Loi sur les «agents étrangers»Nouvelle vague de dissolution d’organisations au Nicaragua
Après une première vague mardi, le Parlement nicaraguayen a retiré jeudi la personnalité juridique à 96 ONG, en vertu de la loi sur les «agents étrangers».
Le Parlement nicaraguayen a retiré jeudi la personnalité juridique à 96 ONG, cette nouvelle vague de dissolution d’entités portant à 440 le nombre d’associations, organisations ou entreprises accusées de violation de la loi sur les «agents étrangers» de 2020.
L’Observatoire pour la Protection des droits de l’homme a dénoncé dans un communiqué «une attaque contre la société civile» visant à «éliminer toute vision sociale et politique» contraire à celle du gouvernement du président Daniel Ortega.
Loi des «agents étrangers»
Parmi les entités sanctionnées jeudi figure notamment le Centre d’Études Internationales que dirigeait Zoilamerica Ortega Murillo, fille d’un premier mariage de Rosario Murillo, l’actuelle vice-présidente et épouse de Daniel Ortega.
Zoilamerica Ortega Murillo a fui en exil après avoir accusé en 1998 son beau-père, Daniel Ortega, d’agressions sexuelles. La dissolution des 96 organisations, dont des entreprises et des instituts de recherches scientifiques et technologiques a été votée par 75 des 91 députés du Parlement, dominé par les partisans de Daniel Ortega.
Selon le ministère de l’Intérieur, qui présentait la demande de dissolution, les organisations dissoutes «ont violé et n’ont pas respecté leurs obligations» légales et ont «fait obstacle au contrôle et la surveillance» auxquels elles sont astreintes par la loi des «agents étrangers».
Seconde vague
Cette loi de 2020 impose à toute personne ou entité recevant des fonds de pays extérieurs de s’enregistrer auprès du ministère de l’Intérieur. Le texte prévoit également un contrôle pointilleux des comptes et la suppression de droits civiques et politiques.
C’est la seconde vague de dissolutions d’organisations prononcées cette semaine après celle, mardi, de 83 associations et ONG, dont l’Académie nicaraguayenne de la langue espagnole, équivalente de l’Académie française, vieille de près d’un siècle.
Selon le décompte effectué par des organisations des droits de l’homme, un total de 440 entités (ONG, entreprises, associations, organisations humanitaires…) ont été à ce jour dissoutes par les autorités nicaraguayennes.
Coup d’État
Le gouvernement les accuse de recevoir des fonds de l’étranger pour fomenter un coup d’État avec le soutien des États-Unis. Le député Filiberto Rodriguez, l’un des chefs de file des députés du parti sandiniste au pouvoir, a annoncé que d’autres organisations allaient encore être dissoutes.
En 2018 Daniel Ortega a été confronté à une vague de manifestations. Celles-ci ont été réprimées dans le sang avec un bilan d’au moins 355 morts, des dizaines de milliers d’exilés et des centaines d’emprisonnement, selon la Commission interaméricaine des droits de l’Homme (CIDH).
Daniel Ortega, un ex-guérillero sandiniste âgé de 76 ans a été élu en novembre 2021 pour un quatrième mandat consécutif lors d’un scrutin d’où étaient absents tous ses adversaires potentiels de poids, ceux-ci ayant été arrêtés ou contraints à l’exil.