TélécomsAccord entre Huawei et Ericsson, un pied de nez à Washington
Le géant chinois des télécoms Huawei a annoncé vendredi le renouvellement d’un accord de licence avec le suédois Ericsson pour utiliser réciproquement leurs technologies.
L’annonce prend la forme d’un pied de nez à Washington pour le groupe chinois Huawei. Le géant des télécoms a fait savoir vendredi qu’il prolongeait un accord sur la reconnaissance de brevets avec le suédois Ericsson. Huawei est depuis plusieurs années au centre d’une intense rivalité technologique entre la Chine et les États-Unis, qui le soupçonnent d’espionnage au profit de Pékin, ce que la firme conteste. Des sanctions de Washington coupent depuis 2019 l’entreprise chinoise des chaînes d’approvisionnement mondiales en composants et technologies américaines, ce qui a fortement fragilisé sa branche smartphones et contraint le groupe à trouver d’autres relais de croissance. Les États-Unis font par ailleurs pression sur leurs alliés pour proscrire tout équipement Huawei pour leur réseau 5G, arguant que Pékin pourrait se servir des installations du groupe pour surveiller les communications et trafics de données d’un pays.
Utilisation réciproque des technologies
En dépit des tensions géopolitiques, Huawei et Ericsson entendent «partager les innovations technologiques de pointe», s’est félicité dans un communiqué Alan Fan, responsable de la propriété intellectuelle chez Huawei. «Cela apportera aux consommateurs de meilleurs produits et services», a-t-il estimé dans un communiqué. «Grâce à cet accord, Huawei et Ericsson peuvent ménager beaucoup d’efforts en recherche et développement», a de son côté souligné Emil Zhang, responsable Europe de Huawei pour la propriété intellectuelle. Les termes et la durée de cet accord «à long terme», qui couvrent les appareils grand public et les infrastructures de réseaux, n’ont pas été précisés. Le précédent accord de licence entre les deux groupes datait de 2016.
Inconnu du grand public quelques années plus tôt, Huawei ambitionnait alors de détrôner Apple et Samsung pour devenir le premier vendeur de smartphones au monde «dans trois ou quatre ans». Huawei est brièvement devenu en 2020 le numéro un mondial du secteur. Les sanctions américaines ont depuis forcé la marque à se recentrer stratégiquement sur des secteurs comme les logiciels, les appareils connectés, l’informatique d’entreprises ou les véhicules intelligents. Malgré sa mise à l’écart des technologies américaines, Huawei pourrait produire dès cette année ses propres puces pour téléphones 5G, selon des informations de presse que l’entreprise refuse de commenter.