Facile d’acheter 10’000 cartouches

Il y a des chances que l’acquisition de grandes quantités de munitions passe inaperçue auprès de Fedpol, écrit la «Berner Zeitung», qui constate que l’achat de 10’000 cartouches n’est pas inhabituel en Suisse. Une entreprise de Burgdorf propose par exemple sur Instagram un rabais de 23% à l’achat d’une telle quantité de munitions. Selon l’armurier bernois, il n’existe pas non plus de registre centralisé des achats et des ventes de munitions en Suisse; il serait donc, à son avis, assez facile de passer commande dans plusieurs régions en même temps sans éveiller les soupçons des autorités.

Ne ratez plus aucune info

Pour rester informé·e sur vos thématiques préférées et ne rien manquer de l’actualité, inscrivez-vous à notre newsletter et recevez chaque jour, directement dans votre boîte mail, l’essentiel des infos de la journée.

(jba)

Ton opinion