FootballC’était Blazevic: «Meilleur journaliste d’Europe, mon ami!»
Avec son inimitable accent, Miroslav Blazevic n’avait pas son pareil pour attirer l’attention. Il savait aussi flatter son vis-à-vis comme personne.
- par
- Nicolas Jacquier
Il était de la race des Seigneurs, mais sans doute était-il aussi un peu «camelot» sur les bords, ce qui devait contribuer à renforcer sa légende. Miroslav Blazevic, qui vient de s’éteindre à presque 88 ans, campait un délicieux personnage, jamais avare de petites phrases croustillantes et d'anecdotes savoureuses. Chaque rencontre en sa compagnie s’avérait la garantie d’un moment de complicité où le journaliste que nous étions s’effaçait pour devenir un confident. Entre deux bouffées de cigarette, le «Blaze» n’avait pas son pareil pour nous vendre sa sauce – qu’importe si la recette s’avérait parfois moins goûteuse que celle espérée.
Une proximité qu’il entretenait également par téléphone. Adorable, Blazevic savait se rendre toujours disponible. Pour nous, l’homme au képi, celui-là même qui avait conduit la Croatie jusqu’en demi-finale lors de la Coupe du Monde 1998 disputée en France, était toujours là, prêt à discuter. Voilà qui nous change de la génération actuelle, avec des joueurs qui, désormais aussi en Challenge League, doivent parfois d’abord en référer à leur manager avant d’avoir l’autorisation de s’exprimer. Quand il ne s’agit pas de se voir notifier au préalable les questions…
Bref, Blazevic, c’était une autre époque, un autre temps, souvent merveilleux. Dans sa communication, il avait pourtant tout compris. Outre le fait d’être immédiatement considéré comme faisant partie de son clan, l’homme savait flatter son auditoire. Que cela soit en Suisse ou chez lui en Croatie, nous en avons d’ailleurs maintes fois fait l’expérience: avec sa gouaille et son accent inimitable dont il avait su faire un atout, Blazevic ne terminait jamais une discussion ou une interview par téléphone en nous gratifiant d’un élégant: «Meilleur journaliste d’Europe, mon ami!»
On ne l’a évidemment jamais cru. Mais Blazevic était suffisamment fier de sa trouvaille - et mariole comme il est bon de savoir l’être - pour répéter sa tirade à chacun de nos confrères!
Reposez en paix M. Blazevic, meilleur sélectionneur…