Interruption volontaire de grossessePour des Américaines voulant avorter, l’aide vient du Mexique
Avec la révocation du droit à l’avortement, la situation devient très compliquée pour les Américaines. Soit elles peuvent avorter dans un État qui l’autorise, soit bénéficier du soutien d’ONG au-delà de la frontière.
![Les Américaines voulant avorter mais n’ayant pas les moyens de le faire dans leur pays peuvent s’adresser à Bloodys, une ONG mexicaine active à Tijuana, qui fait partie d’un réseau transfrontalier offrant une assistance gratuite aux femmes dans sa situation aux États-Unis. Les Américaines voulant avorter mais n’ayant pas les moyens de le faire dans leur pays peuvent s’adresser à Bloodys, une ONG mexicaine active à Tijuana, qui fait partie d’un réseau transfrontalier offrant une assistance gratuite aux femmes dans sa situation aux États-Unis.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/08/d9921aef-39fd-4d43-8f99-e6bda02ce994.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1249&fp-x=0.5&fp-y=0.500400320256205&s=95e66214b65760799c45e55fc552fb9f)
Les Américaines voulant avorter mais n’ayant pas les moyens de le faire dans leur pays peuvent s’adresser à Bloodys, une ONG mexicaine active à Tijuana, qui fait partie d’un réseau transfrontalier offrant une assistance gratuite aux femmes dans sa situation aux États-Unis.
AFPEntre coût faramineux et pressions pour tenter de la dissuader d’avorter dans la pourtant très libérale Californie, une jeune femme américaine d’origine mexicaine a pu interrompre sa grossesse non désirée grâce à l’aide d’un collectif féministe mexicain.
«On est censé vivre dans un pays libre, dans un État où l’on peut fumer légalement de la marijuana, mais où l’avortement reste encore tabou», se désole la jeune femme de 31 ans, quelques jours avant que la Cour suprême des Etats-Unis n’invalide, vendredi, le droit d’avorter.
L’emblématique arrêt «Roe v. Wade», qui, depuis 1973, garantissait le droit des Américaines à avorter, a été révoqué, la majorité des juges l’estimant aujourd’hui «totalement infondé». Les gouverneurs de Californie, d’Oregon et de Washington ont déjà annoncé une initiative commune pour garantir l’accès à l’avortement.
Mille dollars
Mais même avant cette décision, c’était déjà «compliqué d’avorter si vous n’aviez pas d’argent», déclare cette mère célibataire de trois enfants, qui travaille dans un restaurant de San Diego. Il y a quelques mois, elle s’était rendue dans deux cliniques, une privée et une autre dirigée par une congrégation religieuse. L’interruption volontaire de grossesse (IVG) lui était facturée 1000 dollars, une somme qu’elle ne possède pas.
Les religieuses «ne voulaient pas que je me fasse avorter, elles m’ont dit qu’il y avait d’autres options, que je pouvais le donner pour qu’il soit adopté. Mais j’étais déterminée, désespérée, il n’était pas possible d’avoir un autre enfant», ajoute-t-elle, expliquant être tombée enceinte en raison d’un problème de pilules contraceptives.
«J’ai été surprise qu’on m’aide depuis le Mexique, je pensais que nous étions plus libéraux ici, aux États-Unis, que je n’aurais pas à me battre.»
Une amie lui a alors parlé des Bloodys, une ONG mexicaine active à Tijuana, qui fait partie d’un réseau transfrontalier offrant une assistance gratuite aux femmes dans sa situation aux États-Unis. «J’ai été surprise qu’on m’aide depuis le Mexique, je pensais que nous étions plus libéraux ici, aux États-Unis, que je n’aurais pas à me battre. Mais il ne leur a pas fallu plus d’une journée pour me dire «voilà ta solution», raconte-t-elle.
Elle a reçu par courrier de quoi réaliser son IVG médicamenteuse à domicile. L’ONG a également fourni «un suivi» par messagerie instantanée. «Ils répondaient à toutes mes questions très rapidement. Ils ont toujours été d’un grand soutien», dit-elle.
États conservateurs desservis depuis 2019
Crystal Perez Lira, membre de Bloodys, explique que depuis 2019 l’ONG fait parvenir des kits médicamenteux dans des États conservateurs comme l’Oklahoma, le Texas et la Géorgie. Elle s’attend à de nouvelles demandes depuis la décision de la Cour suprême. «C’est un énorme retour en arrière, c’est triste, mais nous aurons la volonté et les moyens de faire face», assure l’activiste.
Le statut migratoire est un autre frein qui pousse de nombreuses femmes à demander de l’aide au Mexique. «Nous sommes approchées par des femmes latino-américaines, qui peuvent ne pas se sentir totalement à l’aise d’aller dans une clinique alors qu’elles sont sans papier. On ne se mêle pas de leurs vies privées, nous ne regardons pas leur statut migratoire, ni leur nationalité», explique Crystal Perez Lira.