FootballA l’AS Roma, José Mourinho a conquis les cœurs
L’entraîneur portugais, qui affronte Servette jeudi (21 heures) à la Praille, a séduit le public romaniste depuis son arrivée en 2021.
- par
- Valentin Schnorhk - Genève
«Post Tenebras Mou». Ou comment marier Genève à l’AS Roma. Le Roma Club Genève en a fait sa devise. Référence forcément au lieu depuis lequel il parle, depuis lequel il porte les couleurs giallorosse, en l’occurrence la Cité de Calvin. Référence aussi à un homme: José Mourinho, l’entraîneur du club romaniste depuis 2021.
«Mourinho est parvenu à entrer dans l’âme des supporters, tente d’expliquer Lorenzo, membre de la direction du club de tifosi. Son caractère nous mène à le suivre. Et surtout, il a accompli quelque chose en Europe que la Roma n’avait jamais réalisé dans son histoire.»
Après les ténèbres, il y a donc eu le «Mou», aux yeux de ces supporters pour l’essentiel d’origine romaine ou, à défaut, italienne, établis au bout du Lac et qui ont choisi de se réunir officiellement depuis 2017. Parce qu’il est l’homme qui a incarné le succès européen, avec la victoire en Conference League en 2022. Il a été proche de faire le doublé avec l’Europa League la saison passée, mais la Roma s’est inclinée aux tirs au but en finale contre Séville.
Qu’importe le jeu
Dans son histoire, au niveau continental, l’AS Rome n’avait remporté qu’un titre: la Coupe d’Europe des Villes de foire (ancêtre de la Coupe de l’UEFA, laquelle avait donné lieu à l’Europa League) en 1961. Un autre temps. Reste que, sur la scène nationale, l’affaire n’est pas aussi limpide. Avec Mourinho à sa tête, la Louve a enchaîné deux 6es places de Serie A. Elle a surtout produit un jeu rarement emballant.
Mais les Romanistes s’en moquent un peu quand même. «Bien sûr, il y a une partie du public qui a de la peine à apprécier Mourinho, parce que la Roma a un jeu défensif et ce n’est pas ce qu’elle pouvait produire à l’époque de Luciano Spalletti, relève Lorenzo. Mais la majorité l’adule. Et les gens aiment l’application que peut mettre l’équipe: elle ne triche pas.»
Surtout, c’est en Coupe d’Europe que les supporters de la Roma ont décidé de vivre le plus leur passion. Comme si avec la nomination du Portugais, ils s’étaient découvert une relation particulière avec ces joutes internationales.
Un match important
Ce qu’il faut comprendre: le rendez-vous de la Praille jeudi est important pour les Giallorossi. Ce n’est pas un match «en bois», que la Roma est prête à sacrifier, avec une équipe totalement remaniée. Elle le sera un petit peu, mais il ne serait pas surprenant que Mourinho choisisse d’aligner Romelu Lukaku ou Paulo Dybala, voire les deux ensemble dès le coup d’envoi. Et cela dirait alors beaucoup des intentions de son entraîneur.
Parce que l’objectif que poursuit la Roma dans cette Europa League est de faire mieux que la saison passée. Et si elle peut se raccourcir le chemin vers la finale de Dublin, alors elle n’hésitera pas à le faire. Cela supposerait de terminer en tête du groupe, et donc de ne pas avoir à passer par les 16es de finale contre un reversé de Ligue des champions au mois de février.
Il faudra pour cela passer devant le Slavia Prague. Les deux formations ont le même nombre de points (9) et sont à égalité parfaite au niveau de la confrontation directe (chacun a remporté un duel sur le score de 2-0). La différence de buts générale fera la différence, et elle est pour l’instant à l’avantage des Tchèques: +8, contre +5 pour les Italiens. Ce sont donc les prestations de chacun contre Servette et le Sheriff Tiraspol qui décideront du groupe. Une grosse victoire jeudi faciliterait donc la tâche des Romains.
L’atout séduction
«Nous ne pensons pas au nombre de buts à mettre, mais à gagner jeudi, a insisté Mourinho en conférence de presse mercredi. Nous pourrons ensuite tout risquer au dernier match.» Ce qui a inspiré au Portugais un petit mot sur son adversaire: «La meilleure chose à faire pour Servette est de jouer avec sa deuxième équipe et de penser à son match de dimanche (réd.: contre YB), parce que nous avons besoin de gagner et de mettre des buts pour nous qualifier en tant que premiers.»
Parce que José Mourinho est aussi et surtout un séducteur. Il joue là-dessus. Et pas de raison de faire différemment à Genève, où la Roma s’est posée mercredi soir après s’être entraînée chez elle. «A la maison, Servette est très fort, a ajouté l’entraîneur de 60 ans. Notamment pendant les 20 ou 30 premières minutes du match. Ce sera difficile, mais le match sera plus important pour nous que pour Servette, qui n’aura aucun problème pour finir 3e du groupe.»
Les Servettiens ont envie de le croire. Même s’ils retiendront aussi la critique de Mourinho sur l’accueil: «La pelouse est dans un état désastreux, a-t-il relevé. On dirait que les jardiniers sont en vacances depuis trois semaines.» Les concernés apprécieront. C’est aussi ça, le «Mou». D’ailleurs, celui-ci pourra enfin diriger depuis le banc son premier match de la saison en Europa League, lui qui avait été suspendu pour les quatre premières rencontres. C’est aussi ça, le «Mou». Pour l’instant, les Romains aiment ça.