FranceBygmalion: Sarkozy de retour mercredi devant la justice
En septembre 2021, l’ancien président de la République, jugé pour avoir dépassé le plafond légal de dépenses de sa campagne, avait été condamné à un an de prison ferme. Il avait fait appel.
Le dossier dit «Bygmalion», sur le financement présumé illégal de la campagne présidentielle perdue de Nicolas Sarkozy en 2012, revient mercredi devant la cour d’appel de Paris, nouvelle étape dans un agenda judiciaire chargé pour l’ex-chef de l’Etat.
En septembre 2021, l’ancien président de la République, jugé pour avoir dépassé le plafond légal de dépenses de sa campagne, avait été condamné à un an de prison ferme, la peine maximale alors prévue par la loi.
Il avait aussitôt annoncé son intention de faire appel, considérant cette condamnation «injuste» et en promettant d’aller «jusqu’au bout».
Contrairement à ses coprévenus, Nicolas Sarkozy n’est pas mis en cause pour le système de fausses factures lui-même, imaginé pour masquer l’explosion des dépenses de sa campagne (près de 43 millions d’euros, alors que le plafond légal était de 22,5 millions).
Douze anciens cadres de la campagne, de l’UMP – aujourd’hui devenue Les Républicains – ou de la société Bygmalion, seront eux rejugés pour complicité de «financement illégal de campagne», mais aussi pour faux, escroquerie, abus de confiance ou complicité de ces infractions.
Au premier procès, le tribunal avait estimé qu’ils avaient pris part, à divers degrés, à la mise en place d’un système de double facturation.
Dix d’entre eux ont fait appel de leur condamnation pénale, tandis que deux autres contestent uniquement les dommages et intérêts qui leur ont été infligés.
Rivalités politiques
Un treizième prévenu, également reconnu coupable en première instance, n’a pas fait appel. Une filiale de Bygmalion, Event & Cie, avait également été condamnée.
Révélé deux ans après la défaite de Nicolas Sarkozy, le scandale avait entraîné des déflagrations politiques en série à droite.
A l’audience de première instance, seuls quatre mis en cause, dont Jérôme Lavrilleux, directeur adjoint de la campagne de 2012, avaient reconnu une responsabilité.
Nicolas Sarkozy avait lui nié en bloc, assurant que s’il y avait bien eu «des fausses factures et des conventions fictives», «l’argent n’(avait) pas été dans (sa) campagne». Selon lui, Bygmalion – fondé par des très proches de son rival Jean-François Copé – s'était «goinfré».
Sa défense avait aussi fait valoir que le dépassement du plafond légal avait déjà été sanctionné par le Conseil constitutionnel, qui avait rejeté ses comptes de campagne en 2013, et ne pouvait donc être de nouveau jugé.
Cet argument, rejeté par le tribunal correctionnel, devrait être à nouveau soutenu devant la cour d’appel, selon une source proche du dossier.
Un autre prévenu, Guillaume Lambert, l’ex-directeur de campagne, demandera lui, comme en première instance, l’ouverture de nouvelles investigations pour éclairer le rôle de l’ancien patron de l’UMP Jean-François Copé, blanchi dans cette affaire, a indiqué à l’AFP l’un de ses avocats, Rémi Lorrain.
Professionnels avertis
Dans son jugement, le tribunal avait pointé les «sommes extrêmement conséquentes» en jeu et des faits commis par «des professionnels avertis» pour justifier les peines – jusqu’à un an et demi de prison ferme.
Concernant Nicolas Sarkozy, il avait estimé que l’ancien locataire de l’Elysée (2007-2012) avait «poursuivi l’organisation de meetings» électoraux, «demandant un meeting par jour», alors même qu’il «avait été averti par écrit» du risque de dépassement légal, puis du dépassement effectif.
Pour ce nouveau procès, prévu pour durer près de cinq semaines, il sera défendu par Thierry Herzog, son avocat de longue date, déjà présent en première instance, et par Vincent Desry. Joints par l’AFP, ils ont indiqué ne pas souhaiter faire de déclarations avant l’audience.
L’ex-chef de l’Etat, âgé de 68 ans, devrait être présent pour les temps forts du procès, après s’être fait épingler pour son absence en première instance par le parquet. Il ne s’était alors déplacé que le jour de son interrogatoire et la procureure y avait vu une «totale désinvolture», démontrant que le prévenu s’estimait «au-dessus de la mêlée».
Nicolas Sarkozy, qui comparaîtra en 2025 pour les soupçons de financement libyen de sa précédente campagne présidentielle, celle, victorieuse, de 2007, vient par ailleurs d’être mis en examen, début octobre, dans le volet de cette affaire lié à la rétractation de l’intermédiaire Ziad Takieddine.