FranceRéclamé par l’Ukraine, Jevago se défend d’être un oligarque
Devant la justice française, le richissime homme d’affaires ukrainien Kostiantin Jevago s’est dit victime d’une «affaire politique» dans son pays.
Le richissime homme d’affaires et ancien député ukrainien Kostiantin Jevago, interpellé le 28 décembre à Courchevel (Savoie) dans le cadre d’une demande d’extradition pour «infractions financières», a affirmé jeudi qu’il était victime d’une «affaire politique» dans son pays. «C’est vraiment une affaire politique. J’ai toujours combattu les gens corrompus en Ukraine», a déclaré M. Jevago, dans des propos traduits par une interprète, à la barre de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Chambéry. Cette dernière a renvoyé au 19 décembre, l’examen de la validité de la demande d’extradition, faisant droit aux deux avocats de l’ancien député, qui ont mis en avant une grande quantité de pièces à traduire.
La chambre de l’instruction doit par ailleurs se prononcer ce jeudi après-midi sur la demande de remise en liberté de l’homme d’affaires, actuellement détenu sous écrou extraditionnel à la maison d’arrêt d’Aiton (Savoie).
«Je ne mérite pas cela»
Âgé de 48 ans - il en aura 49 samedi - l’actionnaire majoritaire de la société minière Ferrexpo, cotée à Londres, s’est aussi défendu d’être un oligarque: «Ce n’est pas vrai, j’ai toujours combattu contre eux, et l’injustice. Aujourd’hui, je paye pour cela» et «je ne mérite pas cela». Affirmant avoir demandé «quinze fois» une audience depuis trois ans pour s’expliquer avec la justice ukrainienne, qui lui reproche d’avoir détourné 113 millions de dollars de sa banque Finance and Credit Bank, ayant fait faillite en 2015, il a clamé sa confiance dans la «justice française et ses fondements démocratiques».
Résident à Dubaï, il s’est dit prêt à retourner en Ukraine «non pas pour aller en prison, mais pour combattre les agresseurs» russes. «Je ferai tout ce que vous demanderez», en cas de remise en liberté, a-t-il assuré à la présidente de la chambre, Danielle Raynaud.
Ex-adversaire de Zelensky
Ses avocats, Me François Zimeray et Étienne Arnaud, ont fait valoir des «garanties de représentation» à l’appui de leur demande: un bail d’un an d’un appartement à Paris et une preuve de location d’un autre à Chambéry, ainsi qu’un cautionnement allant jusqu’à 1 million d’euros. L’avocat général, Richard Pallain, a rejeté, lui, cette demande. Ces hébergements ne sont «que de circonstance», a-t-il affirmé. Puis, s’adressant à la présidente après avoir évoqué les «moyens très importants» de M. Jevago et par conséquent du risque éventuel de fuite: «Vous êtes garante de la possibilité qu’il soit remis aux autorités ukrainiennes».
Selon Forbes, l’homme d’affaires pèse aujourd’hui 1,3 milliard de dollars, contre 2,3 milliards l’année précédente. M. Jevago a été député de la Verkhovna Rada, le Parlement ukrainien, de 1998 à 2019, tantôt en tant qu’indépendant, tantôt dans le camp de l’ancienne Première ministre Ioulia Timochenko. Il a été battu aux législatives par un candidat du parti de Volodymyr Zelensky.