Canton de BerneCentres de retour: conditions de vie inquiétantes pour les enfants
Les centres de retour d’Aarwangen, de Bienne et de Champion offrent des conditions de vie «préoccupantes» pour les jeunes, selon la Commission nationale de prévention de la torture.
- par
- Christine Talos
Des centres délabrés aux infrastructures vétustes. Des familles qui s’entassent dans des espaces restreints et des enfants qui n’ont pas de place pour jouer. Telles sont les conditions de vie dans les centres de retour pour requérants déboutés à Aarwangen, Bienne et Champion (Gampelen), dans le canton de Berne. Des conditions qui préoccupent la Commission nationale de prévention de la torture (CNPT), fait-elle savoir jeudi dans un communiqué.
La CNPT critique plus particulièrement les centres d’Aarwangen et de Bienne. Plusieurs jeunes et leurs petits frères et sœurs vivent parfois depuis des années avec leurs parents dans une même pièce où ils dorment, mangent, jouent et le plus souvent font aussi leurs devoirs, explique-t-elle. La commission a même visité un couple avec deux enfants qui vivaient tous ensemble dans une pièce de 14 m2, dénonce-t-elle.
Pas compatibles avec l’ONU
En outre, la réglementation des heures de présence quotidiennes obligatoires, strictement imposée, fait qu’il est très difficile pour les parents, les enfants et les jeunes d’entretenir des contacts suivis avec des personnes en dehors de la région où se trouve le centre, ajoute la commission, qui s’est rendue entre les mois de mai et d’août 2021 dans les établissements bernois à l’occasion d’un examen régulier.
«Ces conditions ne sont pas compatibles avec la Convention de l’ONU relative aux droits de l’enfant», selon Regula Mader, présidente de la commission. Elles contreviennent au droit des enfants à des conditions de vie adéquates et au droit au repos et aux loisirs, ainsi qu’au droit de se livrer au jeu et à des activités récréatives propres à leur âge, affirme-t-elle. Elle recommande par conséquent au canton d’héberger les familles dans des appartements.
Femmes pas en sécurité
Par ailleurs, après avoir discuté avec les femmes des trois centres visités, il ressort qu’elles ne se sentent pas en sécurité dans les parties communes, particulièrement la nuit. Les toilettes et les douches ne sont pas clairement séparées par sexes dans tous les centres, et ne sont pas toujours suffisamment protégées, explique la commission. Qui recommande dès lors aux centres d’héberger les femmes et les jeunes filles à l’écart des hommes célibataires.
La commission se dit toutefois consciente des difficultés que rencontrent les autorités et le personnel des centres de retour lorsqu’ils hébergent des personnes sous le régime de l’aide d’urgence et faisant l’objet d’une décision de renvoi exécutoire. Elle salue les efforts du canton de Berne pour améliorer leurs conditions de vie depuis l’été 2021, moment de cette visite de contrôle.
Pour rappel, le centre de Bienne-Boujean ne pourra plus servir de centre de retour. La ville de Bienne a refusé, fin novembre, la prolongation de l’exploitation du centre composé de nombreux conteneurs.