FootballLe feuilleton de la Super League: un gamin invincible, un président-entraîneur
La 22e journée de la saison a fait la promotion du gardien de Lucerne, Pascal Loretz. Mais Christian Constantin sait comment ressurgir sur le devant de la scène.
- par
- Valentin Schnorhk
On connaît la chanson. Le mois de mars n’est pas encore là que Christian Constantin a déjà éprouvé un deuxième entraîneur cette saison, même si factuellement Fabio Celestini n’a pas été licencié. Une façon de faire qui a déjà eu cours dans l’histoire récente. De quoi reconnaître la mélodie.
Dans le feuilleton de la Super League, cette 22e journée renoue donc avec des standards éprouvés. Même si, dans l’équipe-type du week-end, une grande place est faite au FC Lucerne, qui a retrouvé la victoire après trois matches nuls. Le mérite revient bien sûr avant tout au buteur sur coup franc Martin Frydek, mais l’équipe de Suisse centrale peut aussi compter sur un gardien très prometteur.
L’homme du week-end: Pascal Loretz (FC Lucerne)
Il n’a pas encore 20 ans et affiche seulement quatre matches de Super League à son compteur. Mais comment ne pas le signaler? Dimanche, lors du succès 1-0 de Lucerne contre Grasshopper, Pascal Loretz a pour la première fois de sa carrière professionnelle gardé ses cages inviolées. Cela valait bien une mention. Elle se mérite d’autant plus que, depuis qu’il a remplacé Marius Müller, Loretz n’a jamais encaissé le moindre but dans le jeu. Les quatre buts qu’il avait encaissés précédemment l’ont tous été sur des penalties.
L’intérim se déroule parfaitement. Parce que Lucerne en profite pour glaner quelques points et, surtout, il n’en perd pas. Selon les statistiques avancées, Loretz aurait dû se prendre déjà 6,4 buts. Soit 2,4 buts de plus que ce qu’il a effectivement encaissé. Les quatre arrêts qu’il a réalisés dimanche ont aussi joué dans ce court succès 1-0.
Le but: Celar pour symboliser le nouveau Lugano
Il faut parfois un peu de vide pour que les meilleures idées germent. La constance et la progression diront si Lugano a profité de ses nombreuses absences pour faire évoluer avec succès son approche, mais il y a depuis deux matches des éléments intéressants dans la formation de Matti Croci-Torti. Après avoir surpris Young Boys la semaine dernière par un comportement sans ballon très audacieux, les Tessinois ont été cette fois proches de battre Bâle à domicile grâce à une superbe première mi-temps, au terme de laquelle ils menaient 2-0.
Un avantage qui résultait d’une icée très claire: il y avait toujours l’ambition d’un pressing intense dans le camp adverse, mais Lugano y a ajouté une filière très verticale avec le ballon. Un jeu direct mais maîtrisé qui a notamment permis de se créer plusieurs occasions et d’inscrire deux buts, dont celui de Zan Celar. Le Slovène a profité de l’ouverture de Roman Macek, après que celui-ci a profité d’une remise de Steffen suite à une transmission déjà verticale de Doumbia. On regrettera simplement le Lugano plus attentiste après la pause, qui a laissé Bâle revenir au score.
Sous la loupe: à YB, un losange qui n’en est plus un
La maxime est suffisamment répétée pour qu’on y accorde un petit peu d’attention: l’important, ce n’est pas le système, mais l’animation. Ce n’est pas faux. Mais le système détermine des positions de base desquelles les joueurs bougent, que l’équipe ait ou non le ballon. À Young Boys, depuis le début de saison, on a pris l’habitude de présenter l’équipe dans un système en losange. Une présentation qui colle de moins en moins à la réalité.
Déjà parce que, avec ballon, YB a l’habitude de faire décrocher celui qui est numéro 10 sur le papier à hauteur du milieu défensif. Ainsi, contre Zurich, Kastriot Imeri est le plus clair du temps venu se placer à côté de Cheikh Niasse pour initier les actions bernoises. Comme Fabian Rieder le fait depuis plusieurs mois, sachant que c’est lui qui a le plus souvent été aligné à ce poste cette saison. De quoi avoir une animation qui ressemble plus à un 4-4-2 (ou 4-2-2-2) en phase offensive.
Mais sans ballon, le losange n’est plus une norme. Notamment face aux équipes qui jouent à trois défenseurs centraux. C’était le cas de Grasshopper il y a quelques semaines, et Young Boys avait défendu en 4-1-4-1, avec les ailiers pour sortir sur les défenseurs centraux excentrés adverses. Rebelote contre Zurich samedi. Dans cette approche, le rôle de Joël Monteiro était le plus flexible: l’attaquant doit se comporter comme un milieu relayeur, en se plaçant à hauteur d’Imeri sur une ligne de quatre pour soutenir Cedric Itten.
Une façon sans doute de bloquer l’axe, mais également de contrôler plus facilement la largeur, chose qui peut faire défaut avec un losange. Surtout lorsqu’il s’agit d’affronter des équipes qui évoluent à trois défenseurs, avec deux extérieurs. Reste que cela n’a pas permis à YB de prendre trois points au Letzigrund cette fois-ci.
Le feuilleton permanent: le FC Sion
Tout cela était bien prévisible. Christian Constantin sera donc sur le banc en Coupe de Suisse contre Lugano mercredi. Fabio Celestini, comme tant d’autres avant lui, paye ses résultats et son incapacité à mettre en état de marche un groupe qui manque de cohérence. La défaite 4-0 contre Saint-Gall ne semble être qu’un symptôme de cette équipe qui n’a pas de ligne directrice.
Que va faire Constantin pour redonner un semblant d’âme à son équipe? La dernière fois qu’il s’était mis sur le banc – c’était en mars 2021 pour deux derbies contre Lausanne, puis Servette, il n’avait pas réinventé la roue. Son Sion, disposé en 3-5-2, s’était surtout appliqué à défendre du mieux possible, quitte à laisser complètement la balle à l’adversaire et à tenter d’exploiter les contre-attaques. Cela avait fonctionné contre le LS, beaucoup moins contre Servette. Et contre Lugano?