Coronavirus – Semaine de la vaccination: l’OFSP accusé de plagiat

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CoronavirusSemaine de la vaccination: l’OFSP accusé de plagiat

Notre dessinateur Valott estime que la campagne nationale a repris sans vergogne sa croix en sparadraps. L’OFSP rétorque que la différence est nette.

Michel Pralong
par
Michel Pralong
La croix en sparadraps de l’OFSP en haut et celle créée par Valott et sous copyright depuis 2006.

La croix en sparadraps de l’OFSP en haut et celle créée par Valott et sous copyright depuis 2006.

OFSP et Lehmann et Vallotton

Une campagne a pour but de faire parler d’elle. Mais celles pour la vaccination contre le coronavirus commandées par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) ont surtout soulevé questions et critiques, à défaut d’avoir prouvé leur efficacité. Sans compter que toutes ont été confiées à une seule et même agence, la bernoise Rod, ce qui n’a pas manqué d’interroger.

Et voilà un nouveau pavé dans la mare, qui concerne cette fois la communication spécifique de la Semaine de la vaccination, qui a eu lieu du 8 au 14 novembre. L’agence avait choisi de la symboliser par une croix suisse faite de deux sparadraps. On pouvait déjà s’interroger sur le message que cela voulait faire passer. Un sparadrap, c’est plutôt pour soigner un bobo; sous-entendait-on que le Covid en était un? Ou cela avait-il un rapport avec le sparadrap mis après la piqûre du vaccin (mais il n’y en a qu’un et pas deux)? Pourquoi ne pas alors avoir carrément fait une croix suisse formée par deux seringues? C’était peut-être trop effrayant. Mais cela aurait sans doute mieux valu, car le problème, c’est que cette croix en sparadraps est… protégée par un copyright.

Dessinateur de «24 heures» et du matin.ch

Ses droits appartiennent en effet à Valott, comme l’explique «24 heures», pour lequel le Vaudois dessine. L’artiste, qui signe également ses «Tableaux noirs» chaque semaine pour lematin.ch, avait eu l’idée dès le début des années 2000 de décliner la croix suisse de plein de manières différentes. Le tout a été réuni dans un livre intitulé «Swiss Touch», signé sous son vrai nom, Jaques Vallotton, avec son associé d’alors Bertrand Lehmann.

«Ces croix ont également été déclinées sur des sacs, des t-shirts. Et nous avons décidé d’y mettre un copyright car quand les gens reprennent votre travail, c’est rarement par admiration mais souvent pour se faire de l’argent avec». Et la croix suisse en sparadraps est sous copyright depuis 2006. Valott est désormais seul à en détenir les droits et il a été pour le moins surpris lorsqu’il a découvert la campagne de l’OFSP:

Il a donc d’abord manifesté son étonnement sur sa page Facebook le 9 novembre (en mettant que sa croix datait de 2007, mais le copyright est bien de 2006). Puis a envoyé un mail à l’OFSP pour lui signaler la chose et trouver un moyen de régler le problème. L’Office lui répond… qu’il n’a pas le temps de lui répondre.

Suit alors le 22 novembre un recommandé pour «violation de la propriété intellectuelle» adressé à Alain Berset et au président de la Confédération Guy Parmelin, qui exige de cesser sous 24 heures d’utiliser ce visuel en attendant de trouver un accord entre les parties. Mais là encore, la réponse signée «Équipe Covid-19» est que le Conseil fédéral ne peut pas répondre personnellement à tout citoyen qui l’interpelle.

Parler de plagiat est «exagéré»

Mais l’OFSP a toutefois répondu quand «24 heures» lui a posé la question: «Le visuel utilisé par l’OFSP se distingue nettement du modèle mentionné. Il n’y a aucun risque de confusion avec le logo de l’artiste vaudois», dit Grégoire Gogniat, porte-parole. «Parler de plagiat ou de vol d’idées est exagéré, même s’il s’agit de la même idée que quelqu’un avait déjà eue en 2006», ajoute-t-il. Et de préciser encore que l’agence Rod ne connaissait pas le logo de Valott et qu’après tout, une croix en sparadraps est un symbole courant.

Ce qui fait bondir Valott, comme il nous l’explique. «C’est la moindre des choses pour une agence de vérifier si le visuel qu’on va utiliser existe déjà et s’il est protégé ou non. Ensuite, dire que la croix en sparadraps, c’est banal… on se demande alors pourquoi l’OFSP a payé une fortune pour cette campagne. Et si, au contraire, on juge l’idée brillante, alors il faut verser des droits à celui qui l’a eue: moi»

Le dessinateur regrette que le droit d’auteur soit si peu pris en considération dans notre pays, même par un office comme l’OFSP. «Je me suis permis de leur envoyer un rappel de la loi suisse qui précise notamment que «sont considérées comme attitudes relevant du plagiat, les pratiques d’un individu qui: s’approprie le travail d’autrui en le présentant comme le sien» ou encore «reprend l’idée originale d’un auteur sans en mentionner la source». Maintenant, avec mon avocat, nous nous réservons le droit de donner à cette affaire toutes les suites qu’elle appelle».

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